J'ai hésité à classer cet article. On pourrait croire que c'est une oeuvre culturelle que de simplifier un discours pour aider les élèves à préparer le bac philo, mais là on a atteint un simplisme infantilisant et en retard sur Oedipe.
Après Cyprien j’ai regardé le Coup de Phil…Même procédé scénique que Cyprien. Quand une idée rapporte pourquoi se gêner ? En 5 minutes notre jeune Phil a le temps de verser dans plusieurs genres…sauf celui de la clarté. Regardons ce qu’il a fait sur l’allégorie de la caverne extrait de la République de Platon, qui est en peu de mots si on veut faire court, un récit qui donne à comprendre la sortie des préjugés.
Sur un ton « jeune » et caricature de banlieue, notre pseudo-professeur enchaîne les topoi, du jeune avec sa capuche qui ferme ses oreilles au discours (il y a de quoi d’ailleurs), au « grec » dans la caverne pour faire la fête, en passant par un humour scatologique, manifestant sans doute une rétention du savoir. Certes Parménide avait dit au jeune Socrate qu’il y a des idées de tout y compris la crasse et le cheveu. ..mais la traduction qu’en fait notre jeune acteur est à la limite. Associer Machiavel à la Planète des Singes » - même si on peut tirer le texte vers le haut, en y voyant un jeu poétique (singe-sage )mais ce serait vain.
Mêlées à ce prétendu "rire" qui révèle plus un vide qu'un contenu réel, soudain, des tentatives pour rejoindre le discours de la philosophie. Là cela devient aride, sec et on tourne en rond. De quoi fragiliser les jeunes gens déjà inquiets par une matière qui résiste comme toute matière. Au lieu de lui prêter forme il cultive la confusion.
Que d'assurance devant lui-même. La femme est le double de l'homme, et l'ambiance est au premier degré d'une mentalité de bizutage. Le prof est bizuté bien sûr, mais les jeunes aussi réduits à des caricatures.
Les idées de Platon deviennent tautologie, par des répétitions, un discours vide, circulaire. La politique de Machiavel est prétexte à des contresens, mais surtout ce discours de l'autosatisfaction est plus proche de la décharge pulsionnelle que de l'humour...
une sorte de réglement de compte cette émission. Mais avec qui? Sérieusement on peut se demander si ce n'est pas des jeunes futurs bacheliers dont se moque le créateur de ces infantilismes. Infantilisme? Oui, car il suffit d'entendre les blagues pour se dire qu'il y a derrière tout cela un gain financier certes, mais surtout l'entretien du refus de la réalité.
Je disais création...retirons ce mot car ce n'est pas de la création. Il n'y a nul imaginaire porteur de force créatrice. Tout au plus des propos démagogiques qui entretiennent un rapport difficile avec les enseignants de philosophie. Le numérique doit être trié ou du moins, ne nous taisons plus devant la bêtise.
Maryse Emel
Dernière modification le samedi, 06 juin 2015