C’est à la Maison Européenne des Auteurs et des Autrices que les professionnels de la chaîne du livre se sont réunis pour identifier les différents défis de la lecture chez les jeunes. Au départ de ces réflexions, une série d’études ont servi à baliser les enjeux actuels. L’étude « Progress in Reading Literacy Study » (Pirls) de 2016 a notamment démontré que les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles se plaçaient nettement en dessous de la moyenne en termes de savoir-lire. Si les différences doivent être mises en regard du genre, du milieu social et des pratiques culturelles, la pratique littéracique est aussi une question de confiance et de volonté d’interaction de la part des lecteurs. Comment dès lors favoriser cette confiance et surtout le plaisir de lire ? Un des défis majeurs semble être l’intégration des nouvelles formes hypertextuelles et multidimensionnelles de l’écrit dans l’enseignement de la lecture.
Les professionnels du livre, des « passeurs » de lecture ?
Telle est la question centrale posée lors de la première table ronde de la journée.
Pour Frédérique Bertrand, illustratrice et autrice, l’essentiel de cette transmission consiste à faire valoir la lecture comme une « vie augmentée », une nécessité centrale à sa propre pratique d’écrivain. En effet, cette notion de « passeur » désigne avant tout le transfert d’une envie, d’un plaisir de la part de l’adulte. Il est donc essentiel de proposer des livres qui font sens pour le passeur.
D’après Muriel Limbosch, directrice de la Maison de la Littérature de Jeunesse Le Wolf, il faut rester positif : tous les enfants aiment les histoires. Mais le manque de transversalité en FWB peut être déprimant. « Un bon livre n’a pas d’âge, pas de sexe. Il faut travailler le contenu avant tout. Un conseil ? Venez avec vos enfants et laissez-les choisir : foutez-leur la paix ! »
Un constat qui résonne auprès de ses interlocuteurs, qui préconisent une démarche plus horizontale envers les jeunes lecteurs. Cindy Van Wilder, autrice Young Adult, témoigne d’un manque de valorisation de la littérature jeunesse, souvent considérée comme une simple passerelle vers la soi-disant « vraie littérature ». D’après elle, ce secteur fertile, peu reconnu par les professionnels du livre, offre des exemples édifiants d’échanges continus entre lecteurs sur les réseaux sociaux, signe d’un enthousiasme rare. Ces réseaux permettent en effet aux lecteurs de communiquer eux-mêmes sur leurs lectures et de créer leurs propres prescriptions. Comme le note Nancy Brijs, la lecture est plurielle. Il faudrait dès lors imaginer un travail d’expression et d’écriture, une exploration de thématiques pour mener les jeunes vers la lecture. Notamment, en adaptant les lectures à des thèmes présents dans leurs autres formes de divertissement. Ainsi, il y aurait des ponts à créer entre les thèmes des séries ou des jeux vidéo, une opportunité pour diversifier les canaux d’apprentissage.
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Dernière modification le lundi, 26 novembre 2018