L’analyse de ce rapport très complet nous confirme l’étendue du dérèglement climatique que nous subissons déjà et nous éclaire sur ce qui nous attend pour les prochaines années
Températures
2024
L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, la température moyenne mondiale à la surface du globe est supérieure de 1,55 °C (± 0,13 °C) par rapport à la valeur de référence de 1850-1900. Des températures record ont été observées presque partout sur terre, notamment sous les tropiques, en Amérique du Nord, en Afrique du Nord, en Europe et dans certaines régions d’Asie.
Chaque année de la décenie 2015-2024 a été individuellement la plus chaude jamais enregistrée, principalement en raison de la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone qui est à son plus haut niveau depuis 800 000 ans : 420 ppm* soit 51% dr plus qu’en 1970. On rappellera qu’une fois produit le CO2 a une rémanence d’environ 100 ans. * ppm : partie pour million
Continuer à brûler des énergies fossiles (pétrole, gaz charbon) ne fera qu’aggraver la situation.
L’année 2024 a aussi été marquée par des effets délétères du réchauffement climatique : inondations dévastatrices en Algérie, en Australie, en Chine, en Europe centrale en France, au Ghana, dans le golfe persique, en Inde…, et feux de forêt destructeurs en Amérique du Nord (Canada), en Amérique latine (Brésil, Bolivie, Pérou), en Afrique (République démocratique du Congo, Cameroun), en Asie (Indonésie, Laos)…
Prévisions 2025-2029
Les températures moyennes mondiales devraient atteindre ou rester proches des niveaux des records de la dernière décennie avec une valeur qui devrait être supérieure de 1,2 °C à 1,9 °C à la moyenne des années 1850-1900.
Il est probable (p= 86 %) que la température moyenne mondiale dépasse de 1,5 °C la moyenne de 1850-1900 pendant au moins un an entre 2025 et 2029 et il est probable (p = 70 %) que la moyenne quinquennale 2025-2029 dépasse de 1,5 °C la moyenne de 1850-1900.
Il est probable (p = 80 %) qu’au moins une année entre 2025 et 2029 sera plus chaude que l’année la plus chaude jamais enregistrée (actuellement 2024).
Le réchauffement à long terme (moyenne sur plusieurs décennies) reste inférieur à 1,5 °C. Toutefois, bien que cela soit « exceptionnellement improbable », il y a dorénavant, une probabilité non nulle (1 %) qu’au moins une des cinq prochaines années dépasse 2 °C de réchauffement.
N’oublions pas que chaque fraction de degré de réchauffement supplémentaire est de nature à intensifier :
- les vagues de chaleur qui peuvent provoquer des milliers de morts, en particulier chez les personnes âgées, les très jeunes enfants et les populations précaires,
- les sécheresses prolongées qui compromettent la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable, dessèchent la végétation et les sols et favorisent des feux de forêts, plus fréquents et plus étendus
- les précipitations qui augmentent les risques d’inondations et de glissements de terrain,
- la fonte de la cryosphère (calottes glaciaires, banquise, glaciers) qui sera présentée plus loin dans les sections « données régionales » et « Arctique et Antarctique ».
Parmi les phénomènes extrêmes survenus depuis le début de cette année on peut citer les températures anormalement fortes qui ont été observées au nord et au centre de la Chine (42,9° C en mai), aux Émirats arabes unis (51,6 °C en mai). Le Pakistan a été traversé par des vents meurtriers, après une vague de chaleur intense ( pic à 48° le 12 juin. En Suisse l’effondrement du glacier du Birch a ensevelit 90 % des habitation du village de Blatten le 28 mai dernier.
Données régionales
Entre 2020 et 2024
Des températures anormalement élevées ont été relevées partout dans le monde à l’exception du Pacifique tropical oriental et de quelques régions d’Amérique du Sud, d’Australie et d’Inde. Elles étaient plus importantes aux hautes latitudes de l’hémisphère nord, en particulier dans l’Arctique, et généralement plus importantes sur terre que sur l’océan, sauf dans le Pacifique Nord.
L’Asie, où vivent plud 4 milliards de Terriens, se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne planétaire et la fonte des glaciers s’y est accélérée plus encore que dans le reste du monde. la diminution des chutes de neige en hiver et la chaleur estivale extrême qui a sévi dans le centre de l’Himalaya et le Tian Shan ont eu un effet dévastateur : 23 des 24 glaciers de cette région ont subi une perte de masse, entraînant une augmentation des risques tels que les crues dues aux débordements des lacs glaciaires et les glissements de terrain, ainsi que des menaces à moyen-long terme pour la sécurité de l’approvisionnement en eau.
