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La campagne de Tunisie est le dernier épisode des combats engagés depuis l’été 1940 en Afrique du Nord, contre les unités germano-italiennes. Ce combat oublié débuté en novembre 1942 et achevé le 13 mai 1943 est aussi la dernière bataille des Forces Françaises Libres avant la réunification de l’Armée Française. Cette épopée de soldats courageux est mise à l’honneur par une exposition au Musée de l’Armée – Invalides, à Paris.

« La mémoire vécue s’estompe »

A l’inauguration de l’exposition, le Général Robert Bresse, Président de la Fondation de la France Libre, a rappelé avec émotion que les soldats de la Seconde Guerre mondiale sont désormais très peu nombreux : « Nous arrivons à un moment où la mémoire va s’effacer. La vraie mémoire celle des acteurs, la mémoire vécue s’estompe et vient le temps des historiens. » Les soldats du Général Leclerc né Philippe de Hauteclocque (1902-1947) disposaient de moyens dérisoires. Les véhicules étaient « bricolés » pour s’adapter au désert : allègements, pas de surfaces vitrées pour éviter l’ensoleillement, désensablement…

2023 est une année de commémorations ; c’est le quatre-vingtième anniversaire de la création de la 2ème Division Blindée parfois appelée Division Leclerc. Dès 1941, Leclerc mobilise ses soldats, la Colonne Leclerc gagne la bataille de Koufra dans le Sud-Est de la Lybie. En février 1943, la Colonne Leclerc est rebaptisée « Force L » et devient 2ème DFL, puis 2ème DB en août 1943. Les soldats venaient principalement des Forces Françaises Libres et de l’Armée d’Afrique.

Mais le 20 mai 1943 pendant le défilé de la Victoire à Tunis, les Forces Françaises Libres défilent séparément des troupes françaises d’Afrique du Nord. Le processus d’unité est complexe car il y a des désaccords. Un affrontement politique oppose les Généraux Charles De Gaulle (1890-1970) et Henri Giraud (1879-1949) sur la question de la subordination de l’outil militaire au pouvoir politique. Comme le précise le Général Henry de Medlege, Directeur du Musée de l’Armée : « Cette campagne charnière est aussi le moment où le bon sens l’emporte sur le camp à choisir. Ainsi, elle sera la première étape d’un processus de reconstruction et de réarmement de l’armée française pour participer à la Libération de la France et à la Victoire. »

« France Forever »

1 Le général Leclerc lors de la campagne de Tunisie avril 1943 Musée de lOrdre de la Libération

La Note circulaire de Leclerc du 12 mai 1943 prêtée par la Fondation de la France Libre témoigne du sens politique de Leclerc. Comme l’indique Vincent Giraudier, Commissaire de l’exposition, Leclerc appelle à l’union des forces combattantes au profit du Général de Gaulle qui incarne l’autorité depuis l’appel du 18 juin 1940 – il était convaincu que les opinions publiques et les combattants imposeraient cette union.

Respectueux de ses soldats – de toutes origines et de toutes religions – Leclerc « agissait pour que tous ses hommes soient informés de la situation politico-militaire et connaissent sa vision ». Dans cette reconstitution des événements, des soldats sont mis à l’honneur comme Félix Tilly (1904-1963) qui s’est emparé avec beaucoup de courage de la Radio d’Alger perturbant les forces françaises qui s’opposaient au Débarquement. Cet engagé volontaire s’est illustré plusieurs fois.

L’exposition permet une certaine proximité par la présentation d’objets usuels (cartes, dessins…) ayant appartenu à des compagnons de la Libération. Nous découvrons des photographies de soldats de la Force L du Général Leclerc - soldats venus du Tchad d’origine européenne et tirailleurs des territoires colonisés. L’armée américaine ségrégationniste s’était opposée à la présence de troupes noires au sein d’une division blindée.

Le parcours est illuminé par le « Mobile à la Croix de Lorraine » d’Alexander Calder (1898-1976) / 1942 – dit « France Forever » ; les ombres projetées sur les côtés latéraux des murs offrent de l’épaisseur à cette œuvre engagée, forte en symboles. Le sculpteur américain l’a offert au mouvement de soutien à la Résistance française fondé en septembre 1940 aux Etats-Unis. Calder était très actif pour défendre la France Libre. Ayant vécu en France, il a aussi aidé des artistes à se réfugier aux Etats-Unis. C’est par le mécénat du CIC que l’œuvre a rejoint les collections du Musée de l’Armée, en 2019.

Exposition Les combats oubliés des Forces Françaises Libres : La campagne de Tunisie

Musée de l’Armée - Hôtel national des Invalides - Historial Charles de Gaulle - 129, rue de Grenelle - 75007 Paris
Commissariat : Vincent Giraudier, chef du département de l’Historial Charles de Gaulle
Jusqu’au 17 septembre 2023
https://www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/les-combats-oublies-des-forces-francaises-libres-la-campagne-de-tunisie.html
Exposition réalisée en partenariat avec la Fondation de la France Libre et avec le soutien du Musée de l’Ordre de la Libération.

Crédits photo : Après la conquête du Fezzan (Libye), les troupes de Leclerc, intégrées à la VIIIe armée britannique sous le nom de force L, prennent part aux combats de Tunisie  © ECPAD
Le général Leclerc lors de la campagne de Tunisie, avril 1943 © Musée de l’Ordre de la Libération

France Forever - Alexander Calder, 1942 © Musée de l'Armée

Fatma Alilate

Dernière modification le mercredi, 31 mai 2023