N’allez pas croire que passionné de l’info signifie lecteur assidu de presse papier et tempes grises ou blanches : depuis trois ans, le public est chaque année plus nombreux et plus jeune.
La Ligue de l’Enseignement de Lot et Garonne contribue modestement à ce rajeunissement en partenariat avec le Conseil Départemental et l’agglomération Val de Garonne. Elle fait participer au festival des groupes de jeunes (15 ans- 25 ans) et même de très jeunes (8 ans- 13 ans). Cela s’inscrit dans un travail d’éducation aux médias et à l’information mené au cours de l’année avec les écoles, collèges, lycées et centres de loisir du département. Des journalistes du groupe « Le Monde » sont venus en amont préparer ces journées avec eux.
Bien évidemment les deux groupes, « les grands » et « les petits » n’ont pas les mêmes activités mais ont des moments riches de vie commune et le but de cette immersion au cœur de l’info est le même : appréhender la fabrique de l’information et le travail des journalistes, sensibiliser à la nécessaire indépendance de la presse…
La Parole aux jeunes :
« Les jeunes du Lot et Garonne s’emparent du thème … et prolongent les débats à leur façon » C’est ainsi que sont libellées, dans le programme officiel du Festival, les plages attribuées aux « grands »chaque soir de 18h à 19h. Ils ont carte blanche dans leurs choix de thèmes, parmi les sept de 2024 et dans leurs choix d’intervenants parmi tous ceux qui sont présents sur le site cette année.
Premier soir et premier thème : « La guerre et nous, les médias »
Invité Quentin Müller, pigiste de guerre et journaliste à Marianne, spécialiste du Yémen et de la péninsule arabo persique. Des questions : le journalisme et la désinformation dans les pays en guerre, le rôle des réseaux sociaux dans le journalisme de guerre, est-on obligé de passer par le choc pour sensibiliser, déontologie du journaliste de guerre…des réponses empreintes de beaucoup d’humanité et du poids d’un vécu réfléchi… et une conclusion : le journalisme le plus intéressant c’est de se spécialiser sur un pays ou une thématique et de travailler, travailler…
Deuxième soir : « L’extrême droite et l’Europe »
Invitée Marie Peltier, historienne, essayiste et chercheuse indépendante belge. Enseignante à l'institut supérieur de pédagogie Galilée de Bruxelles et essayiste, elle est spécialiste de la mise en récit des questions étrangères et de la manipulation des médias ainsi que du complotisme. Il faut préciser que le thème a été choisi par les organisateurs du festival avant les élections européennes et législatives. Il faut également préciser que le bébé de Marie Peltier participe aussi au débat. Les déclinaisons du sujet envisagées par les apprentis journalistes : une parole d’extrême droite décomplexée en particulier chez les jeunes ; comment en est-on arrivé là ? la guerre du discours en ligne sur les plateformes ; le complotisme comme arme historique de l’extrême droite ; les enjeux de la formation du grand public pour reconnaître les discours problématiques…et une conclusion en forme de crédo: Il faudra savoir construire d’autres espaces numériques, des plateformes régies par des règles et dotées d’une réelle modération.
Troisième soir : « Peut-on encore débattre de tout ? »
Invitée Christine Le Hesran, rédactrice en chef-coordonatrice numérique france3 Nouvelle Aquitaine. J’ai pu assister à la préparation de ce débat avec la journalisme et à l’émergence des questions à partir du vécu souvent émotionnel des débats dans le cercle familial, ou entre pairs ou entre générations, celui du débat spectacle que proposent souvent les émissions de télévision ou encore celui du débat sur les réseaux sociaux…L’enjeu est de faire comprendre la distinction entre débat et joute verbale, la nécessité de l’écoute, la non nécessité de convaincre…et une conclusion : il faut aller chercher les jeunes là où ils sont (sur les réseaux sociaux entre autres ) et leur faire confiance en les écoutant et en les mettant en situation de parole…laissez les parler !
Colo apprenante :
C"est le format adopté cette année pour le groupe des « petits » sous l’appellation « Scoop & camp 2024 ».
Ils ont installé leurs tentes sur place, à l’entrée du village, contre la salle des fêtes, deux jours avant l’ouverture des rencontres et appris d’abord à vivre ensemble avant d’aborder le métier qui les fascine, celui de journaliste.
Ils sont encadrés par des animateurs de le Ligue de l’Enseignement de Lot et Garonne et bénéficient dans le village même d’une salle pour rédiger leur journal numérique qui pourra être consulté en famille même après le camp. Ils sont aidés en cela par des professionnels et abordent les diverses facettes : articles, maquettisme, photos, interviews, micros-trottoirs et même dessin de presse.
En effet, durant une demi-journée, ils sont conseillés par des dessinateurs du collectif Cartooning for peace. Eux qui ne sont ni animateurs ni enseignants font tout pour apporter à leurs apprentis les éléments techniques permettant de mettre en valeur l’idée d’un dessin pour la faire comprendre au lecteur sans pour autant entraver leur créativité : une gageure réussie à coup de sérieux et de bienveillance. Ces dessins constituent une fresque exposée au centre du village.
Ces cinq jours de « vacances » passés sur la question des médias et de l’information, sur le journalisme et l’indépendance de presse sont tout de même entrecoupés de temps de détente : après midi sportive grâce à l’UFOLEP ou animation proposée par l’association « Fous de Garonne »…
Mais colo apprenante c’est aussi de la vie en collectivité et des moments de vie tout court. Lorsque je me suis avancé pour prendre en photo la corvée de vaisselle, une participante s’est cachée sous la table non par timidité, ce n’est pas son genre, mais parce qu’elle ne voulait pas être vue par ses parents sur le site de la ligue en train de faire ici, en souriant, une de ces taches ménagères qu’elle rechigne habituellement à accomplir à la maison…vous avez dit droit à l’image ?
A Couthures il y avait bien sûr des débats pour les jeunes ou sur les jeunes mais pas par les jeunes…c’est maintenant chose faite et, sans autre prétention qu’une sensibilisation, c’est une réussite.
Dernière modification le samedi, 27 juillet 2024