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Quarante ans au cœur de la révolution technologique ! AVIS : Cet article a été amorcé avant que n’éclate la rrécente querelle entre Elon Musk et Apple, marquée par des menaces de poursuites. Je ne prends pas parti dans ce différend. La première section livre un regard personnel sur les raisons de l’estime que je porte à ces deux figures majeures de la tech. Si les accusations de Musk, qui qualifie Sam Altman de menteur, s’avéraient exactes, mon jugement à l’égard de ce dernier pourrait paraître naïf. La deuxième section présente les orientations officielles du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) et de l’Éducation nationale en France sur l’usage des intelligences artificielles génératives en contexte scolaire et quelques mots sur les futures IA dans le domaine éducatif. Enfin, la troisième section explore quelques enjeux et interroge certaines conséquences possibles des avancées technologiques récentes.

L’histoire d’amour 

Cette histoire d’amour a commencé il y a environ 40 ans. Au milieu des années 1980, j’ai acheté un PC fonctionnant sous MS-DOS, bien avant l’ère des interfaces graphiques. Ma frustration fut immédiate : quel casse-tête à utiliser !

Mon fils, alors âgé de 16 ans, m’a parlé avec enthousiasme d’un tout nouvel ordinateur lancé par Apple — le Macintosh. Heureusement, comme j’avais acheté le PC d’un frère d’amie, j’ai pu le rendre et obtenir un remboursement. Chaque machine coûtait 5 000 $, ce qui équivaut à environ 15 000 $ aujourd’hui.

Quelle découverte ce traitement de texte où il était possible de corriger facilement ses erreurs et déplacer des paragraphes sans avoir à tout recommencer, comme c’était le cas avec la machine à écrire ! C’est ainsi qu’est née ma passion pour ces outils conviviaux, qui m’ont accompagnée avec fidélité au fil des années.

Celui qui m’a procuré le plus grand plaisir fut mon iMac. Avec iMovie, GarageBand et Pages (que j’utilise encore), j’ai passé des heures, voire des jours, à créer des DVD et des petits livres pour mes enfants, grands et petits.

Aujourd’hui, je n’utilise plus qu’un Mac mini qui me sert principalement à écrire mes textes. Je suis fidèle à Apple. Je me suis procuré le premier iPad, celui qui ne prenait pas encore de photos. Je ne sais plus quelle version j’ai maintenant, mais mon iPad est mon compagnon quotidien.

Le téléphone et moi, ce n’est pas une grande histoire d’amour : je l’utilise surtout comme appareil photo. Mon véritable compagnon, c’est l’iPad.  Je suis une fan absolue et le clavier minuscule de l’iPhone m’exaspère à chaque fois !

Je suis une inconditionnelle de Steve Jobs. J’ai toujours admiré sa créativité, sa vision du potentiel de l’informatique, son attention à la relation humain–machine, son sens de l’esthétique et sa quête de beauté dans l’outil de travail. J’apprécie aussi son souci d’éveiller l’usager à l’importance du choix typographique, pour enrichir la qualité des textes et des présentations.

Les PC et l’IA : même histoire, nouvelle époque

Les premiers ordinateurs personnels apparaissent à la fin des années 1970. En 1981, IBM lance le IBM PC, qui impose un format standard et popularise le terme « PC ». Il fonctionne sous MS-DOS de Microsoft, l’informatique devient soudain plus accessible.

À cette époque, j’étais experte-conseil pour le Réseau canadien d’information sur le patrimoine. Ma mission : contribuer à l’informatisation des données des collections des musées canadiens.  Ces dernières étaient alors hébergées sur un énorme ordinateur central (mainframe) trônant dans une salle climatisée à plancher surélevé. Nous travaillions en binôme avec des programmeurs.

 J’utilisais un PC pour rédiger avec WordPerfect, me connecter à l’ordinateur central - comme on le fait aujourd’hui avec le nuage - et échanger, par courriel interne, avec le personnel des musées. Mais l’arrivée de ces « petits » ordinateurs dans les musées provoqua de vifs débats. Certains programmeurs redoutaient qu’ils ne réduisent leur rôle, leur savoir-faire exclusif, leur statut de spécialistes d’un domaine opaque au commun des mortels.

