Dès son premier cri, dès son premier regard, le bébé est d’emblée en confiance, éprouvant dans sa chair que sa vie sera faite d’altérité.
Le petit homo sapiens est un être de désir qui ressent que s’il veut se nourrir, dormir, s’apaiser, sourire, se tenir debout, être et devenir, il lui faut s’engager, s’élever en accordant ce corps en mouvement avec son être intérieur. Le bébé sait qu’un corps seul, cela n’existe pas. Que le corps est traversé, touché par des rencontres et que chacune vient marquer sa croissance. Humaine, non humaine, végétale, animale, terrestre… Toutes sont des nourritures essentielles. L’enfant, alors qu’il a un rapport charnel a la terre, le perd dès les premiers mois de sa vie tant notre culture qui prône le tout sécuritaire, obstrue tout horizon, toute possibilité de nourrir sa vie intérieure.
Sophie Marinopoulos pose le constat que notre esprit rationnel pris dans des logiques d’efficacité, colonise la pensée naissante de nos enfants, en les privant dès la crèche et l’école maternelle, de mouvements, d’expériences sensorielles créatrices, d’appétence pour découvrir, comprendre, se familiariser avec leurs environnements.
Elle observe comment les approches pédagogiques sont obsédées par un objectif à atteindre dès l’école élémentaire, et ignorent le cheminement si précieux et singulier que tout enfant doit explorer. Leurs gestes que l’on cherche à standardiser appauvrit leur singularité. Privé de leur appétence à devenir ils se dépriment, consomment au lieu de jouer, ne cherchent plus à comprendre un monde qui n’est pas enviable. Au cœur de notre société connectée, le bébé humain reste avide de liens et tente de nous attirer dans son univers d’affection qui rappelle que l’écran n’est pas un parent comme les autres.
Sophie Marinopoulos est psychanalyste, spécialiste reconnue de l’enfance et de la famille. Elle a écrit de nombreux ouvrages parmi lesquels Dites-moi à quoi il joue. Je vous dirai comment il va et Elles accouchent et ne sont pas enceintes (LLL).
Sophie Marinopoulos sera l'invitée :
De l'émission GRAND BIEN VOUS FASSE, sur FRANCE INTER, le 10 janvier