Le désir d’utiliser ces outils est resté fort tout au long de l’année. Cela tient d’une part à l’attrait des objets eux-mêmes mais aussi aux situations pédagogiques d’écriture mises en place. Dans un cas comme dans l’autre le fait que ces écrits soient dès leur conception pensés comme des messages destinés à quelqu’un ( les parents) a maintenu les élèves dans une situation de rigueur et d’exigence pour la réalisation de leurs articles. Ceci n’a pas faibli et les questionnements en cour d’année sur le fait de continuer ou cesser d’écrire ont toujours vu l’expression de leur désir de poursuivre à écrire.
Pour l’enseignant aussi c’est un facteur de motivation et de maintien de la continuité de la réalisation des écrits. Une sorte d’engagement moral vis à vis des parents et des élèves eux mêmes à poursuivre le travail d’écriture. Il s’établit une sorte de rituel autour de l’écriture qui dans nos projets en Grande Section est resté collective .
Ce rituel semble poser un cadre pour le groupe classe, et lui permet aussi de définir une sorte "d’identité du groupe classe". En écrivant collectivement ces messages, les élèves écrivent aussi l’histoire de la classe et ces écrits arrivent à former un socle commun explicite, sorte de fondation du groupe autour d’un pacte d’écriture auquel l’enseignant collabore.
De ce point de vue ces situations d’écritures renforcent chez ces élèves les capacités d’intégration à un groupe, leur donnent du sens et une certaine "matérialité". Les messages même si ils sont numériques seront des traces tangibles qui persisteront et dépasseront l’existence "réelle" du groupe.
Point n’est besoin de rappeler combien il est important, pour qu’une classe travaille en bonne intelligence, de construire le groupe classe , de lui donner une identité forte, de faire en sorte que les élèves puissent construire le sentiment d’appartenance à une communauté. Cet effet n’était pas forcement attendu lors de la conception du projet mais il se révèle être un facteur qui nous encourage à poursuivre dans cette voie.
En revanche des effets attendus ne se sont pas manifestés à la hauteur de ce que nous avions prévu. La participation des parents et particulièrement les retours sur les publications ont été très faibles. Seul une petite minorité des parents, un petit "noyau dur" a effectivement posté des retours (commentaires sur le blog et messages sur Twitter) sur les activités d’écriture de la classe.
Nous avons constaté que chacun de ces retours provoquait chez les élèves, un grand plaisir et une envie de poursuivre leur travail d’écriture.
Il nous faut à présent chercher à faire venir les parents plus massivement dans les espaces numériques proposés par les classes ; pour cela nous pensons développer nos projets dans deux directions.
Dans les contenus nous pensons à solliciter les parents plus directement, poser des questions , demander de l’aide... et demander aux élèves, au moins au départ, d’être les relais de ces demandes à la maison.
La seconde piste consiste à proposer en plus des messages de la classe un contenu en ligne qui soit susceptible d’intéresser plus directement les parents. Pour cela il serait intéressant d’utiliser l’an prochain Evernote ; un software permettant aux élèves de produire des "notes" et de les stocker dans le Cloud.
Evernote pourrait permettre la mise en place d’une sorte de micro-ENT de classe regroupant parents, élèves et enseignant. L’avantage d’ Evernote par rapport à un ENT classique réside dans le fait que grâce aux tablettes les élèves peuvent publier eux même sur leur carnet ou celui de la classe. En grande section pour des élèves non lecteurs qui ne manipulent pas encore les fichiers et ne se repèrent pas dans une arborescence, c’est un avantage considérable.
Chaque élève pourra ainsi alimenter un carnet personnel de travail visible uniquement par ses parents. Un carnet de classe sera aussi proposé et nous espérons que si les parents prennent l’habitude de consulter le carnet de leur enfant en ligne, ils iront aussi consulter le carnet collectif de la classe.
La encore les élèves pourront servir de relais dans les familles.
Les choses avancent dans le domaine du numérique à l’école. Dépassé le temps où il fallait faire entrer le numérique dans les classes (en y installant des machines) l’heure est peut-être à faire en sorte que l’école investisse les Mondes Numériques, que les élèves puissent s’y repérer, y travailler, y communiquer et peut-être y entrainer aussi leurs parents.
Dernière modification le vendredi, 17 juin 2016