L’école c'est le lien social, la construction de groupes qui accélèrent l’autoapprentissage, et conduisent au savoir vivre ensemble
Les enseignants, ils guident l’apprenant dans sa recherche de documents et de pédagogies qui lui conviennent et expliquent mieux que l’ordinateur lorsque c’est possible. Ils établissent des relations humaines qui rendent l’apprentissage motivant, évitent l’ennui, introduisent du jeu constructif, l’émulation ...
Quelles sont les conséquences de la numérisation des supports et de la dématérialisation des contenus sur l’apprentissage ?
C'est la diffusion rapide, gratuite, mais c'est une avalanche d’information qu’il faut maîtriser, avec l’aide des enseignants et de tuteurs.
En matière de supports et de contenus, quelles sont les attentes des enseignants ?
Elles sont très variées selon les enseignants et les matières : variété d’approches pédagogiques du même sujet, réservoir d’idées d’illustrations, documents de référence bien organisés (textes, photos, videos, jeux sérieux, simulateurs, TP virtuels et à distance)
Formation des codeurs : le privé est il en train de préempter le secteur ?
Coder est un tout petit aspect de l’informatique : il faut aussi des algorithmes, des méthodes scientifiques, des logiques sous jacentes qui exigent une formation générale lourde pour s adapter à l’évolution très rapide du métier. J’ai appris au moins 20 langages dans ma vie, et heureusement les principes sous jacents, appris dans des formations générales, sont restés globalement les mêmes. De plus le niveau sémantique du codage a beaucoup évolué et va beaucoup évoluer. Déjà aujourd’hui on prototype souvent dans des langages de très haut niveau comme Mathematica (qui exige une formation sérieuse en math et info théorique) pour ensuite générer automatiquement le code. Et cela se fera de plus en plus. Que deviendront alors les simples codeurs?
LA formation initiale c’est former pour la vie et pas seulement pour les premières années ...
Qu'est-ce que le projet uTOP que vous proposez ?
Permettez moi de commencer par un constat confirmé par le dernier rapport de notre Ministère sur sa stratégie numérique
• L’enseignement supérieur est l’un des derniers secteurs d’activité qui n’ait pas encore exploité pleinement les possibilités du numérique, pourtant arrivé à maturité sur le plan technique.
• Aujourd’hui on ne sait pas fournir à tous les citoyens, en particulier aux publics empêchés, un accès efficace et généralisé aux formations métiers nécessaires à l’insertion professionnelle. Les raisons principales sont l’éclatement de l’offre et le manque de coordination.
• Les acteurs du développement économique ne peuvent pas trouver rapidement les qualifications nécessaires à la reconquête de la compétitivité par la compétence et l’innovation.
• Si 100 % des entreprises du CAC40 utilisent la formation à distance, seules 6 % des PME y ont recours.
• Le service public de l’enseignement supérieur a vu sa part du marché de la formation continue décroître rapidement. Elle n’en représente plus que 6%.
• A l’international, l’offre française de FOAD est ponctuelle et peu visible, sur un marché en croissance rapide et de plus en plus concurrentiel.
• La francophonie attend beaucoup de la France et doit pourtant se tourner vers d’autres pays.
Soulignons la récente création par l’administration OBAMA de l’Agence pour l’e3 éducation ARPA3ED et l’ouverture de la plateforme de formation gratuite à distance MITx.
Face à ces enjeux, la majorité des pays développés ont créé des Universités Ouvertes comme l’Open U en Angleterre aujourd’hui active en France, la TELUQ au Québec, l’Université ouverte de Catalogne, l’Université Virtuelle de Tunis, Uninettuno en Italie, …
Il faut réagir rapidement …
Lors de sa présentation d’IDEFI, notre Ministre nous a proposé de rêver des projets de formation ambitieux, innovants, structurants, à fort impact sociétal et économique. Et bien rêvons d’un mécanisme coopératif qui associe les grands acteurs de la formation, pour permettre :
• à tout citoyen d’accéder facilement à une offre globale de formations modulaires à distance, d’en visualiser le contenu, de s’y inscrire, d’en suivre les formations, et de cumuler des crédits pour obtenir des diplômes. Et ceci en tout temps, en tout lieu, et tout au long de la vie ;
• et permettre également à tout organisme d’accéder à un guichet d’accueil capable d’étudier ses besoins de FOAD, d’adapter des formations existantes ou de créer des formations nouvelles, en impliquant les acteurs les plus compétents.
