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Notre été 2024 est marqué par la disparition de notre ami et Vice-Président Marcel Desvergne, homme de culture et de conviction, humaniste, fédérateur et visionnaire, le citoyen numérique, comme il se définissait. Il avait un regard espiègle et positif toujours tourné vers l’avenir. Son départ suscite une vive émotion.  Il est le fondateur des Universités d’Eté de la Communication qui a réuni des milliers de personnes chaque fin d’été pendant plus de 20 ans à Lacanau, Carcans-Maubuisson, puis à Hourtin[1]. Il est le créateur du Réseau International des Universités de la Communication, des Entretiens des Civilisations Numériques. Voici comment ces manifestations ont été le ferment qui a permis la naissance de l’An@é et d’Educavox.

Extraits de son intervention lors des 20 ans de l'An@é en 1996

Marcel Desvergne : "Reprenons les éléments de la période 1995 – 2000 ... le siècle dernier."

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L'An@é a, à Hourtin, mené ateliers, réflexions, débats et a dans son espace accueilli les dernières innovations technologiques, le premier IMac, les premiers Tableaux Numériques, les premiers ensembles d'ordinateurs mobiles...

Un rapide rappel sur l’objet des Universités d’Eté de la Communication (1980 – 2004), soit 25 ans, à Lacanau, Carcans-Maubuisson et Hourtin, qui articulaient 3 concepts :

" La convergence, la cohérence et l’anticipation "

 

Mettons en perspective les 6 manifestations de 1995 à 2000 à Hourtin et les actions de l’An@é, les présentations sur l’espace, les débats.

1995 : 16ème Université d’Eté de la Communication : Le navigateur, le port et la boussole  

Comprendre la société de l’information

Hourtin 95 a été la prise de conscience de l’installation de la société de l’information qui a obligé chacun à réfléchir à ses conséquences en termes économique, social, culturel. L’emploi a été au centre des inquiétudes. Il nous faudra désormais intégrer cette nouvelle donne.

« Si nous ne formons pas nos enfants, les satellites les formeront à notre place » a été lancée par Anita Rozenholc, chargée de mission à la DATAR.

« Nous avons beaucoup d’élèves désabusés. Selon moi, la raison en est qu’il existe une rupture : ils ne retrouvent pas à l’école tous les outils dont ils savent se servir » rajoute Rachel Cohen, docteur en sciences de l’éducation.

L’An@é, en dehors du fait d’avoir coorganisé l’Espace éducation, y a invité le public à une série de rencontres où il était question des aspects philosophiques, éthiques et pédagogiques liées à l’usage des Techniques d’Information et de Communication et ce à partir d’expériences de terrain mettant en œuvre les dernières technologies utilisées dans les établissements scolaires.

1996 : 17ème Université d’Eté de la Communication :  "Inventons la cité numérique "

Pourquoi devons-nous réinventer la Cité ?

  •  3ème Université d’Eté de l’Education Nationale : « Chemins du Savoir et Autoroutes de l’Information » - « L’instruction, la formation, l’éducation sont au cœur du bouleversement et deviennent l’enjeu même du changement »
  • Débat : « Le monde l’éducation est-il prêt à un bouleversement des apprentissages » Intervention de Michelle Laurissergues
  • Création de l’An@é

1997 :  18ème Université d’Eté de la Communication : " Et le Politique "

Le politique et la société de l’information

  • Débats : " Les enjeux de l’enseignement à distance : le campus virtuel » et « L’école, un relais indispensable ? "

" Elle forme mal aux réalités du monde du travail, elle ne joue plus son rôle d’intégrateur social, on n’y apprend plus à se comporter en citoyen... L’école est souvent mise sur la sellette quand il s’agit de rechercher les causes des maux qui assaillent notre société. Pourtant, l’Ecole change : exemple : l’Association Nationale des Acteurs de l’Ecole, présente à Hourtin, compte faire jouer aux enseignants un rôle de premier plan dans la Société de l’Information " Michelle Laurissergues, présidente de l’An@é.

  • La rencontre des enseignants et des éditeurs

L’espace An@é organisait à Hourtin la rencontre des enseignants, des producteurs et des éditeurs de produits éducatifs.

