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Traces numériques, situations de communication, apports notionnels et compétences d’écriture pour des élèves de seconde
Je synthétise dans ce billet les apports du cours sur les traces numériques que j’ai mené cette année à destination des élèves de seconde.
 
La problématique est la suivante, il convient de passer d’une pédagogie de la peur à une pédagogie de la présence et de proposer un cadre d’action dont le sens est toujours à construire. Il s’agira alors de s’appuyer sur les pratiques d’écriture des élèves afin de construire un profil professionnel.
 
Il s’agit pour moi d’envisager rapidement l’évolution avant de rentrer dans le détail des 4 blocs qui apparaissent à l’analyse de l’activité : construire la notion de trace, travailler sur un personnage fictif, construire la notion d’environnement numérique en comparant l’établissement et Facebookle, comparer les contrats sociaux à l’oeuvre dans ces environnements numériques.
 
A partir de là, j’aimerais voir les évolutions possibles de ce cours en terme de collaborations réelles, en termes de savoirs info-documentaires didactisés, en terme de pédagogie et en terme d’accompagnement de l’élève dans la construction d’une identité active.
 
Evolutions du cours
 
J’ai commencé à publier, à partir d’avril 2013, l’ensemble du cours que je fais avec les classes de seconde, au fur et à mesure de l’avancée de l’activité et en m’appuyant sur des actions antérieures expliquées dans ce billet mais aussi dans le cours que j’avais déjà publié l’année dernière (1234,5).
 
A partir de ce billet initial, j’ai publié les différentes activités mise en oeuvre ainsi que, au fil de l’eau, des éléments importants de compréhension de l’activité.
 
En voici aujourd’hui une version synthétique qui reprend le travail du work in progress et en déduit des lignes de force. S’il y a eu deux versions du cours cette année, c’est que je me suis trouvé face à un écueil de taille : l’organisation pour toucher l’ensemble des élèves de seconde a fait que l’année a été découpé en trois temps de formation.
 
Le premier a bien fonctionné mais ne me convenait pas trop. Le second a échoué, surtout parce que je n’ai pas su (et eu le temps) de remettre en cause le dispositif et surtout l’animation. Je me suis laissé enfermé dans de fausses certitudes et je n’ai donc pas construit le sens de la formation.
 
D’où cette version. Vous pouvez consulter le compte-rendu donné à la direction sur cette action(attention format tif). Vous allez trouver également dans cet article, en plus de l’article d’avril, un diaporama qui va être le fil directeur de ma présentation à l’AG du 5 juillet de l’établissement. Vous allez trouver aussi une nouvelle présentation del’organisation en bloc.
 
C’est la conclusion de l’écriture de certains articles qui me conduit à présenter ainsi le cours désormais. Enfin, il y a un élément prospective que je mets en avant : ce que pourrait être la suite de cette action dans une perspective curriculaire auquel je crois.
 
Principe : 4 blocs
 
Construire la notion de trace et de profil
A partir de là, on va faire construire une typologie des traces selon la distinction opérée par Louise Merzeau : traces déclaratives, traces navigationnelles et comportementales, traces communicationnelles, traces inscrite dans la machine.
A cette notion de trace, il convient d’associer la notion de contexte d’élaboration des traces et de contexte de réception des traces. C’est un travail sur lequel il faudra que je soit plus clair au niveau des notions et de la didactisation. Il s’agit alors de montrer enfin que les traces produisent desprofils qui sont construits par d’autres que soi : des moteurs de recherche (des automates) et c’est l’objectif de montrer l’activité en passant par l’historique google ; des personnes et c’est l’objectif de créer un personnage fictif. Je pourrais peut être aussi passer par l’idée d’identité active pour voir ce passage entre traces et construction d’un profil et pour faire le lien entre ce bloc et le suivant. A voir !
Construire un personnage fictif à partir de traces contrôlées
Après avoir construit compte et profil, les élèves vont jouer plusieurs situations de communication. Ce qui est important ici, c’est le rôle qui joue dans ces situations de communication, les deux termes sont importants et seront à construire avec plus de conviction et d’arguments didactiques l’année prochaine.
La première mission consiste à partager du lien (hypertexte) sur l’identité numérique pour ensuite produire des traces de communication autour de leur activité socio-professionnelle de jeune professionnel. La troisième mission vise à changer de rôle et à conseiller un jeune élève de seconde. L’objectif est effectivement de se mettre à la place de l’autre. La quatrième mission vise à leur demander d’évaluer un profil d’un camarade à partir de critères définis par l’enseignant. Ce serait mieux de les construire ensemble, mais je n’ai pas le temps. Enfin la dernière mission consiste à construire sa charte de communication de jeune professionnel.
Ce qui est intéressant, en conclusion, c’est de poser la question de l’empathie face à ce personnage créé. Les réponses sont étonnantes.
 