Ce rêve est peut être une utopie, mais au sens étymologique du terme, c’est à dire un idéal qui donne un sens à l’action.
Les acquis pédagogiques, techniques et méthodologiques de la Fondation UNIT et de ses 60 membres permettent de franchir dès maintenant une première étape vers cet objectif ambitieux : c’est le projet uTOP.
De quoi s’agit il ?
Le projet uTOP va construire rapidement en 4 ans un démonstrateur d’Université de Technologie Ouverte pluripartenaire. Il est crédible par sa taille, de l’ordre du dixième d’une Université de Technologie, et par la diversité et la complémentarité des opérations pilotes qu’il propose :
• La première consiste à diffuser des résultats opérationnels de la recherche publique vers les entreprises, en priorité les PME, par la formation à distance ;
• La seconde vise la conquête d’un marché national et international en exploitant des modules de formation existants dans le domaine de la géomatique ;
• La troisième opération cible des formations à distance centrées sur les métiers de la montagne, dans le cadre d’un pôle de conversion économique.
De plus des analyses du marché menées avec des entreprises, des fédérations professionnelles, des donneurs d’ordres de formation publics et privés définiront d’autres formations attendues par le milieu économique.
⇒ uTOP va créer pour cela 120 modules de Formation à distance, de 30 heures d’équivalent présentiel chacun.
⇒ Ils tirent parti des 3400 ressources numériques d’UNIT et d’IUT en Ligne.
⇒ L’ensemble de ces modules constituera un prototype d’ « atelier flexible de construction » de nouvelles formations.
⇒ uTOP fonctionne comme une « place de marché ». C’est un lieu de confluence entre la demande et l’offre de formation, les offres de services, et la démarche de répartition des responsabilités et des tâches entre partenaires.
⇒ C’est un acteur d’intermédiation entre le monde économique et les établissements d’enseignement supérieur.
⇒ Et c’est aussi un outil collectif de reconquête de la formation continue, de développement de la formation tout au long de la vie, et de rénovation de la coopération universitaire internationale.
⇒ Il alimentera en particulier en modules de FOAD l’Association Internationale de l’Espace Numérique ouvert pour la Méditerranée e3OMED qui regroupe 70 Universités de 14 pays, et qu’UNIT a contribué à créer.
⇒ Pour des raisons d’efficacité, uTOP fédère initialement les moyens techniques et humains d’un nombre limité de 14 partenaires et 11 partenaires associés, publics et privés, très complémentaires : Universités, Ecoles, CNAM, Entreprises, Centre de ressources informatiques.
⇒ Il impliquera ensuite graduellement d’autres partenaires volontaires dont le nombre croit de jour en jour, en particulier des membres d’UNIT : déjà 7 lettres de soutien dont la CDEFI et Cap Digital, une vingtaine d’organismes intéressés par le concept dont la CPU.
uTOP est innovante :
• c’est une Université ouverte qui n’existe pas en France, adaptée au contexte national,
• elle adopte un fonctionnement coopératif qui évite les concurrences inutiles entre établissements et les implique dans les actions comme dans les décisions.
• uTOP distribue les tâches selon une logique originale de « place de marché »
• Elle diffuse largement les innovations pédagogiques et techniques passées et futures, validées par ses partenaires, souvent dans le cadre de projets cofinancés par UNIT.
• elle contribue au comblement du fossé entre formation initiale et continue.
• elle utilise un mécanisme original de diffusion des formations, basé sur le réseau de portails ORIPOAI lancé par UNIT.