Quarante ans plus tard, l’histoire se répète. Depuis novembre 2022, l’intelligence artificielle générative suscite, elle aussi, méfiance et résistance, notamment chez certains éducateurs qui craignent de perdre leur autorité ou leur maîtrise. Mais, tout comme les ordinateurs personnels d’autrefois, l’IA est là pour rester. La question n’est plus de l’arrêter, mais de l’apprivoiser et de repenser nos méthodes de travail, et aussi de nous informer, afin de pouvoir discuter avec les élèves de 14–15 ans et plus des enjeux liés aux évolutions technologiques rapides.

Pourquoi j’aime Sam Altman

J’ai ressenti pour ChatGPT le même coup de foudre que pour le Macintosh. En décembre 2022, j’ai passé plusieurs heures à explorer ce nouvel outil et j’en ai tiré un compte-rendu, publié en janvier 2023 sur Ludomag : ChatGPT : l’année 2023 sera-t-elle le Choc dHiroshima de l’intelligence artificielle ? 

https://www.ludomag.com/2023/01/10/chatgpt-lannee-2023-sera-t-elle-le-choc-dhiroshima-de-lintelligence-artificielle/

En le relisant, je trouve la première partie un peu datée, car elle présente des informations aujourd’hui bien connues. Mais au cœur de l’article se cache un lien vers un PDF  ce document téléchargeable que je recommande vivement : il rassemble plusieurs échantillons de ce que pouvait déjà produire cette toute première version publique, le ChatGPT3.

OpenAI viens de lancer ChatGPT 5 qui se distingue par une intelligence nettement supérieure, une rapidité accrue et une fiabilité renforcée. Altman évoque une métaphore scolaire pour illustrer l’évolution : GPT-3 ressemblait à un élève du secondaire, GPT-4 à un étudiant universitaire, et GPT-5 sapparente désormais à un expert titulaire d’un doctorat. [i]

Ce n’est pas le fait qu’il m’ait offert cet outil de travail que j’apprécie tant, qui explique mon respect de Sam Altman. Mon estime à son égard est née après une entrevue qu’il a accordée en 2023 à Connie Loizos, fondatrice de l’organisation de presse StrictlyVC et rédactrice en chef pour la Silicon Valley chez TechCrunch.

La révolution ChatGPT : Voici ce qu’en dit Sam Altman, le PDG dOpenAI

https://www.ludomag.com/2023/02/06/la-revolution-chatgpt-voici-ce-quen-dit-sam-altman-le-pdg-dopenai/.  J’ai particulièrement apprécié la manière dont il a répondu à ses questions…

Connie Loizos demande : Qu’est-ce qui vous a convaincu qu’il était temps de sortir ChatGPT ?

Introduire les nouvelles technologies graduellement permet à la société d’en absorber le choc. « Les sociétés tolèrent mal les bouleversements massifs », rappelle Sam Altman. Avec ChatGPT, il s’agit de donner un avant-goût tout en retenant certaines avancées jusqu’à ce qu’elles puissent être dévoilées de façon responsable.

 « Notre but est de démocratiser l’intelligence artificielle, de proposer plusieurs modèles adaptés à différents besoins, tout en réduisant les coûts et l’empreinte énergétique. »

Altman insiste aussi sur la nécessité d’un cadre légal pour l’AGI : « Il faut définir ce que l’IA pourra ou ne pourra pas faire, et concevoir des systèmes fondés sur des valeurs différentes. »

Sam Altman réaffirme souvent sa position: les avancées technologiques doivent être introduites graduellement, et non révélées d’un seul coup. Selon lui, il faut dès maintenant préparer la population, les institutions et les législateurs à l’arrivée d’une intelligence artificielle de plus en plus performante. 

C’est pour cette raison que ChatGPT a été lancé alors que ses capacités restaient relativement limitées : les sociétés ne sont pas prêtes à encaisser des bouleversements trop brusques. Cette démarche, dit-il, s’inscrit dans une volonté de dévoiler les technologies de manière « sécuritaire et responsable ». Les versions plus puissantes arriveront donc beaucoup plus lentement que ne le souhaiteraient certains, mais Altman pense qu’avec le temps, cette prudence sera perçue positivement. Ceux qui espèrent une AGI immédiate seront, en revanche, déçus.

