Les projections de l’UNESCO, présentées dans le cadre du Forum politique de haut niveau des Nations Unies pour suivre l’avancement des objectifs de développement durable, montrent qu’en 2030, un enfant sur six âgé de 6 à 17 ans sera encore exclu du système scolaire alors que tous les enfants devraient être scolarisés. Les prévisions montrent également que 40 % des enfants dans le monde n'achèveront leurs études secondaires, un chiffre estimé à 50% pour l’Afrique subsaharienne où la proportion d’enseignants qualifiés est en déclin depuis 2000.
Produite par l'Institut de statistique de l'UNESCO et le Rapport mondial de suivi sur l'éducation, la publication Respecter les engagements : les pays sont-ils en bonne voie d’atteindre l’ODD?, présente de nouvelles projections d’autant plus préoccupantes si l’on considère que les objectifs pour l’éducation appellent les pays à s’assurer que non seulement chaque enfant aille à l’école, mais qu’il y reçoive également une éducation de qualité.
Selon les tendances actuelles, les taux d'apprentissage devraient stagner dans les pays à revenu intermédiaire, et baisser de près d'un tiers dans les pays francophones d’Afrique d'ici 2030. De plus, sans une accélération rapide, 20% des jeunes et 30% des adultes dans les pays à faible revenu ne seront toujours pas en mesure de lire d’ici la date fixée pour l’élimination de l’analphabétisme.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 insiste sur le fait de ne laisser personne pour compte. Or, seulement 4 % des 20 % d’individus les plus démunis dans les pays les plus pauvres achèvent leur deuxième cycle d’études secondaires, contre 36 % dans les pays les plus riches. L'écart est encore plus significatif dans les pays à revenu intermédiaire inférieur.
En 2015, le Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO a identifié un déficit de 39 milliards de dollars pour la réalisation de l’ODD 4. Malgré cela, le financement pour l’éducation stagnent depuis 2010.
« Les pays ont besoin de données plus nombreuses et de meilleure qualité pour cibler les politiques et tirer le meilleur parti de chaque dollar investi pour l'éducation », a déclaré la directrice de l'Institut de statistique de l'UNESCO, Silvia Montoya. « Les données sont une nécessité - et non un luxe - pour tous les pays. Pourtant, aujourd'hui, moins de la moitié des pays sont en mesure de fournir les données nécessaires pour suivre les progrès vers l'objectif mondial de l'éducation. Quel est l'intérêt de fixer des objectifs si nous ne pouvons pas les suivre ? Un meilleur financement et une meilleure coordination sont nécessaires pour soutenir les pays, combler ce manque de données et, plus important encore, progresser avant que nous ne nous rapprochions de l'échéance ».
Une publication complémentaire du Rapport mondial de suivi sur l'éducation Beyond Commitments: How countries implement SDG 4 [Au-delà des engagements : Comment les pays mettent en œuvre l’ODD 4] analyse les politiques que les pays déclarent avoir mises en œuvre depuis 2015 pour atteindre les objectifs en matière d’éducation et la nécessité d’aligner les plans nationaux d’éducation avec l’ODD 4.
Selon Manos Antoninis, Directeur du Rapport mondial de suivi sur l'éducation : « Les pays ont interprété de façons très différentes les cibles de l’objectif global de l'éducation. Cela semble logique étant donné qu’ils avaient des points de départ différents. Malgré cela, ils ne doivent pas trop s'écarter des engagements qu’ils ont pris en 2015. Si les pays mettent leurs plans en adéquation avec les engagements dès maintenant, ils pourront se remettre sur les rails d'ici 2030 ».
Le Rapport montre que de nombreux pays donnent la priorité à l’équité et l’inclusion depuis 2015 en vue d’atteindre leurs obligations. À cet effet, des chèques-éducation ont été émis en Bolivie pour les étudiants autochtones, les frais de scolarité ont été supprimés pour les plus démunis au Vietnam et des transferts monétaires conditionnels ont été accordés aux réfugiés en Turquie et aux enfants présentant une incapacité intellectuelle sévère en Afrique du Sud.
L'apprentissage a été également privilégié : un tiers des pays ont introduit des évaluations des acquis pour examiner les tendances au fil du temps, et un pays sur quatre a eu recours aux résultats de ces évaluations pour réformer ses programmes.
Les synergies les plus faibles entre les plans des pays et les engagements de ces derniers en matière d'éducation résultent du manque de collaboration intersectorielle, qui pourrait être comblée que grâce aux efforts pour associer l’éducation de la petite enfance et la santé, puis l’éducation et le marché du travail.
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