• Enfin uTOP exploitera les résultats des projets GENERIC3SG et SUP E3Educ soutenus par les Investissements d’Avenir
Quel est l’impact d’uTOP ?
Sur les établissements :
• uTOP dynamise la FOAD et la formation continue, apporte de nouveaux marchés, introduit coopération et coordination, tout en mettant en valeur leurs points forts.
• Les formations orientées métiers, la formation des tuteurs, et le vécu de la formation à distance auront des retombées directes sur la formation initiale et sa professionnalisation.
Sur les UNT et UNIT :
• uTOP développe les usages de leurs ressources numériques.
• Elle les amène à s’intéresser aux formations et non plus seulement aux ressources numériques.
Sur les individus :
• uTOP simplifie l’accès à un nombre croissant de formations à distance, d’établissements, de services, de diplômes, et de pédagogies.
Sur le milieu économique :
• uTOP introduit une nouvelle coopération public3privé, accélère la construction de formations à la carte et la formation permanente des cadres techniques des PME.
• uTOP constitue un guichet d’accès efficace à l’ensemble des établissements partenaires.
Au niveau national :
• uTOP apporte dynamique, visibilité, et coordination à l’offre publique de FOAD
Au niveau international :
• uTOP renforce la position de la France sur le marché de la FOAD, met en valeur ses formations et ses établissements, et fournit des modules adaptables au contexte du Sud.
Enfin uTOP approfondit la collaboration Universités 3 Grandes Ecoles engagée dans UNIT depuis des années.
Ce projet est réaliste :
• En effet de grands acteurs publics de la formation technologiques et de la FOAD apportent leur savoir faire à uTOP ;
• Ils disposent de solides réseaux relationnels, au niveau des entreprises, de l’international, des donneurs d’ordres de formations, des collectivités locales, … ;
• Ils ont l’expérience des coûts, des outils et de la pédagogie de la formation à distance ;
• UNIT a validé les mécanismes de collaboration, de répartition de tâches, et de prise collective de décisions nécessaires au fonctionnement distribué d’uTOP ;
• Enfin des formations existantes seront rapidement intégrées à uTOP pour en enrichir l’offre initiale.
Citons quelques réussites qu’uTOP va démultiplier :
• La réponse collective de partenaires d’UNIT à des demandes de FOAD de France Télécom, coordonnée par UNIT. Elle préfigure le fonctionnement d’uTOP ;
• Le projet e3arabic d’assistance numérique à l’enseignement de l’arabe en Jordanie avec Orange. Répondant à un appel d’offres international de la banque mondiale, il a reçu un prix de l’UNESCO ;
• L’exportation de modules de FOAD en géomatique vers l’Afrique subP saharienne et le Maroc ;
• Une démarche pédagogique très originale pour la formation en Thermodynamique, utilisée par des centaines d’enseignants et des milliers d’étudiants.
L’avenir d’uTOP au delà d’IDEFI ?
• uTOP montera en puissance, par augmentation graduelle des nombres de modules, de partenaires, de disciplines.
• Son modèle économique s’appuie sur tous les financements mobilisables, publics comme privés.
• uTOP finance le fonctionnement de ses formations de manière décroissante pour qu’elles atteignent l’autofinancement avant la fin du projet IDEFI.
• L’expérience du projet permettra de préciser la structure juridique, financière et organisationnelle de l’uTOP postPIDEFI.
Et pour conclure :
Le développement de la FOAD est inéluctable en France comme dans les autres pays, mais :
• à quel rythme,
• dans quels organismes publics ou privés, français ou étrangers,
• avec quel degré de coordination,
• en ciblant quels publics dans quelles conditions financières.
Le soutien de l’état à uTOP est nécessaire pour accélérer le processus, atteindre rapidement
une taille critique, et rattraper notre retard, tout en mettant l’accentsur :
• la qualité des formations et des services
• la coopération entre acteurs tant publics que privés,
• la valorisation et la mutualisation de l’existant,
• la modularité,
• et plus généralement sur le service public …