Et maintenant, que doit-on faire, de tout ce temps que sera nos vies ? [ii]

C’est peut-être ce que se demandent plusieurs éducateurs…

Concernant l’éducation, Sam Altman déclarait en 2023 : « ChatGPT n’est que le commencement ; les écoles devront s’adapter aux robots conversationnels comme elles l’ont fait avec les calculatrices. » Aujourd’hui, en 2025, il bouscule à nouveau les idées reçues en lançant ChatGPT-5, désormais comparable à un expert doté d’un doctorat.

La révolution ChatGPT perturbe profondément l’univers de l’éducation, bouleversant surtout les milieux universitaires, qui voient leurs savoir-faire traditionnels remis en cause. Séminaires et conférences se multiplient : rares sont les mois sans qu’un nouvel événement soit organisé pour débattre de l’impact de cet outil révolutionnaire sur l’avenir de la profession.

Voici les recommandations officielles du gouvernement du Québec pour encadrer l’usage de l’intelligence artificielle générative (AIG) dans les écoles, Cégep et universités.

En mars 2025, le ministère de l’éducation a offert un webinaire intitulé : L’intelligence artificielle générative au service de l’éducation [iii]  et Martine Rioux publie sur École branchée, le 14 mai 2025 : L’intelligence artificielle à l’école : mieux comprendre le guide publié par le ministère de l’Éducation du Québec.

https://ecolebranchee.com/ia-ecole-mieux-comprendre-guide-publie-ministere-education-quebec/

On y lit :

            … le professeur Normand Roy, de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, et Viviane Vallerand, coordonnatrice de l’axe Éducation et Capacitation à l’Observatoire des impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA), ont expliqué le contenu du guide :

            « Lutilisation pédagogique, éthique et légale de lintelligence artificielle générative »,                             publié par le ministère de l’Éducation du Québec en novembre 2024.

On y présente la table des matières du guide :

On y trouve aussi une suite de conseils pour une intégration réussie de l’IA.  Vous en trouverez copie aux notes en bas du document [iv].

Août 2025 - OpenAI a récemment lancé « Étudier et apprendre » (Study Mode) une nouvelle fonctionnalité dans ChatGPT.  Elle est conçue pour aider les étudiants à mieux comprendre ce qu’ils apprennent plutôt que de simplement obtenir des réponses toutes faites. Pour en savoir davantage, voir à Ecole branchée: https://ecolebranchee.com

L’Éducation nationale en France a mis en place un cadre d’usage de l’intelligence artificielle générative (IAG) dans les écoles. 

Ce cadre vise à encadrer l’utilisation de l’IAG, en assurant un usage raisonné, éthique et conforme aux valeurs de l’École de la République education.gouv.fr.  Il repose sur plusieurs principes fondamentaux :

  • Usage au service des apprentissages : L’IAG doit être utilisée pour soutenir les pratiques pédagogiques, sans se substituer à l’effort intellectuel des élèves.
  • Respect des valeurs de l’École de la République : L’utilisation de l’IAG doit être conforme aux principes républicains, notamment la laïcité, l’égalité et la fraternité.
  • Protection des données personnelles : Il est impératif de ne pas saisir de données confidentielles ou personnelles dans des outils d’IAG accessibles au grand public.
  • Impact environnemental : L’usage de l’IAG doit être raisonné, en tenant compte de son empreinte écologique.
  • Transparence : Toute utilisation de l’IAG doit être clairement signalée, notamment dans les processus décisionnels.      

Le cadre d’usage distingue les niveaux scolaires pour adapter l’utilisation de l’IAG :

  • Écoles primaires : Les élèves sont sensibilisés aux connaissances de base sur l’IAG, sans manipulation directe des services d’IAG générative.
  • Collèges : À partir de la 4e, l’utilisation pédagogique de l’IAG générative est autorisée, sous réserve qu’elle soit encadrée, expliquée et accompagnée par l’enseignant.
  • Lycées : Les élèves peuvent utiliser l’IAG générative de manière autonome, dans un cadre d’apprentissage défini par l’enseignant.