Michelle Laurissergues : Ce qui semble certain, dans le monde de demain proposé à nos élèves d’aujourd’hui, c’est qu’il y aura encore ces questions et elles seront de plus en plus centrales : Le rapport à l’information, le rapport au savoir et à la recherche, les pratiques culturelles des jeunes et l’adéquation avec les apprentissages, la maîtrise individuelle et technique des langues vivantes, les liens et les équilibres entre l’entreprise, les collectivités, les territoires et l’état

Et ces questions sans cesse modifiées par l’omniprésence du numérique dans notre quotidien, seront notamment des questions d’éthique, de protection des individus, de propriété intellectuelle, de vérification et de hiérarchisations des informations, de création.

1998 :  19ème Université d’Eté de la Communication : " Un nouveau monde : L’Europe "

Le défi collectif 

Rencontre professionnelle An@é. Débats

  • Sur l’espace partenaire An@é : Site web An@é et éditeurs, présentation des produits et services d’Apple, Bayard Presse, Jériko, Hachette Multimédia, Nathan. Cd-Roms réalisés par des établissements scolaires. Présence de l’Agence Socrates.
  • Les trois débats : Education et multimédia : quels produits pédagogiques ? Quelles nouvelles approches du savoir en Europe ? Projets communautaire et éducation : service public où service universel ?
  • Evolutions et adaptations :

Michelle Laurissergues : L’émergence rapide de projets d’école et d’établissements incluant l’utilisation des TIC, laisse penser que forte est la volonté des enseignants de prendre en compte ces évolutions. La convergence des volontés politiques affirmées tant au niveau du Ministère que dans les collectivités territoriales, dans les Instituts de formation des enseignants, laisse espérer une prise en compte des besoins....

1999 : 20ème Université d’Eté de la Communication " Le temps de l’homme mondial "

Des marques dans le sable

  • Une série de débats et rencontres dans le milieu ouvert de l’UEC : " L’enseignant et les Techniques d’Information et de Communication, " une application directe : l’enseignement à distance, "L’école et la cité " : Médiathèque, cyber bus, lieux d’expositions, de rencontres, les espaces culturels et technologiques deviennent-ils les lieux de l’éducation ? Entre unité et diversité, comment définir des critères d’égalité d’accès pour tous ?  " Le temps dans les apprentissages " " Les réseaux éducatifs locaux : de nouveaux partenaires ".
  • Et pour les 20 ans de l’UEC : Un texte de Michel Serres – « La société pédagogique ».

2000 : 21ème Université d’Eté de la Communication : "Liberté, Egalité, Fraternité "

L’enjeu de la Net-société est autant idéologique que technique

Sur l’Espace An@é : Présentation d’usages pédagogiques au cours des sessions d’information : formations, aides aux élèves, ressources pédagogiques, productions d’établissements scolaires. Formation à la mise en réseau des contenus présentés en éducation.

Les débats : 

  • Langages du numérique : un nouvel objet de formation  ?
  • Les réseaux : quelles conséquences sur l’éducation  ?
  • Ressources documentaires à l’école : quels moyens ? Ecole de Torcy : un centre de ressources pour une communauté de savoirs
  • Former aujourd’hui l’enseignant de demain, Acquisition du savoir : quel contrat pour quelle école ?

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Les pépites issues de l’Université d’été de la Communication

La création de L’association Nationale des Acteurs de l’école en 1996 fait partie des pépites 

Le « Centre Européen de Communication » devenu « Aquitaine Europe Communication », en 1995

Les Entretiens de l’information en 2001, L’Université Hommes-Entreprises par le Centre Entreprise et Communication...

Les Entretiens des Civilisations Numériques, le CI’NUM à Margaux en 2005 pour continuer le travail de l’UEC : 2005 « Le Concile : les 10 questions en débat » 2006 « Le Casino : Les scénarios du futur » 2007 « L’Assemblée numérique : les sept défis et plans d’action » qui a permis la création du site Educavox.

Et bien d'autres...C'est cela l'intelligence collective d'un monde partagé.

2005 – 2007 : Les « Entretiens des Civilisations Numériques ».

1 cinumEn 2005, les discussions d’un concile ont permis de formuler les dix questions à mettre en débat.

En 2006, les martingales d’un casino ont permis de penser une exposition universelle de 2026 et d’écrire dix histoires vers le futur pour y parvenir.

