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L'humanisme, fondement de nos valeurs depuis cinq siècles,  n'a pas su nous épargner les paroxysmes de l'horreur humaine, qui marquèrent au fer rouge le XXe siècle. Jamais les hommes n'ont connu tant de progrès scientifiques et tout à la fois tant de tueries et  d'autodestructions si systématiquement organisées, avec tant de démesure technologique.

Il semble que le progrès scientifique et technique ne s'accompagne d'aucun progrès de l'esprit humain; de sorte que la puissance matérielle fulgurante dont l'homme dispose désormais favorise ces dérives monstrueuses, sans que la conscience des uns puisse endiguer les pulsions  destructrices des autres. Espérons seulement que le pire n'est pas à venir pour le 3e millénaire, car rien n'est moins sûr…

La culture scientifique et technique est devenue un enjeu majeur de la culture générale

Notre culture humaniste héritée du XIXe siècle doit donc s'ouvrir à la science et à la technologie. C'est aussi une nécessité économique pour les chefs d'entreprises. La culture scientifique et technique, telle que nous l'entendons, c'est l'ensemble des activités culturelles et sociales de vulgarisation scientifique, technique et industrielle, qui sont proposées aux citoyens (enfants et adultes) dans les médias,  les musées, ou lors d'événements publics, au-delà des institutions scolaires ou universitaires de formation et de recherche. En ce qui concerne le théâtre, la musique, la danse, les arts et les humanités, on comprend bien de quoi il s'agit. Et c'est une part importante de nos loisirs. En ce qui concerne la science et la technologie, cela paraît encore à beaucoup une activité rébarbative ou réservée à des spécialistes. La plupart d'entre nous demeurons fixés sur notre tradition  "humaniste", malgré son échec face à la barbarie de notre siècle, sans faire l'effort nécessaire pour l'élargir aux grands défis de la science et de la technologie.

Dernière modification le lundi, 29 juin 2015
Fischer Hervé

Artiste-philosophe, né à Paris, France, en 1941. Double nationalité, canadienne et française. Hervé Fischer est ancien élève de l'École Normale Supérieure (rue d'Ulm, Paris, 1964). Il a consacré sa maîtrise à la philosophie politique de Spinoza (sous la direction de Raymond Aron), et sa thèse de doctorat à la sociologie de la couleur (Université du Québec à Montréal). Pendant de nombreuses années il a enseigné la sociologie de la culture et de la communication à la Sorbonne-Paris V (Maître de conférences en 1981). A Paris il a aussi été professeur à l'École nationale Supérieure des Arts décoratifs (1969-1980). On lui doit de nombreux articles spécialisés, participations à des ouvrages collectifs et conférences dans le domaine des arts, de la science et de la technologie, en rapport avec la société. Parallèlement il a mené une carrière d'artiste multimédia. Fondateur de l'art sociologique (1971), il a été l'initiateur de projets de participation populaire avec la radio, la presse et la télévision dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine, avant de venir s'installer au Québec au début des années 80.