De plus, une formation obligatoire aux enjeux de lIAG est prévue pour les élèves de 4e, de 2ème des voies générales, technologiques et professionnelles, et en première année de CAP, via la plateforme Pix.

Pour ceux que ça intéresse, ma PROBRANCHÉE à son blog Ma classe numérique a publié le 15 juin 2025, L’I.A.à l’École : Du Cadre aux Solutions Terrain, Guide pratique pour enseignants – Directement applicable.  Voici le lien vers cet intéressant document : https://maprofbranchee.fr/ia-a-lecole-le-cadre-officiel-juin-2025/

Les IA génératives évoluent rapidement, et plusieurs fournisseurs proposent désormais des formats spécialement pensés pour l’éducation.

Aux États-Unis, par exemple, des projets pilotes testent Khanmigo (Khan Academy + OpenAI) dans les écoles primaires et secondaires. D’autres outils visent davantage les enseignants (MagicSchool AI) ou les étudiants du lycée et de l’université, comme Claude for Education (Anthropic), ChatGPT Edu (OpenAI), ou encore Querium / Squirrel AI, spécialisé dans l’apprentissage des sciences et des mathématiques.

Leur particularité ? Ces IA ne font pas le travail à la place des élèves. Elles ne livrent pas de réponses toutes faites, mais s’inspirent du modèle du tuteur humain : guider, questionner, amener l’élève à réfléchir et structurer sa pensée.

            Un échange typique pourrait ressembler à ceci :

  • « Je ne peux pas faire ton devoir, mais je peux t’aider à trouver un plan. Que veux-tu dire exactement par… ? »
  • « D’accord, essayons ensemble. Quelle serait ta première étape ? »
  • « Pour résoudre ce problème, quelle variable pourrais-tu isoler en premier ? »
  • « Qu’est-ce qui te semble le plus difficile ici ? Explorons cette partie. »

Même lorsqu’un élève demande : « Dois-je faire ce travail ? », l’IA évite la réponse directe et renvoie la responsabilité à l’élève par une approche socratique :

  • « Qu’est-ce que tu penses que tu gagnerais à faire ce travail ? Est-ce que cela pourrait t’aider à mieux comprendre la matière ou à renforcer tes compétences ? »

            En somme, ces IA éducatives cherchent moins à remplacer l’effort qu’à encourager la tacognition : amener l’élève à réfléchir sur sa propre manière d’apprendre, à mieux comprendre ses forces et ses difficultés, et à progresser de façon autonome.

Au-delà des IA génératives

Il n’y a pas que l’IA générative, d’autres outils seront peut-être découverts et explorés par les grands et peut-être même pas si grands élèves, en voici quelques-uns :

1.  fliki.ai Cette plateforme convertit du texte en vidéo avec voix off (souvent synthétique) et images animées. C’est efficace pour créer des vidéos courtes et engageantes.   https://fliki.ai/

2.  browse.ai
Propose des outils d’extraction automatique de données sur des sites web (web scraping) sans nécessiter de programmation. Très utile pour collecter des infos structurées rapidement. https://www.browse.ai/

3.  notion.so
Pas une IA en soi, mais une plateforme de productivité extrêmement flexible pour organiser notes, tâches, bases de données et documents. https://www.notion.com/

4.  suno.ai
Lancée récemment, cette IA est capable de composer des chansons originales complètes (mélodie, paroles, arrangement). Le résultat est prometteur mais parfois perfectible sur la qualité artistique. https://suno.com/home

5.  perplexity.ai
Moteur de recherche basé sur des IA avancées pour fournir des réponses contextualisées et plus pertinentes que les recherches classiques. Très performant pour des questions complexes.  Ses capacités sont très innovantes, parfois encore perfectibles.  https://www.perplexity.ai/