En 2007, les votes d’une assemblée numérique, à partir de quatre scénarios intégrant des ressources énergétiques en baisse, un changement du climat, et les meilleures capacités d’actions collectives que nous confèrent le numérique, ont permis de présenter sept plans d’actions.

Défis et plans d’action

Le 7 octobre 2007, Daniel Kaplan, responsable du programme, expose les défis et plans d’action votés électroniquement :

  • Education : élever visiblement le niveau global des connaissances en transformant radicalement la manière dont elles sont construites, transmises et évaluées.
  • Environnement : faire de « l’empreinte écologique » une métrique du quotidien, pratique, utile, partagée et ludique.
  • Innovation : réintroduire le corps et les sens dans l’interaction numérique.
  • Sciences : définir une éthique de l’augmentation humaine.
  • Gouvernance : mailler institutions et réseaux dans la gouvernance d’un monde complexe.
  • Démocratie : étendre l’espace des contre- pouvoirs numériques.
  • Sécurité : construire un plan catastrophe mondial concerté impliquant Etats, ONG et citoyens.

La création d'Educavox

Conçu en 2009, créé en 2010 suite aux Entretiens des Civilisations Numériques ( 2005/2007) à l'initiative de Michelle Laurissergues, présidente de l'An@é et responsable éditoriale du site, et de Joël de Rosnay, scientifique et prospectiviste, grâce à des aides publiques privées et associatives, www.educavox.fr propose à l’écosystème éducatif francophone une formule dynamique pour comprendre, accompagner par des débats, des ressources, des propositions et des valorisations de pratiques,  la transformation de notre société par le numérique notamment dans le domaine de l’éducation.

S’adressant à tous les citoyens, il permet de donner une vision des évolutions et des innovations au niveau mondial et d’anticiper les mutations en cours du monde de l’éducation et de la formation.

Il est un lieu d’échanges permettant d’offrir un espace d’expression à tous ceux qui souhaitent contribuer de manière positive à mutualiser analyses, ressources, pratiques, outils, expérimentations.

Ouvert, collaboratif, prospectif, il est gratuit, sans publicité et animé par des bénévoles de l’association An@é, Association Nationale des Acteurs de l’Ecole ouverte aux pays francophones qui, depuis 1996, accompagne les acteurs de l’éducation sur les usages du numérique, conduit des réflexions et des séminaires autour des questions liées à l’évolution de l’enseignement.

Les débats des années 2005-2007 ont-ils été anticipateurs ?

Extraits de la synthèse présentée par Daniel Kaplan à l’issue des rencontres du Cinum

Dans les groupes constitués en « concepteurs du futur » dans les histoires produites, on note, migration, technologie omniprésente, objets communicants et réseau ubiquitaire, extension du réel et du virtuel, corps investi et transformé, fractures et différences, et l’énergie comme question centrale :

On relève la conviction que les décennies à venir seront marquées par de fortes migrations :

« Mal gérées, elles peuvent produire des conflits identitaires et une balkanisation communautaire… » ...Il est grand temps de penser une nouvelle ère de migration et de métissage »

On souligne l’omniprésence des technologies numériques, nanométriques, biologiques et cognitives

Se pose la question de l’hyper surveillance, de la déconnexion et on exprime le fait que leur puissance devra se mettre au service de l’interrelation, de l’interdépendance croissante entre les hommes, les entreprises et les régions du monde.

Au-delà des réseaux, les mondes virtuels deviennent des espaces d’action à part entière et produisent de nouvelles formes de relations et de création.

Des prothèses connectées semblent donner corps à l’image de « l’homme symbiotique » que décrivait Joël de Rosnay en 1995.

La question des fractures est au cœur des débats politiques futurs.

Décalage de générations, lignes de partage entre riches et pauvres, différences des systèmes de valeur ancrées dans les cultures-relation aux risques, à la vie privée, au statut social, en l’intervention publique à des fins d’égalité-

Où est passé l’Etat ?

Il est absent des « histoires » imaginées par les participants comme si l’impuissance face à la complexité des questions de l’avenir était avérée. C’est aux communautés, aux réseaux, à l’échange entre pairs et à l’interaction des désirs et des innovations -peut-être organisée par le marché- que l’on semble confier les clés de régulation de l’avenir.

