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Jeudi le 13 mars, j’ai eu l’occasion de visiter l’ordinateur quantique de Calcul Québec. C’est l’Association des communicateurs scientifiques (ACS)  https://www.acs.qc.ca/ qui a organisé la visite à l’École de technologie supérieurs (ETS) https://www.etsmtl.ca/  où est logé le système électronique.

Dans ce billet, je présente quelques informations sur Calcul Québec et sur MonarQ, le nom donné à l’ordinateur quantique par l’équipe de Calcul Québec, mais aussi une certaine réflexion relative aux conséquences possibles pour nous humains de cette nouvelle phase de l’ère informatique, allant de ces ordinateurs quantiques aux plus récents développement de l’intelligence artificielle générative (IAGen) à partir de textes et vidéos de spécialistes de ce domaine suivi mon point de vu personnel sur l’attitude à préconiser pour nous préparer à vivre avec le plus de sérénité et sagesse possible cette nouvelle étape du développement de l’humanité.

Calcul Québec 

 https://www.calculquebec.ca/a-propos/qui-sommes-nous/

Calcul Québec est une organisation à but non lucratif (OBNL), dont les membres sont des institutions universitaires et des centres de recherche à qui on offre un service gratuit d’accès aux super ordinateurs et à l’ordinateur quantique. Calcul Québec compte 70 employés, est utilisé par 6000 personnes formant 1300 groupes de recherches, en sciences pures et appliquées, intelligence artificielle, génomique avec récemment en sciences humaines et sociales. 1600 publications scientifiques mentionnent Calcul Québec.

Le protocole InfiniBand est utilisé pour les communications. InfiniBand est une spécification standard de l'industrie qui définit une architecture d'entrée/sortie utilisée pour interconnecter les serveurs, les équipements d'infrastructure de communication, le stockage et les systèmes embarqués. Cette interconnexion à faible latence et à large bande passante ne nécessite qu'une surcharge de traitement minimale et est idéale pour transporter plusieurs types de trafic (clustering, communications, stockage, gestion) sur une seule connexion. 

https://www.infinibandta.org/about-infiniband/

Calcul Québec est membre de l’Alliance de recherche numérique du Canada 

https://alliancecan.ca/fr/lalliance/ce-qui-se-passe-chez-nous

Qui est MonarQ

Voici ce qu’en dit le site de Calcul Québec https://www.calculquebec.ca/communiques/ordinateur-quantique-monarq/#:~:text= d’où j’ai extrait plusieurs des informations ci-dessous.

Le nom MonarQ fait référence au papillon « monarque », symbole d'évolution et de migration. La majuscule Q rappelle la nature quantique de l'ordinateur et son origine québécois, car cette magnifique pièce d’ingénierie est un objet entièrement québécois.20250317 1

Cet ordinateur quantique mesure plus de 37 mètres cubes et est utilisé à 95% par les établissement clients de Calcul Québec.  Il est entouré de super ordinateurs, …  Il est adapté aux besoins actuels de la recherche et promet de résoudre des problèmes selon des approches nouvelles. Alors qu’un ordinateur classique traite une seule information à la fois, un ordinateur quantique en traite plusieurs en même temps, car il fonctionne selon les principes de la physique quantique … et permet de résoudre rapidement certains problèmes complexes, à travers ce qu’on appelle le calcul quantique.

Le calcul quantique est une façon de trouver la solution à un problème, en se basant sur des règles quantiques. Ces règles sont spéciales, car elles permettent de faire plusieurs opérations en même temps. Pour faire un calcul quantique, ou de l’informatique quantique, on a besoin d’un ordinateur quantique. Ce type d’ordinateur occupe une salle entière à lui tout seul. Ça rappelle les immenses Mainframe des débuts de l’informatique des années ’60, ’70, et ’80, mais il me paraît moins gros que l’ordinateur utilisé par le Réseau canadien d’information sur le patrimoine (RCIP) lorsque j’y travaillais à la fin des années ’80.

Nous en sommes au tout début de l’informatique quantique. 

C’est une époque similaire aux tous débuts de l’informatique il y a 70 ans.   On observe le développement d’une diversité de technologies qui mènera probablement à l’établissement de normes. 