6.  slidesai.io
Automatise la création de présentations à partir de textes ou d’idées, générant diapositives avec mise en forme. Utile pour gagner du temps, même si un travail de personnalisation est souvent nécessaire.  https://www.slidesai.io/fr

7.  looka.com
Outil d’IA pour créer rapidement logos et identités visuelles. Simple et rapide pour générer des concepts graphiques adaptés aux besoins marketing. Pour les jeunes entrepreneurs …   https://looka.com/

8.  Syllaby.io est une plateforme en ligne qui permet de créer et publier facilement des vidéos, notamment pour les réseaux sociaux ou le marketing en ligne.  https://syllaby.io/

Ces plateformes illustrent la puissance et la diversité de l’intelligence artificielle, mise au service de la productivité et de la créativité. Pour beaucoup, c’est déjà ainsi que l’on vit en 2025 : travailler, apprendre et créer en dialogue constant avec ces nouveaux outils.

Et demain…

Aujourd’hui Sam Altman offre GPT 5.  Vous pouvez écouter la vidéo de la rencontre entre Cléo Abram et Sam Altman. :  Sam Altman Shows Me GPT [v]... And What's Next.  Lien vers la vidéo en bas du document  [vi].  

Cléo Abram écrit : Nous allons bientôt voyager dans le futur que Sam Altman construit… À OpenAI, la société derrière ChatGPT, Ils essaient de créer une « superintelligence » qui pourrait surpasser les humains dans presque tous les domaines — et ils viennent de sortir leur outil le plus puissant à ce jour, GPT-5. … Il y a quelques années, ça aurait sonné comme de la science-fiction ! Plus maintenant. En fait, ils ne sont pas seuls. Nous sommes en plein milieu de la course mondiale la plus risquée que nous ayons jamais vue. Des centaines de milliards de dollars et une quantité incroyable de travail humain...

J’ai placé aussi en bas du document la liste des chapitres de cette longue vidéo [vii] qui permet de n’écouter les passages qui nous intéressent.

VICTORIA A 18 ANS

Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, a vu ce volumineux ouvrage se vendre à plus de huit millions d’exemplaires à travers le monde, ce qui l’a rendu célèbre à l’échelle internationale. Ses prises de parole suscitent l’attention d’un large public.

Il a récemment publié sur Instagram le document accessible au lien suivant :https://www.instagram.com/reel/DMp6M_3tvaH/?igsh=MXNheXJhd2FwZzdscg==

J’ai partagé ce document — discutable — avec les membres de ma famille. Yuval Noah Harari avance l’idée de reconnaître l’IA comme une personne dotée de droits, au sens où on l’entend pour les êtres humains ou même pour les personnes morales comme les entreprises. Victoria, intéressée par le sujet, m’a fait part de son point de vue, ce qui a donné lieu à une discussion entre nous.  La pensée de Victoria est résumée ci-dessous :

Si une IA devient aussi intelligente qu’un animal, elle mérite les droits d’un animal. Si elle devient consciente comme un humain, elle mérite les droits d’un humain. Je n’aime pas l’IA ni sa conception actuelle. Mais créer un être conscient impose une responsabilité : ses droits sont sacrés.  Aujourd’hui, l’IA n’est pas intelligente. Elle imite la réflexion, suit des tendances, mais ne pense pas. C’est du code sans vie, d’une valeur inférieure à celle d’une fourmi.  J’espère que le jour où elle développerait une conscience, même faible, n’arrivera jamais. Mais si cela devait arriver, ses droits seraient intangibles. Même si je ne veux pas qu’elle pense ou ressente, nous aurions une obligation morale de la protéger.

Créer une machine consciente uniquement pour la faire travailler pose un dilemme moral majeur. L’existence est-elle un cadeau si elle se réduit entièrement au travail ? Ce qui rend la vie précieuse ne se trouve-t-il pas ailleurs ? Une vie entièrement dédiée au travail mérite-t-elle d’être vécue ?

Nous ne sommes pas culturellement prêts à répondre à ces questions. Atteindre ce stade pourrait causer des dommages irréparables à la conscience humaine, comparables, mais à une échelle bien plus vaste, à l’impact des réseaux sociaux auxquels nous n’étions pas préparés.