Au fond, travailler sur l’avenir, c’est nous chercher nous-mêmes.

Ces technologies intensives, intimes et intrusives sont des technologies de l’identité prolongeant les « psycho-technologies » que décrit Derrick de Kerckhove lorsqu’il évoque le web : elles nous transforment de l’intérieur et nous mettent en mesure de nous transformer extérieurement. De la personne numérique étendant sur les réseaux sa présence au monde, à la société numérique, le lien passe notamment par la connaissance.

Demain, la connaissance.

C’est désormais un lieu commun de dire que nous entrons dans une « société de la connaissance », mais on s’attarde moins sur les manières dont le statut et la nature de cette connaissance changent.

La connaissance est en effet devenue centrale pour au moins quatre raisons :

  • La dimension immatérielle de l’économie (services, contenus, finance, propriété intellectuelle…) est devenue dominante ;
  • L’innovation est devenue le principal facteur de compétitivité durable ;
  • Les industries nouvelles exigent des niveaux de connaissance de plus en plus élevés, qu’il faut en outre actualiser au rythme de l’avancée des technologies ;
  • La réponse aux grands défis de notre planète mondialisée repose sur nos capacités d’organisation collective, du local au global, plutôt que sur la mise en œuvre par quelques experts de technologies ou de politiques adéquates.

Mais quelle connaissance ?

La « connaissance » nécessaire au XXIe siècle ressemble moins que jamais à une simple accumulation personnelle d’informations et de savoir-faire :

  • Elle n’est jamais acquise : dans des parcours de vie non-linéaires, face au progrès rapide des techniques et à une économie d’innovation intensive, il faut sans cesse réviser ses connaissances et apprendre à les mobiliser dans des contextes imprévus ;
  • Elle s’externalise, via les ordinateurs et les réseaux. Un monde où la connaissance est presque immédiatement disponible, et partageable avec d’autres, diffère profondément de celui que nous connaissions auparavant.
  • Elle est partagée, qu’on le veuille ou non : dans un monde ouvert aux frontières poreuses, la connaissance circule, les innovations se produisent de manière collective, se recopient et mutent en permanence.

Intelligence connective, intelligence collective

Derrick de Kerckhove appelle « intelligence connective » celle qui rassemble les efforts et les ressources mentales de nombreuses personnes, dans le temps, assistée par des systèmes qui l’accélèrent via l’ordinateur et l’étendent via les réseaux. Elle est pour lui une autre forme d’intelligence, partagée par nature, alors que nous sommes formés à tenir l’intelligence et la sensibilité pour des notions individuelles.

Avec une vue plus opérationnelle, Pierre Lévy nomme « intelligence collective » celle qui vise à « améliorer de manière notable les processus de collaboration intellectuelle ». Elle marie les réseaux de personnes (capital social), les réseaux d’infrastructures (capital technique), les réseaux d’informations (capital culturel) et les réseaux mariant personnes et idées (capital intelligence).

Augmenter le niveau global des connaissances est donc indispensable pour vivre ensemble dans le monde de demain. Il s’agit à la fois de donner à chacun les moyens de son autonomie, et de développer l’intelligence collective qui conditionne autant la réussite économique, que notre capacité à relever les défis planétaires d’aujourd’hui. Mais c’est bien d’une autre forme de connaissance qu’il s’agit.

Au Ci'num, la dimension Education a été prise en compte.

L'utilisation des « Technologies de l’Information et de la communication » dans et pour l'éducation est en croissance constante dans beaucoup de pays : elle est désormais perçue dans le monde entier comme une nécessité et une opportunité. Le cadre d'action de Dakar (avril 2000) a identifié l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication comme une des stratégies principales pour réaliser les buts de l'éducation pour tous.

Les « Technologies de l’Information et de la communication » sont aujourd'hui partie prenante d'un continuum de technologies alliant la craie et les livres, les équipements audiovisuels et multimédias, pouvant toutes soutenir et enrichir l'apprentissage. Cartables électroniques et e-portfolio offrent de nouveaux outils et environnements d'apprentissage qui nécessitent de déployer des stratégies et des usages adaptées aux objectifs éducatifs. L’innovation réside autant dans la technologie qui permet de profiler de nouveaux softwares, conçus en fonction des utilisateurs et de leurs particularités que dans l'usage humain.