L’environnement numérique
J’ai expliqué comment j’ai procédé pour exporter une partie du cours. Il s’agit d’expliquer via les exercices proposés les environnements numériques dans lesquels nous évoluons en faisant dialoguer deux environnements particuliers : L’établissement scolaire et Facebookle.
Là aussi, il faudra définir plus clairement la notion d’environnement numérique. Il faut aussi que, d’un point de vue pédagogique, je construise de manière plus affirmé, le sens à donner aux exercices fait à la maison et que je lie mieux les temps de cours et les exercices.
Enfin, il faut que je revoie une grande partie des vidéo et des exercices qui ne correspondent pas forcément aux attentes. Pour commencer il convient dans un premier temps de définir ce qu’est une identité.
Je m’appuie alors sur la définition d’Olivier Itéanu. Il faudra cependant que je simplifie cette approche et que je mette plus l’accent sur la notion de certification que je ne trouve pas très bien amenée aujourd’hui. Il s’agit ensuite d’aborder les notions de compte, de profil et de données personnelles et sensibles et enfin d’aborder la question de l’environnement numériqueau niveau technico-industriel avant de le considérer au niveau juridique.
 
Le cadre juridique de la communication
Je viens d’en parler, il s’agit dans la comparaison entre les deux environnements choisis de montrer que le cadre juridique de chacun met en avant deux contrats fondamentalement différents.
Les différences sont dans la nature de ces contrats (pédagogique vs commercial), dans le périmètre géographique et dans les modèles économiques. Je ne peux faire qu’une ébauche pour chacun. Il serait intéressant d’affirmer de manière plus forte comment les données sont collectées en faisant un topo sur identifiant/adresse (IP, portable, MAC, mail, pseudo), moyens d’y associer des traces (cookies, divers likes) et prise de contrôle des postes usagers (rôle des applications, cybercriminalité, webcam, geolocalisation).
J’aborde ces questions mais de manière diffuse, soit dans les discussions, soit au gré d’une lecture, soit dans une situation de cours.
 
L’avenir de ce cours
 
Je pense personnellement que ce dispositif pourrait tout à fait structurer un apprentissage scolaire à condition de trouver des relais dans l’équipe enseignante et au premier chef avec le professeur principal.
 
Identité numérique et métier
L’idée de départ de ce cours est la découverte il y a quelques années dudispositif INO (identité numérique et orientation) de l’IFE :
 
En posant l’hypothèse que l’identité numérique peut être un atout pour l’orientation et le projet personnel et professionnel, les objectifs du projet INO sont de réfléchir à un support pédagogique et une scénarisation pour en accompagner la construction en s’appuyant notamment sur le e-portfolio.
 
Je souhaiterais donc construire explicitement le personnage fictif sur le travait scolaire sur l’orientation autour de la découverte d’un métier qui soit celui le plus proche des envies des élèves. A partir de là, on pourrait travailler également sur les critères de choix d’un métier. Il s’agirait alors de travailler sur des traces professionnelles, sur l’identité et l’identité numérique professionnelle, et sur la question de la professionnalité.
 