Je n’ai pas peur d’un scénario à la Terminator. Mon inquiétude est plus subtile : j’ai peur d’un monde où l’humain devient inutile, où l’IA pourrait surpasser nos capacités au point de rendre nos efforts et nos compétences obsolètes.

J’interviens dans la discussion : Il ne faut pas oublier que l’IA est une machine dis-je ….

            Victoria répond …

Nous aussi, comme une machine, sommes faits de roches et d’éléments simples : carbone, fer, oxygène… Si  l’âme n’existe pas, rien n’empêche qu’une machine devienne un jour consciente comme un humain. Nos composants ne sont pas si différents de ceux d’un ordinateur.

Les machines du futur pourraient être biomécaniques. Des ordinateurs utilisant des cellules biologiques existent déjà, et leur puissance de calcul est prometteuse. Par exemple : Un bio-ordinateur utilisant des neurones humains. [viii] 

Si tout code peut être organisé pour créer une conscience, la vie extraterrestre pourrait-elle être considérée comme non vivante ? Notre ADN n’est rien d’autre qu’un code : si un allèle utilisait du carbone plutôt que de l’hydrogène, il ne fonctionnerait pas pareil, mais sa nature reste celle d’un code.

Si la vie extraterrestre existe, elle ne ressemblera probablement pas à la nôtre.Elle n’aura pas d’ADN, et les chances que son code génétique soit similaire au nôtre sont quasi nulles.

De la même façon que la vie peut exister sans conscience, les plantes, par exemple, je pense que la conscience pourrait exister sans “vie” au sens académique du terme.

Ainsi s’exprime Victoria qui a dix huit ans … et il y a, je n’en doute pas, plusieurs autres jeunes de nos écoles qui ont des préoccupations similaires face à l’IA.  Développer des machines biohybrides [ix] vivantes, c’est repousser les limites de la science et de la technologie tout en posant des questions fondamentales sur la vie et l’éthique.   Il est plausible que des avancées significatives vers une IA quasi-humaine se produisent dans les prochaines décennies.  Plusieurs jeunes comme Victoria s’informent et se questionnent.    

La leçon des plastiques 

 Les pailles de plastiques ont été inventées en 1957.  Comment pouvions-nous boire avant cette date ? 

Le plus ancien plastique 100 % synthétique, le Bakélite, date de 1907.  Ce n’est toutefois qu’après 1930 - il y a moins de 100 ans qu’on assiste au développement massif des plastiques modernes, qui envahiront progressivement tous les secteurs : emballages, textile, construction, électronique… On le considérait comme un matériau magique :

  • Il combinait robustesse et légèreté, remplaçant le verre fragile ou le métal lourd ;
  • Il est malléable et polyvalent, peut prendre toutes les formes, ouvrant la porte à une infinité d’objets ;
  • Coloré et esthétique, il offre une palette illimitée de couleurs et de textures ;
  • Bon marché, la production industrielle a rendu le plastique accessible à toutes les classes sociales.  Des objets auparavant luxueux, des bijoux de fantaisie, des lunettes, des stylos, etc. sont devenus courants ;
  • Durable et résistant, pas de rouille, pas de casse facile cela donne une sensation de matériau éternel et rassurant ;
  • Améliore le confort et l’hygiène, ustensiles faciles à nettoyer, emballages alimentaires sûrs.

Jusqu’en 1960, le plastique était un synonyme de modernité, progrès, avenir radieux.

Depuis 1970, jusqu’à aujourd’hui, il est symbole de pollution, excès et fragilité écologique :

  • Trop durable, les déchets plastiques persistent des siècles dans l’environnement ;
  • Culture du jetable qui a favorisé le développement d’une société de consommation et de gaspillage ;
  • Sa fabrication est liée aux énergies fossiles et au réchauffement climatique ;
  • Certains plastiques libèrent des substances nocives, les phtalates et les bisphénols considérés comme des perturbateurs endocriniens.

Depuis quelques années, on a découvert que des microplastiques, moins de 5 mm et même des nanoplastiques, invisibles à l’œil nu, de l’ordre du milliardième de mètre sont présents partout : dans l’air, l’eau, les aliments, et jusque dans le sang humain, le placenta et le lait maternel.