L'intégration des nouvelles technologies à l'éducation laisse aussi le champ ouvert à de nouvelles théories sur l'apprentissage, qui remettent en cause le modèle classique de la transmission du savoir. Inspiré, en grande partie, par Seymour Papet, le créateur du fameux langage Logo, le constructionniste part du principe que l'élève est un acteur de son apprentissage, et qu'il augmente ses connaissances non en recevant un enseignement mais en utilisant des outils et en construisant objets et concepts par lui-même.

Mais l'incorporation des « Technologies de l’Information et de la communication » dans l'éducation soulève également de nombreuses tensions : les implications étant souvent perçues comme des menaces pour les institutions éducatives autant que pour les usagers réticents qui maitrisent encore mal l'usage de ces technologies. Emergent des résistances morales et légales relatives aux questions de la propriété du savoir, des tensions liées au développement croissant de l'éducation comme bien commercial et face à la globalisation de l'éducation au nom de la diversité culturelle.

Ces évolutions posent différentes questions : les « Technologies de l’Information et de la communication peuvent-elles accélérer le progrès vers l'éducation pour tous et durant toute la vie ? Peuvent-elles entrainer un meilleur équilibre entre l'équité et l'excellence dans l'éducation ? Peuvent-elles réconcilier l'universalité et la spécificité locale du savoir ?

Les leviers :

  • Développement plus équitable et pluraliste en éducation.
  • Augmentation de la base des connaissances sur le plan mondial.
  • Harmonisation des contenus et méthodes d'apprentissage à l'échelle internationale.
  • Co-élaboration critique des savoirs et des normes éducatives.
  • Nouveaux modèles d'interaction entre milieux éducatifs et associations d'apprenants.
  • Internet constitue le vecteur de nouveaux modes de production de connaissances partagées entre professeurs et élèves.

Les verrous :

  • Résistance des institutions éducatives aux nouvelles technologies et aux nouvelles idées.
  • Manque de moyens, ordinateurs et liaisons internet.

Les paradigmes :

  • Education à distance.
  • Passer de l'éducation à l'école à l'éducation en famille.
  • L'éducation tout au long de sa vie.

"Se réapproprier l’avenir"

Le principal message exprimé par le  Ci’num, Entretiens des civilisations numériques de 2005 à 2007, c’est que, malgré les contraintes, malgré tout ce qui a lieu de nous inquiéter, tout ce qui semble réduire nos marges de manœuvre, il nous est possible d’imaginer par nous-mêmes, de mobiliser ou  de détourner les techniques, d’organiser l’échange et les mobilités, de négocier l’espace et les relations aux autres pour rendre l’avenir vivable et désirable : la capacité de partage plus rapide et plus profonde, combiner individualisation et diversification des liens sociaux dans l’émergence d’une opinion mondiale active…

Alors, nous savons aujourd’hui qu’il est difficile d’anticiper au regard de l’évolution de l’ordre mondial, que la démocratie n’a pas encore tout à fait profité des possibilités offertes par le numérique, que les technologies se sont accrues à un rythme rapide et ont dépassé l’imaginaire, que l’ordre marchand a profité du système bien plus que de raison, que les ruptures se sont accrues, que les réseaux sociaux ont bousculé les espoirs de partage et diversification des liens sociaux, que l’éducation a encore un long chemin à parcourir.

Mais devons-nous sombrer dans le catastrophisme ? Ecouter les sirènes du désordre et ne pas croire en nos capacités de « se réapproprier l’avenir » ?  

Marcel Desvergne et Michelle Laurissergues : https://educavox.fr/accueil/breves/civilisations-numeriques-des-entretiens-au-debat

En 2013 : La démocratie est toujours un combat depuis le fond des temps et même si elle n’est pas partagée par tous les pays, elle est le référent premier de notre société.

Elle implique : « la souveraineté du peuple et donc les régimes politiques dans lesquels le peuple, les citoyens sont souverains ». Le film sur Abraham Lincoln permet de se rendre compte que pour lui, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». On retrouve cette référence dans l’article 2 de la constitution de 1958.

« ARTICLE 2. La langue de la République est le français.