Prévisions régionales pour 2025-2029
Les prévisions pour la moyenne des cinq prochaines saisons prolongées, de l’OMM sont présentées sur deux périodes : de mai à septembre et de novembre à mars.
Pour la moyenne des périodes de mai à septembre, les modèles de température prévus pour les années 2025-2029 montrent une forte probabilité de températures supérieures à la moyenne de 1991-2020 presque partout, avec une amplification du réchauffement des terres de l’hémisphère nord.
Les prévisions de précipitations indiquent une humidité excessive au Sahel, en Europe du Nord, en Alaska et en Sibérie, ainsi et des sécheresses fréquentes dans le bassin de l’Amazone qui affecteront sa capacité de stockage du CO2
A l’exception de 2023, les 5 dernières années ont été anormalement humides en Asie du Sud. Il est probable que cette tendance se poursuive pour la période 2025-2029.
Pour la moyenne des périodes de novembre à mars sur les années 2025/26 à 2029/30 , les prévisions montrent que l’élévation des températures est probables presque partout, les températures terrestres affichant des augmentation plus importantes que les températures observées au-dessus de l’océan. Au voisinage de l’Arctique (au nord du 60e parallèle) la température moyenne de pour cette saison devrait être supérieure de 2,4 °C à la moyenne 1991-2020, soit trois fois et demie de plus que la moyenne mondiale.
Les prévisions de précipitations laissent présager des conditions plus humides que la moyenne aux hautes latitudes de l’hémisphère nord pour ces cinq prochaines saisons hivernales. La tendance est à l’augmentation des précipitations dans les régions tropicales et aux hautes latitudes par rapport à la période de référence 1991-2020, et à leur diminution dans les régions subtropicales, en particulier dans l’hémisphère sud.
Arctique /Antarctique
Brièvement nous introduirons cette Section par des élément présenté dans le rapport “2023 Year in Review”de l’OMM (mars 2025) :
- l’une après l’autre les huit dernières années ont établi un record en matière de contenu thermique de l’océan qui stocke plus de 90 % de l’énergie thermique excédentaire de la Terre due au réchauffement climatique,
- c’est lors des 18 dernières années que l’on a constaté que les 18 étendues de banquise de l’Arctique ont été les plus faibles. Les surfaces des trois banquises antarctiques les plus faibles ont toutes été observées ces trois dernières années.
- la plus importante perte de masse glaciaire jamais enregistrée (273 milliards de tonnes de glace chaque année) a été relevée lors des trois dernières années.
L’Arctique est la région du globe qui réagit le plus brutalement au réchauffement climatique avec une température y augmentera en moyenne 3,5 fois plus vite que sur le reste du globe. Ce phénomène s’explique par des mécanismes physiques, dont le principal est la rétroaction glace-albédo : lorsque la glace fond, on perd une surface blanche qui réfléchit l’énergie solaire. Les surfaces découvertes (eau, toundra), plus sombres, absorbent davantage de chaleur ce qui accentue. le réchauffement local.
Les anomalies concernant la banquise arctique en mars (période d’étendue maximale) indiquent d’importantes réductions prévues pour 2025-2029 dans la mer de Barents, la mer de Béring et la mer d’Okhotsk. Les modèles concordent également pour des réductions dans la mer du Groenland et la mer du Labrador. Pour la banquise arctique en septembre (étendue minimale), en 2025-2029, d’importantes réductions sont prévues pour toutes les régions normalement couvertes de glace à cette période de l’année.
Cette fonte des glaces réduit donc significativement la capacité de la région à se refroidir naturellement. Ce cycle infernal participe aussi aux perturbations des courants atmosphériques et océaniques de l’hémisphère Nord.
Pour l’Antarctique, les prévisions en septembre (étendue maximale) montrent une forte probabilité d’une banquise inférieure à la normale le long de sa limite climatologique pour 2025-2029. On observe un signal de réduction dans l’est de la mer de Ross où se trouve épaisse couche de glace permanente (500.000 km² et 600 m d’épaisseur.
Cette redistribution des régimes climatiques mondiaux impose des mesures d’adaptation dont la mise en œuvre ne sera pas simple d’autant que les régions vulnérables ne sont pas toujours celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Les prévisions régionales posent clairement la question de l’équité et de la responsabilité climatique.
Xavier DROUET
Initialement publié ici : https://hommesetsciences.fr/climat-2025-2029-temperatures-extremes-attendues-partout-dans-le-monde/
Dernière modification le mercredi, 09 juillet 2025