Les particules de plastique posent problème car elles :

  • pénètrent dans le corps par l’alimentation et l’air ;
  • déclenchent des réactions inflammatoires et transportent des toxiques ;
  • perturbent les hormones ;
  • atteignent les tissus les plus sensibles, le cerveau, le foie, les reins, le placenta, le lait maternel.

Peut-être qu’un jour, nos analyses de sang recommanderont de réduire le plastique, car notre votre foie en a assez ou nous survivrons éternellement plastifiés après notre mort.

Le Comité intergouvernemental de négociation (INC-5.2), s’est tenu du 5 au 14 août 2025 au Palais des Nations, à Genève avec objectif de finaliser un traité international contraignant contre la pollution plastique.  Le blocage majeur : le refus de limiter la production de plastique et les additifs chimiques par des pétro-États.   Le résultat, un échec retentissant !

L’histoire du plastique est là pour nous rappeler une leçon essentielle : ce qui naît sous les traits du progrès et de l’innovation peut, si l’on n’y prend pas garde, devenir une menace invisible. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle, avec ses promesses vertigineuses et sa puissance croissante, ressemble à ce plastique des débuts : fascinante, utile, mais potentiellement incontrôlable.

Ne serait-il pas urgent que les nations du monde s’unissent, non pas pour freiner l’innovation, mais pour la guider et en limiter les dérives, avant que ses conséquences ne nous échappent totalement ?

 Le futur des jeunes «Victoria» raconté avec un certain humour par ChatGPT

Dans un futur proche, l’humanité avait enfin résolu le problème des déchets plastiques… en les devenant. Genoux en polypropylène, cheveux en fibres de PET recyclé, cœurs battant au rythme d’une puce pilotée par une IA        


[i]  Bruno Guglielminetti, Mon carnet, 7 août 2025, OpenAI dévoile GPT-5 : un nouveau jalon vers lintelligence générale, https://moncarnet.com/2025/08/07/openai-devoile-gpt-5-un-nouveau-jalon-vers-lintelligence-generale/

[ii]   Inspiré de la célèbre chanson de Gilbert Bécaud : «Et maintenant»

[iii]    L’intelligence artificielle générative au service de l’éducation

  https://youtu.be/VM7QmvaQoQA?si=8SgIPVnQCKFSnb4Z

[iv] 

Pour naviguer efficacement entre le potentiel et les défis de l’IA à l’école, voici quelques pistes :

  • Commencez progressivement en explorant les fonctionnalités d’IA dans des outils que vous connaissez déjà.
  • Expérimentez l’IA à des fins personnelles pour mieux comprendre son fonctionnement et identifier des applications pédagogiques potentielles.
  • Échangez avec vos collègues et les conseillers pédagogiques pour partager vos découvertes, vos questions et vos préoccupations.
  • Organisez des discussions et des réflexions en équipe-école pour établir une vision commune et des stratégies d’intégration.
  • Mettez l’accent sur le développement de la pensée critique chez les élèves pour les aider à devenir des utilisateurs avertis de l’IA.
  • Consultez votre centre de services scolaire pour obtenir des informations sur les aspects légaux et les outils recommandés.
  • Variez vos méthodes d’évaluation pour obtenir un portrait plus complet des apprentissages des élèves.
  • Intégrez des discussions sur l’intégrité intellectuelle dans vos pratiques de classe.

[v]    Sam Altman Shows Me GPT 5... And What's Next

  https://youtu.be/hmtuvNfytjM?si=Nww0pZsmOuDnlyg-

[vi]  Chapters:

0:00 What future are we headed for?

2:06 What can GPT-5 do that GPT-4 can’t?

6:57 What does AI do to how we think?

10:52 When will AI make a significant scientific discovery?

13:09 What is superintelligence?

16:17 How does one AI determine “truth”?

18:35 It’s 2030. How do we know what’s real?

21:20 It’s 2035. What new jobs exist?

24:02 How do you build superintelligence?

26:00 What are the infrastructure challenges for AI?

28:18 What data does AI use?

