Il cite Bourdieu avec ce paradoxe "Toute offre de bien culturel augmente les inégalités" et explique que "démocratiser l’offre ne signifie pas démocratiser l’accès et encore moins la demande".
En offrant un plus grand choix dans l’offre culturelle on "subordonne la capacité à se saisir de ce qui est offert et a trier ce qui est offert à des capacités de traitement du symbolique qui sont elles mêmes construites par les sujets".
Et en déduit qu’ "en réduisant la fracture numérique on ne réduit pas la fracture culturelle".
D’expérience il sait que "ce que les jeunes vont chercher sur Internet c’est ce dont ils savent que ça existe et dont ils savent qu’ils peuvent le trouver".
Est ce qu’ils y rencontrent le savoir ?
"Il n’est de savoir que porté par une exigence de rigueur, de justesse, de vérité qui se forge dans le rapport au savoir médiatisé " précise Philippe Meirieu.
Autrement dit, savoir suppose un acte cognitif, une saisie conceptuelle.
Savoir suppose ainsi d’avoir la certitude que ce qui est reconnu comme vrai l’est nécessairement, objectivement. Mais comment s’assurer de cette vérité ?
Philippe MEIRIEU cite "trois méthodes de vérification de la vérité, la méthode expérimentale, la méthode comparatiste ,et la démarche heuristique "
Et nous "invite à nous interroger sur la pratique de la probité intellectuelle dans l’usage des technologies de l’information et de la communication".
Pour cela il renvoie aux "corollaires de la PROBITÉ " énoncés par Édouard CLAPAREDE dans son livre " Morale et politique ou les vacances de la probité " écrit à la veille de la seconde guerre mondiale que sont les principes de non-infaillibilité, de non-opportunisme, d’impartialité, d’équité, d’information intégrale, de fermeté, de l’unicité de la morale .
Déjà ce psychologue genevois, fondateur de l’École des sciences de l’Éducation (l’Institut Jean Jacques Rousseau ) et inspirateur de Piaget, écrivait en 1939 :
" le mal de notre temps , c’est peut être bien de se laisser bercer par les affirmations généreuses, mais aussi très générales, sans chercher à se représenter avec précision quels comportements elles impliquent"
Alors, comment intégrer la question de la probité dans la pratique du Elearning ?
Comment pratiquer le principe d’information intégrale avec les 140 caractères de Twitter ?
Avec la troisième interrogation : qu’est ce qu’APPRENDRE ? Philippe Meirieu semble plus optimiste.
Il considère en effet que la construction des outils du Elearning s’attache à "réfléchir dans la conception du programme sur ce qu’on met à disposition et ce qu’on demande de faire face à cela : comparer, induire, déduire, diverger... "
L’introduction, dans la conception même du Elearning, de la notion d’activité mentale individuellepermet à l’apprenant "d’accéder à des savoirs nouveaux, surmonter des obstacles et construire des modèles".
Il cite alors KANT dans son essa i "Qu’est-ce que les lumières" : "Sapere aude ! Ose penser par toi-même !"
Pour Philippe Meirieu, construire une situation d’apprentissage c’est permettre l’interaction avec des documents, "de ressources, de contraintes, de règles, de modes de fonctionnement".
Et bien sûr, "une situation d’apprentissage n’est pas une situation d’information".
Claude TRAN
Dernière modification le lundi, 10 novembre 2014