Faut avouer, c'est tellement fatiguant de ne pas penser comme tout le monde... !
Mais alors dans ce processus, on fait comment pour s'y retrouver ?
André Tricot, chercheur à l'accent chantant démystifiait bon nombre de préjugés en pédagogie à Eidos64, à Bayonne.
Des mythes concernant l'apprentissage et le numérique, vous en connaissez par coeur, vous les avez vus des dizaines de fois relayés par des mass-médias, un cadre d'une école Waldorf nous explique dans un documentaire diffusé la semaine dernière (en 2018, donc) : les digital natives savent (par magie) se servir des écrans, c'est à dire des applications, justement conçues pour être ergonomiques et donc suppriment par cette facilité d'usage, de fait, toute nécessité de comprendre pourquoi et comment elles sont fabriquées, quels intérêts elles servent, si par hasard il serait opportun de vérifier les informations captées sur le net.
Non, tout ça, les digital natives savent le faire, car ils sont nés avec un écran dans la main. De mon côté, j'avoue, ça me donne envie d'avoir plus souvent dans les mains un instrument de musique, puisque ce geste suffit à savoir comment on s'en sert.
Bien sûr, il y a aussi, dans le même mouvement, cette mythologie de l'autodidaxie, car c'est bien connu, apprendre seul c'est simple, rapide et efficace. Surtout avec un écran. Parce que bien sûr, l'effort d'apprentissage est annulé, d'ailleurs il s'annule de lui-même quand on allume l'écran, vous l'aurez sans aucun doute expérimenté grâce à votre travail et votre vie personnelle. L'énorme succès des Moocs le montre assez bien, seulement 90% d'abandon.
Seulement voilà, ces mythes voyagent tellement, qu'ils finissent par s'ancrer dans les esprits, pour devenir faits établis. Oui, bah... un monde de l'à peu près, c'est pas si grave, finalement... non ?
Il y a une légère confusion sur l'idée d'action, manipulation pendant, et en faveur de l'apprentissage.
Mais si, quand vous avez besoin d'apprendre quelque chose, levez le bras, vous allez tout de suite apprendre mieux et plus vite. Si jamais, en plus, vous levez la jambre, là, vous allez pouvoir appliquer vos nouveaux savoirs dans la minute.
N'hésitez pas à partager vos photos bras et/ou jambes levés : #actionapprendremieux
Résultat des courses :
Il y a aussi, véhiculée à grand coups de produits dérivés en veux-tu en voilà, l'idée très ancrée que les élèves apprennent mieux quand ils découvrent par eux-mêmes. Pourquoi cet engouement ?
Résultat des courses, si la démarche d'investigation n'est pas explicitée elle-même, donc apprendre à apprendre (quelque part), ça marche moyen, voire pas trop, voire vraiment pas terrible :
A. Tricot a ensuite décortiqué une innovation que vous connaissez aussi par coeur car elle fût LA technique de management pronée ces dernières années, la solution miracle à tous les maux : la pédagogie par PROJETS.
D'ailleurs effectivement c'est une innovation totale, comme l'explique A. Tricot, en relevant que le chef d'oeuvre des compagnons du devoir, au 15ème siècle, était une forme de pédagogie par projet.
La même pour l'académie royale d'architecture, au... 18ème siècle.
Pour aller plus loin sur cette notion de projet :
Ainsi donc, ce qui est important n'est pas moins le projet que l'explicitation de la méthode "projet" :
Bon, et donc, concernant nos moutons... Le numérique pour apprendre, ça apporte quoi ? :
Conclusion des conclusions ?
Est-ce à dire que l'agnosticisme prévaut, qu'il faut connaître toutes les techniques d'enseignement pour appliquer celle qui sera la plus adaptée aux élèves, l'adapter à son propre style d'enseignement, accessoirement aux moyens dont on dispose, en corrélation avec le niveau des élèves, et expliciter la démarche d'apprentissage pour la rendre efficace ?
(ou pas)
Diapositives extraites de la présentation d'André Tricot que l'on trouve ici en intégralité : http://eidos64.fr/programme-2018/
Illustration issue de l'oeuvre d'Isabelle Kessedjian : https://www.lecoindescreateurs.com/tableau-decoration-fille-maitresse.html
Dernière modification le vendredi, 28 septembre 2018