L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L’hymne national est « La Marseillaise ».

La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

En 2014 : Le numérique gagne : Démocratie et information, vers de nouveaux équilibres

L’information telle que nous l’avons vécue est en pleine révolution.

Elle le fut toujours, mais c’est en réalité, aujourd’hui un secteur en mutation économique, éditorial et professionnel conséquence de la politique et idéologie de l’écosystème mondial du numérique.

L’information telle que nous l’avons vécue est en pleine révolution.

Elle le fut toujours, mais c’est en réalité, aujourd’hui un secteur en mutation économique, éditorial et professionnel conséquence de la politique et idéologie de l’écosystème mondial du numérique.

De quoi s’agit-il ? D’une architecture articulant 6 axes inséparables :

Les réseaux électroniques (cloud), les terminaux avec écrans de + en + tactiles (RFID), les serveurs carrefours de stockage (coffre-fort numériques), les logiciels moteurs de recherche (tous usages), les contenus et les services (transmédia), et surtout nous les usagers citoyens numériques (santé, vieillissement, banques, travail,).

Une complémentarité de 3 critères :

L’immatérialité (espace – temps) de l’individu augmenté à la cohabitation entre l’irréel et la vie concrète, la dématérialisation de toutes les fonctions sociales (télétravail, télésanté, drive-in...) et l’émergence des réseaux sociaux.

La structuration de 7 valeurs structurant notre société depuis plus de 40 ans :

L’ordre (pentagone), le partage (universités), la liberté (mai 68, solidarité), l’économie (économie du savoir, économie créatrice), le progrès (nanotechnologie, biologie, science cognitive, énergies), le pouvoir (capitalisme, les grandes sociétés du net) et le changement (vague, tsunami, déferlante, irruption, destruction et création) qui oblige à accompagner les changements. 

C’est bien une matrice, mondiale, irréversible. Nous sommes les acteurs d’une « civilisation numérique » qui s’organise chaque jour et partout dans le monde. 

Il s’agit de considérer que chacun d’entre nous sommes des citoyens numériques touchés dans tous nos moments de vie - enfants et anciens -, comme dans toutes situations - santé, éducation, travail, formation, information, ...

Prenons, presque au hasard, quelques conséquences qui impliquent, pour rester élégant, de nouveaux équilibres : 

  • Qui est professionnel : le journaliste, le citoyen numérique, le médiateur ? Question de statut pour chacun !
  • Qui est porteur d’analyses et de réflexion : l’éditorialiste ou les acteurs divers du terrain, donc nous les citoyens ? qu’en est-il donc de la déontologie des journalistes ! 
  • Quel équilibre financier pour la presse : information gratuite ou payante, avec l’abandon par de nombreuses personnes de l’achat des journaux donc également d’une moindre publicité ? 
  • Quel pouvoir pour les médias quand WikiLeaks association à but non lucratif dont le site Web,lanceur d’alerte, publie des documents ainsi que des analyses politiques et sociétales ? Quel équilibre pour les institutions ?
  • Quelle formation existe dans une société de l’instantanéité, de la recommandation et des mutations ? En conséquence quelle approche transversale pour l’éducation ?
  • Quelles nouvelles relations s’instaurent entre Démocratie et Informations quand chacun twitte, des ministres, à la compagne d’un président de la République ? 
  • Qui est le premier bénéficiaire des données des Big Data : les médias ou les entreprises, les grosses et les nord-américaines ou chinoises ? 
  • Qui a raison entre la liberté du numérique dans plusieurs pays et l’Europe qui veut légiférer ?

En conséquence, je privilégie 3 attitudes lucides et responsables :

  • Nous devons être absolument « maître » de ce nouveau monde, car ce que nous vivons ce n’est pas seulement une crise, c’est un nouveau monde « ouvert et créatif ».
  • Nous devons être attentifs aux évolutions et réactifs lorsqu’on est responsable associatif, politique, médiateur.
  • Nous devons « gérer » notre territoire numérique comme un univers culturel mondial.

En 2016 : Presque tous appellent les " politiques ", tous niveaux confondus, à non seulement s’investir, mais à rendre perceptible notre futur.