Réintroduire l’école dans le jeu
Comme je l’ai signalé, je prône une pédagogie de la présence dans laquelle l’adulte s’appuie sur les pratiques sociales numériques des élèves pour les déconstruire afin de construrie des pratiques scolaires de référence qui sont avant tout des pratiques de communication et qui font appel à la notion de situation de communication. Je pense que l’on peut par exemple faire tout un travail sur la manière de s’adresser à l’autre et sur la manière de parler de l’autre, et notamment l’adulte.
Passer d’une identité en clair obscur à une identité active
Dominique Cardon l’a montré dans un schéma devenu célèbre, les traces produites par les élèves sont plutôt de l’ordre du clair obscur. L’identité est construite autour des "j’aime" "j’aime pas". L’objectif est alors de travailler avec les élèves, à partir de leurs pratiques sur un changement de paradigme pour eux qui est l’affirmation d’un "je". Sur ce sujet, l’excellent livre de Monique Dagnaud.
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Désir et projection de l’élève
Ce n’est pas la moindre des découvertes de ce cours. A la fin j’ai demandé aux élèves s’ils étaient fiers de leur personnage fictif et beaucoup l’étaient. Certains regrettant même de devoir détruire leur compte google. Il y a effectivement beaucoup de désirs et de projections de certains élèves sur ce personnage. Clairement nous sommes dans la construction identitaire de la personne. Je pense que ce travail peut être un outil de négociation entre l’élève et le prof principal.
 
Travail d’écriture
C’est aussi une découverte pour moi (pas tant que ça tout de même). Ce travail est un travail d’écriture et il me semble qu’il peut aussi s’intégrer à ce titre dans un partenariat avec les profs de français autour de la qualité et autour des rôles dans une situation de communication.
L’auteur
Je pense également que l’on peut s’appuyer sur ce travail pour avoir une formation autour de la notion d’auteur. Qu’est-ce qu’un auteur si chacun peut créer aussi facilement un personnage fictif. On a là une accroche féconde pour un deuxième travail autour de cette notion. A partir de là, on peut aussi travailler sur l’évaluation de l’auteur, entre construction d’une expertise via les pairs et validation par un intermédiaire. Cf le dernier sujet du capes externe sur les professionnels du livre.
 
Vers la construction de son portfolio par l’élève
La suite à donner dans les années à venir me paraît évidente, accompagner un élève dans la construction de son portfolio d’apprentissage et de compétence et dans l’analyse de ses pratiques scolaires.
A partir du moment où on a dégagé la notion d’auteur, et que l’on a montré qu’un élève pouvait, avec ce personnage fictif être un auteur et exprimer une vision du monde, alors cela peut être profitable, de poursuivre dans la logique de la construction de cette identité active en utilisant d’autres outils. C’est un objectif pour l’année prochaine que de partir avec des volontaires dans la création de leur blog portfolio.
 
Le diaporama
 
Pour avoir une vision analytique de ce cours, voir traces numériques, cours en seconde
Dernière modification le mercredi, 19 novembre 2014
Peirano Richard

Passionné par tout ce qui touche à l’expérience professionnelle et à la réflexivité dans l’apprentissage au travail, je veux faire évoluer ma pratique vers l’accompagnement et la formation à l’employabilité (promotion de son identité, développement de son réseau, analyse de son activité…) et à la professionnalité (bilan de compétences et d’orientation, portfolio…) 
Je travaille depuis 2006 avec un blog portfolio de compétences qui est à la fois mon outil d’auto-apprentissage de praticien réflexif et la mémoire de mes activités et de mes pratiques. 
C’est ainsi que j’ai analysé mes pratiques dans la durée et défini mon activité et mes compétences. Travail poursuivi par un bilan de compétences (Actual 2013) qui met en avant cette dimension réflexive et formative. 
Je suis aujourd’hui enseignant-documentaliste dans un lycée avec des compétences en pédagogie et didactique autour des 3 littéracies information-documentation, communication, usages des outils numériques ; en médiation culturelle ou numérique ; en management de projet et de service et en accompagnement à la maîtrise de projets pédagogiques et culturels. 
J’interviens depuis 2007 en vacation, de manière ponctuelle ou durable, en présence ou à distance, pour des universités et grandes écoles (Le Mans, d’Angers, Rennes 2, Strasbourg, Limoges, ITIN Cergy) et des organismes de formation liés à l’éducation (IFEAP, CRDP, IFUCOME, INIST) 
Je construits et j’anime des formations sur la veille et la recherche d’informations, la promotion/gestion de son identité numérique et de sa e-reputation, le personnal knowledge management, la certification des compétences en situation, le choix des outils pour son environnement d’apprentissage personnel, les réseaux et médias sociaux auprès de lycéens, d’étudiants en formation initiale ou continue (accompagnement de projet, tutorat, enseignement) et d’adultes en formation professionnelle.
J’ai été membre du jury de CAPES interne de documentation de 2008-2012. 
J’ai aussi écrit des articles pour des revues professionnelles.