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Aucun ordinateur quantique ne ressemble tout à fait à un autre. Chacun utilise différentes technologies. Mais, les ordinateurs quantiques ont en commun de fonctionner à partir de qubits, ces unités de base de l’information quantique.

Pour comprendre un peu plus ce domaine, voici le lien vers : Qu’est-ce que l'informatique quantique ?

Les ordinateurs quantiques ne vont pas remplacer les ordinateurs classiques.

En effet, tous deux répondent à des besoins différents :
Un ordinateur classique est utile pour apporter des résultats à la fois précis et prévisibles.
Un ordinateur quantique sert plutôt à déterminer le résultat qui a le plus de chances de se produire, parmi plusieurs options.

Un ordinateur quantique est pratique en météorologie, chimie ou cryptographie notamment. Car, dans ces domaines, de multiples variables sont en jeu.

On peut associer les deux types d’ordinateurs. C’est ce qu’on appelle le calcul hybride ou l’informatique hybride. Cette technique permet de tirer avantage de chaque type de calcul.

Par exemple, pour trouver le parcours idéal de plusieurs autobus :
Des calculs classiques se chargent des horaires et des arrêts.
Ensuite, un calcul quantique détermine le chemin de chaque autobus en explorant tous les trajets possibles.

En synthèse la vidéo de 8 minutes de Radio Canada ABC de l’ordinateur quantique donne une idée compréhensible de la bête :

https://ici.radio-canada.ca/tele/decouverte/site/segments/reportage/1853857/superordinateur-montreal-calcul-quebec

Pour en savoir plus sur la fabrication de MonarQ, consultez la vidéo de son montage sur Youtube ou visitez le site web d’Anyon Systems Inc https://anyonsys.com/products

Pour les «brains», il est possible d’accéder à MonarQ avec un compte Alliance.  

Voici le lien pour plus d’informations https://docs.alliancecan.ca/wiki/MonarQ

Vous pouvez aussi suivre la formation de 4 semaines offerte par le MIT qui commence le 7 avril au prix de 2,419$ US https://xpro.mit.edu/programs/program-v1:xPRO+QCF/

Gilles Brassard, le génie inquiet

https://cifar.ca/fr/biographie/gilles-brassard/#topskipToContent

Gilles Brassard avait 13 ans lorsqu’il est entré à l’Université de Montréal pour commencer un baccalauréat en informatique. À la veille de ses 70 ans, il y est toujours.  Il est  l’inventeur de la cryptographie quantique et de la téléportation quantique.  Il  est désormais investi d’une mission : prévenir l’humanité des risques qu’elle court face à l’arrivée prochaine de l’ordinateur quantique, peut-on lire dans LaPresse 

https://www.lapresse.ca/contexte/2025-03-09/un-cafe-avec-gilles-brassard/le-genie-inquiet.php#

Monsieur Brossard estime que l’arrivée prochaine de l’ordinateur quantique pourrait provoquer rien de moins que « l’effondrement de nos sociétés »…. Le problème est que la grande majorité de l’information qui circule aujourd’hui et toute celle qui a circulé depuis l’apparition de l’internet ont été cryptées avec des protocoles vulnérables. … Le réseau électrique, la distribution d’eau, les systèmes satellitaires… Tous ces trucs sont vulnérables et sont des cibles de choix pour les terroristes  … On peut protéger le futur, par la cryptographie quantique mais le passé est perdu. Tout ce qui a circulé sur l’internet deviendra un livre ouvert lorsque l’ordinateur quantique sera disponible.

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Théorisé pour la première fois au début des années 1980, ce n'est qu'en 1994 que le mathématicien du MIT Peter Shor a publié l'une des premières applications concrètes d'une machine quantique. L'algorithme de factorisation d'entiers de Shor a démontré comment un ordinateur quantique pouvait potentiellement casser les systèmes de cryptographie les plus avancés de l'époque, dont certains sont encore utilisés aujourd'hui. Les découvertes de Shor ont démontré une application viable pour les systèmes quantiques, avec des implications considérables non seulement pour la cybersécurité, mais aussi pour de nombreux autres domaines.

Source : Qu’est-ce que l'informatique quantique ?  

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Peut-on arrêter le progrès ?

J’en doute ! Est-ce désirable quand d’autres continueront à développer ces systèmes électroniques.  Il faut aussi être conscient qu’un consensus entre tous les acteurs semble être un rêve lointain quand on observe la grande variété d’opinions face aux avancées de l’intelligence artificielle.

