Un climat de confiance est créé entre le public par la simplicité avec laquelle le conférencier expose sa découverte de « Petite Poucette », juste avant la manifestation. Il propose, alors, de l’accompagner dans la réflexion que suscite cette lecture en relation avec son travail de recherche.
Ce chemin, le public le fait en suivant un « homme » qui fait participer à sa réflexion, accompagnant sa parole d’un support, un diaporama.
Ces allers et retours donnent le temps d’appréhender le contenu du travail du chercheur sans créer une frontière entre les connaissances des spectateurs et le savoir du scientifique.
La question est posée avec la juxtaposition d’une couverture du livre « Petite Poucette » à une image inversée de la même couverture avec la légende :
« L’homme réseau-nable Petite Poucette est-elle une personne réseau-nable raisonnable ? »
Pour qu’une analogie entre la communication dans le microcosme cérébral et la communication dans le macrocosme social soit bien comprise par les auditeurs, le neurologue joue sur les matières de l’expression que sont les couleurs et les formes. Il fait côtoyer la forme en courbe du cerveau et le carré qui contient la ronde planisphère entourée d’envois d’informations.
Il utilise concrètement les ressources de ses connaissances en design, adaptation de formes à un objectif, pour que public l’accompagne.
Pour embarquer le spectateur qui devient le compagnon de sa démarche, il continue à utiliser la technologie du diaporama. Dans la salle, chacun et chacune s’approprie la notion de « corps cellulaire » propre au cerveau, différente du « constat d’une explosion récente des réseaux de communication sociétaux ».
Ces réseaux créent « un symptôme contemporain, le paradoxe du voyage immobile », résultat « d’une duplication massive de nombreux lieux-hypercommunication-perte de complexité-Perte de différentiation ».
Une gestuelle accompagne chacune des propositions qui sont l’expression d’une pensée en mouvement, elle amène à une réflexion sur une « similitude entre une société épileptique inconsciente et un régime totalitaire ».
Opposant les deux vignettes, celle du cerveau et celle du planisphère, il définit la composition d’une société faite « d’individus conscients dont les contenus mentaux sont fortement influencés, déterminés par la société épileptique inconsciente ».
Le neurologue peut alors exposer les phases de l’épilepsie et les deux temps de l’empathie.
Travaillant sur l’analogie entre les deux systèmes, il propose de porter un regard sur la société où foisonnent les réseaux à partir de la connaissance du fonctionnement du cerveau dans le cas particulier de l’épilepsie.
Ce regard renforce la distance entre « le microcosme du cerveau » et « le macrocosme de la société ».
Cette distance donne une lecture du macrocosme sociétal. Elle est productrice d’une réflexion sur les options gouvernementales :
« La défense active de la démocratie est obligatoire pour la conscience sociétale. »
Elle reconnaît les faits que l’œuvre de Michel Serres met en récit mais elle démontre la nécessite d’une mise en débat sur les conséquences de ces faits propres à une information mondialisée dans le macrocosme sociétal.
Que s’est-il passé pendant cette heure : la transmission d’une pensée scientifique qui à tout moment fut animée par le compagnonnage d’une réflexion en marche avec des supports issus de la production numérique qui allie les connaissances du neurologue à celle du designer en utilisant les matières de l’expression, graphie couleurs, formes.
Cette transmission des connaissances donna au public le sentiment d’être digne d’accéder à un savoir qui lui permet de participer au macrocosme sociétal.
Interview de Patrick Figeac : https://www.educavox.fr/accueil/interviews/apologie-de-la-discretion-lionel-naccache-interview-aux-rencontres-michel-serres
La vidéo de l'intervention : https://youtu.be/XP9UdLM5Baw?si=iM6gSLuQmtXRjPYy
Dernière modification le jeudi, 23 novembre 2023