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Ce futur sera évidemment différent et on discerne déjà les déséquilibres qui s’installent, en particulier par rapport à l’emploi. Il faut donc accompagner, expliquer, rassurer et surtout former d’une façon transversale et participative les cadres de notre société, et surtout toutes les composantes de notre pays.

Juste avant de plonger de plein pied dans la nouvelle année 2016, si on prend le temps de revenir sur certains dossiers organisés dans Educavox comme, par exemple, la « Mondialisation " [*], et si on la place en relation avec " Technologies " [*] concernant l’ensemble des textes publiés en 2015, l’analyse permet d’intégrer notre monde en mutation.

Si, en plus, on utilise les tags disponibles à la base des articles, on peut remonter, un peu, le cycle de notre société du numérique en relation avec l’éducation nous permettant de percevoir l’évolution effective que nous accompagnons.

Le nombre d’articles regroupés ainsi sur Educavox en 2015 est important : Mondialisation[*] et Technologies [*]. Ces analyses sont en phase avec la façon dont nous abordons les transformations de la planète et pas seulement par rapport à notre territoire.

Cliquer sur les titres de chaque article ou sur les tags disponibles fait apparaitre les mots et analyses des auteurs publiés sur Educavox. Nous sommes bien dans un monde " augmenté " qui permet de saisir notre société de la connaissance en transformation non virtuelle.

Un ensemble de sujets " connectés ".

Concernant la « Mondialisation » il est révélateur, justement, des sujets traités : le climat mondial, la démocratie, les nations, les écoles européennes et mondiales, l’université mondiale, la bibliothèque mondiale, les réflexions partagées par divers pays intégrant également ce qu’on appelle encore le tiers monde, l’éducation pour tous, la culture, les liens entre les acteurs et bien sûr la nécessité de rester maitre de cette conscience développée ET collective. Marcel Desvergne

Comprendre les éléments de culture numérique c'est aborder, à l'échelle globale et mondiale la compréhension des systèmes techniques des systèmes d'information et d'échanges. Facteur d'amplification plutôt que de ruptures, le numérique rebat cependant toutes les cartes car il entre par la sphère personnelle. Enjeux, risques, éthique, choix sociétaux et choix politiques, notre société connectée n'est-elle pas au défi de redéfinir les concepts éducatifs ? Michelle Laurissergues (Edito 2021)

Il projetait pour Septembre des Rencontres à Hourtin, "22 ans de l'Université d'été de la communication et du Réseau International des Universités de la Communication": Intelligence Artificielle : apocalypse ou nouvel âge des Lumières ?

Ces paroles résonnent dans l'actualité et nous incitent à rendre perceptible notre futur.

 

[*] Dossiers constamment mis à jour depuis 2016

Sources :

[1] 25 années de l'Université d'Eté de la communication 1980-2004 (vidéo) : https://www.artemondo.net/150ans-laligue/index.html%3Fp=2263.html

Civilisations numériques : des Entretiens au débat : https://www.educavox.fr/accueil/breves/civilisations-numeriques-des-entretiens-au-debat

C’est quoi l’éducation connectée ? : https://www.educavox.fr/edito/c-est-quoi-l-education-connectee

Education du futur : Apprendre à l'Ere de l'Intelligence Artificielle " COMMENT TOUT VA CHANGER " ? : https://www.educavox.fr/accueil/reportages/education-du-futur-apprendre-a-l-ere-de-l-intelligence-artificielle-comment-tout-va-changer

Le rôle et la place de l’enseignant après trois décennies de technologie à l’école - Revue HERMES :

https://www.educavox.fr/accueil/interviews/le-role-et-la-place-de-l-enseignant-apres-trois-decennies-de-technologie-a-l-ecole

Intelligence Artificielle, Intelligence Auxilliaire : https://www.educavox.fr/accueil/interviews/intelligence-artificielle-intelligence-auxilliaire

L'Intelligence Artificielle au coeur des opportunités. Joël de Rosnay lors de NETEXPLO, observatoire mondial de la transformation digitale fondé par Thierry Happe : https://www.youtube.com/watch?v=UrIfUXArZ14&t=204s

L'An@é (support associatif d'Educavox) : https://www.acteurs-ecoles.fr/l-association/

Le site Educavox  - Les ReportagesLes dossiers - Les éditosLes lettres d’info

 

Dernière modification le jeudi, 12 septembre 2024
Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.