Le 30 septembre 2025, une table ronde animée par Jean-Louis Bantignies, directeur délégué à la Transition Écologique et Sociétale (TES) de Polytech Montpellier, a permis à différents intervenants de définir les métiers à impact, l’importance de l’enseignement et de la formation, la nécessité de valoriser notamment auprès des filles les filières de l’ingénierie qui sont aussi irriguées par des problématiques environnementales et qui vont recruter massivement.
Les métiers traditionnels de l’industrie vont se transformer en métiers à impact
Jean-Louis Bantignies a introduit cette rencontre par l’exigence de nouvelles compétences, et le constat d’attentes fortes des étudiants et de la société. Alix Roumagnac, président de Predict Services – ancien étudiant de Polytech Montpellier – qui a commencé ses activités dans l’hydraulique, a fondé son entreprise pour « diminuer les conséquences du dérèglement climatique, sauver des vies, et faire baisser les sinistres ». Dès la création de Predict Services, un premier métier à impact a été créé, le sien, en tant que dirigeant engagé à la protection de l’environnement. Actuellement, sa structure est dans le transfert de savoir-faire à l’international. Alix Roumagnac définit les métiers à impact dans le cadre de leur valeur ajoutée. Ces métiers ont du sens et génèrent de l’enthousiasme. Pour Elsa Mellon, jeune diplômée, chargée de projets d’énergies renouvelables à Enercoop, les métiers à impact permettent des actions concrètes en lien avec les enjeux de la société. Pour la coopérative dans laquelle elle travaille, elle ajoute le critère d’une gouvernance partagée de projets vertueux d’énergies renouvelables, développés de façon alternative.
Isabelle Gianiel, diplômée en 1993 de Polytech Montpellier – même promotion qu’Alix Roumagnac – et déléguée générale de Clean Tech Vallée, rappelle que les sujets relevant des métiers à impact sont transversaux et concernent tous les domaines d’activités, pas seulement l’écologie durable.
Fabien Gil, directeur de Factory & Eden, Genvia, a indiqué l’aspect stratégique des métiers à impact, car les enjeux environnementaux sont des valeurs fortes pour les jeunes. Ils sont intéressés par les entreprises innovantes, et le recrutement est facilité. Fabien Gil a valorisé les métiers traditionnels de l’industrie qui vont selon lui se transformer en métiers à impact. Son entreprise est partenaire du Bac professionnel Pilote de ligne de production. Il se positionne dans le partenariat avec les établissements scolaires et l’enseignement supérieur : « On travaille du Bac – 3 au Bac + 3, jusqu’à la Licence Robotique et Intelligence artificielle. » Il a exprimé sa satisfaction pour l’ouverture d’une antenne d’une filière Génie industrielle par Polytech Montpellier. Ce chef d’entreprise veut aussi favoriser les parcours de réussite des demandeurs d’emploi qui souhaitent se reconvertir et qu’il faut accompagner tout comme les métiers de l’industrie, dans les activités à finalités environnementales.
Impérieuse nécessité d’attirer les filles vers les filières techniques et scientifiques
Alix Romignac suit depuis vingt ans l’actualité climatique. Il a fait part de ses inquiétudes face aux idées complotistes, aux positions de Donald Trump et a affirmé : « Désormais les métiers à impact sont une obligation car le changement climatique on y est ! »
Isabelle Gianiel a alerté sur l’impérieuse nécessité d’attirer les filles vers les filières techniques et scientifiques : « C’est une vraie problématique avec des phases de recrutement très importantes dans l’industrie qui vont s’accroître. »
Alex Larue, président de l’Agence de développement et des transitions, a précisé qu’il s’agit également de survie financière - entreprises et collectivités territoriales doivent atteindre des critères de développement durable pour obtenir des prêts bonifiés.
Jean-Louis Bantignies a posé une question sur la place du sens dans la construction du projet professionnel. Pablo Piquet, étudiant de la filière Matériaux à Polytech Montpellier, a dit être conscient de cette urgence des transitions et du changement climatique, mais il ne pense pas que cette volonté d’engagement soit partagée par tous.
Alix Romignac a présenté l’intérêt des notions d’agilité, et de l’intelligence collective pour « convaincre, inculquer des valeurs ».
Elsa Mellon a encouragé les approches systémiques pour lever les freins structurels. Elle a déploré le manque de vision à long terme, la non application de l’Accord de Paris de 2016 dans un contexte géopolitique et politique incertain.
Selon Isabelle Gianiel, les profils techniques et opérationnels doivent être dotés d’un socle de culture générale pour une meilleure adaptabilité. Elle a évoqué le sujet de l’Intelligence Artificielle (IA), grand consommateur d’énergie, mais nouvelle technologie incontournable qui est à accompagner par des outils, des formations, et une réflexion sur les différentes postures.
Pour le sujet sur la féminisation, Isabelle Gianiel constate que même des lycéennes aux profils scientifiques s’orientent dans d’autres domaines d’études. Or dans sa promotion « Sciences et technologies de l’eau » fin des années 1980 - début des années 1990, filles et garçons représentaient en proportion des effectifs équivalents. Ce n’est plus le cas – les filières techniques, le numérique, l’IA ne sont pas investis par les étudiantes.
Fatma Alilate
Polytech Montpellier : Métiers à impact, entre ambition et réalité
Table ronde du 30 septembre 2025 – soirée des partenaires Entreprises de l’Ecole Polytech Montpellier.
Animée par Jean-Louis Bantignies, directeur délégué à la Transition Écologique et Sociétale (TES) de Polytech Montpellier, avec les intervenants :
- Alex Larue, président de l’Agence de développement et des transitions ;
- Fabien Gil, directeur Factory & Eden, Genvia ;
- Isabelle Gianiel, déléguée générale, Clean Tech Vallée ;
- Elsa Mellon, chargée de projets d’énergies renouvelables, Enercoop ;
- Pablo Piquet, étudiant de la filière Matériaux à Polytech Montpellier ;
- Alix Roumagnac, président de Predict Services.
Direction de Polytech Montpellier : Lionel Torres ; Présidence de l’Université de Montpellier : Philippe Augé.