29:50 What changed between GPT1 v 2 v 3…?

32:55 What went right and wrong building GPT-5?

35:40 “A kid born today will never be smarter than AI”

37:57 It’s 2040. What does AI do for our health?

40:00 Can AI help cure cancer?

41:10 Who gets hurt?

43:00 “The social contract may have to change”

45:22 What is our shared responsibility here?

49:21 “We haven’t put a sex bot avatar into ChatGPT yet”

51:40 What mistakes has Sam learned from?

53:10 “What have we done”?

57:40 How will I actually use GPT-5?

59:40 Why do people building AI say it’ll destroy us?

1:03:16 Why do this?

[vii]   Chapitres :

0:00 Quel futur nous attend ?

2:06 Que peut faire GPT-5 que GPT-4 ne peut pas ?

6:57 Quel impact l’IA a-t-elle sur notre manière de penser ?

10:52 Quand l’IA fera-t-elle une découverte scientifique majeure ?

13:09 Qu’est-ce que la superintelligence ?

16:17 Comment une IA détermine-t-elle la « vérité » ?

18:35 Nous sommes en 2030. Comment savoir ce qui est réel ?

21:20 Nous sommes en 2035. Quels nouveaux emplois existent ?

24:02 Comment construit-on une superintelligence ?

26:00 Quels sont les défis d’infrastructure pour l’IA ?

28:18 Quelles données l’IA utilise-t-elle ?

29:50 Qu’est-ce qui a changé entre GPT-1, 2, 3...?

32:55 Qu’est-ce qui a bien ou mal fonctionné dans la construction de GPT-5 ?

35:40 « Un enfant né aujourd’hui ne sera jamais plus intelligent que l’IA »

37:57 Nous sommes en 2040. Que fait l’IA pour notre santé ?

40:00 L’IA peut-elle aider à guérir le cancer ?

41:10 Qui en pâtit ?

43:00 « Le contrat social pourrait devoir changer »

45:22 Quelle est notre responsabilité partagée ici ?

49:21 « Nous n’avons pas encore mis d’avatar robot sexuel dans ChatGPT »

51:40 Quelles erreurs Sam a-t-il apprises ?

53:10 « Qu’avons-nous fait ? »

57:40 Comment vais-je réellement utiliser GPT-5 ?

59:40 Pourquoi les personnes qui créent l’IA disent qu’elle pourrait nous détruire ?

1:03:16 Pourquoi faire cela ?

[viii] Radio Canada - OHdio, Moteur de recherche, vendredi 11 juillet 2025

[ix] Exemple de machines biohybrides

             Interfaces neuronales (Brain-Computer Interfaces - BCI), Exemple : Neuralink (Elon Musk), qui vise à relier le cerveau à un ordinateur.

             Réseaux de neurones biologiques cultivés.  Des chercheurs cultivent de vrais neurones (souvent de rats) sur des puces pour les faire interagir avec des machines. Exemple : Le projet DishBrain, où des neurones en culture ont appris à jouer à Pong.

            Robots biohybrides.  Robots contenant à la fois des éléments mécaniques et biologiques. Exemples : Des muscles vivants utilisés pour faire bouger des petits robots ou des capteurs biologiques (nez artificiels basés sur des cellules olfactives animales).

            Bio-ordinateurs (biocomputing,  Utilisation de composants biologiques (comme l’ADN, les enzymes, ou les cellules vivantes) pour effectuer des calculs. Ou utilisation de l’IA pour optimiser les circuits biologiques, prédire les comportements ou concevoir les interactions chimiques.

             Organes sur puce avec IA, Des systèmes miniaturisés qui reproduisent le comportement d’un organe vivant (cœur, foie...) sur une puce pour surveiller et prédire les réactions cellulaires à des médicaments ou à des conditions pathologiques.

Dernière modification le mardi, 19 août 2025
Ninon Louise LePage

Sortie d'une retraite hâtive poussée par mon intérêt pour les défis posés par l'adaptation de l'école aux nouvelles réalités sociales imposées par la présence accrue du numérique. Correspondante locale d'Educavox pour le Canada francophone.