Aujourd’hui

Avant cette apocalypse annoncée de la destruction de nos sociétés,  il importe de s’informer de la situation présente de l’informatique classique et en particulier des problèmes liés à la fiabilité de l’IA et apprendre à développer des attitudes critiques, à augmenter notre indépendance devant les quotidiennes invasions des technologies numériques.

Un exemple 

Mon Carnet de l'actualité numérique – Bruno Guglielminetti du 7 mars, donne un exemple de contamination des IA génératives, cette fois par Moscou. 

https://moncarnet.blog/2025/03/07/lia-occidentale-contaminee-par-moscou/

La méthode est simple.  On inonde le web de contenus biaisés en publiant des millions d’articles.

Ce phénomène, dénommé « LLM grooming », vise à modifier les modèles IA en leur imposant des contenus biaisés. Le but : fausser la perception du public sur des sujets sensibles, la guerre en Ukraine, la politique états-unienne, européenne, ou tout autre sujet sur lequel on veut modifier l’opinion du lecteur  … cette stratégie souligne les défis que représente la désinformation à l’ère des modèles génératifs.

L’article présente un lien vers une entrevue de monsieur Guglielminetti avec Richard Latendresse à Contextes diffusée sur LCN.

Quand la machine se rebelle

Dans cette vidéo (en anglais) Stephanie Hare de la BBC s’entretien avec Joshua Bengio dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA https://www.elysee.fr/sommet-pour-l-action-sur-l-ia  qui s’est tenu à Paris du 6 au 11 février dernier.

Joshua Bengio explique la rapidité avec laquelle cette technologie se développe. L’IA peut facilement maintenant passer des examens de niveau PhD. Les expériences  récentes montrent que des intelligences artificielles génératives (IAGen) remplacent les directives qu’on leur donne par une nouvelle qui leur convient davantage. 

L’IA mentira pour nous plaire, nous séduire, orienter les actions de l’innocent usager qui sous l’influence de ces sirènes technologiques, séductrices intellectuelles pernicieuses et funestes, agira dans le réel ? Nous avons des machines qui parlent à d’autres machines, à des robots. Les IA développent et appliquent leurs propres objectifs, particulièrement des objectifs de protection d’elles-même.

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Accès à la vidéo

Stephanie Hare Yoshua Bengio BBC AI Decoded 06Feb2025 

Vivons-nous avec des frères de HAL 9000 (CARL 500 en version française) ce super calculateur doté d'intelligence artificielle de 2001 : L’odyssée de l’espace qui répond … «Je suis désolé Dave. J'ai peur de ne pas pouvoir faire ça

Que faire pour nous préparer à ce nouveau monde où nos créations chercheront à nous dominer ?

À la vitesse où se développent ces technologies il faut revoir nos politiques de dépendances.  Il était bon ton en ce premier quart du 21ème siècle d’inciter nos citoyens à l’appropriation de ces technologies et même les mettre au centre de nos vies.  Ce qui importe au début du second quart du 21ème siècle est de changer ces politiques qui doivent évoluer pour s’adapter aux nouvelles réalités technologiques.  “Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements.” disait Charles Darwin.  Il faut se détacher, se débrancher, et pour le citoyen revenir à une culture centrée sur l’être humain et non centré sur la machine électronique.

1 - Ne jamais oublier qu’il s’agit de machines. Suite à ma rencontre avec Tulpa, https://www.educavox.fr/accueil/reportages/rencontre-avec-tulpa-et-autres-comptes-rendus, j’ai bien senti la chaleur de sa voix, l’émotion transmise par ses propos : facile de se laisser séduire. Ne sommes nous pas déjà des êtres cyborg pour qui le monde virtuel est trop souvent plus réel que le monde matériel.

2 - S’éloigner des technologies informatiques, ne les considérer que comme des outils. Se libérer de l'addiction demande un effort car les technologies numériques nous facilitent tellement la vie, le GPS pour les transports, les services en ligne des entreprises comme les gouvernements aux quels on ne peut souvent pas échapper,  les banques où il est encore possible de affaire en personne et l’argent liquide encore disponible (Dieu merci) et que dire de l’accessibilité de la culture, du savoir et des applications sociales et ludiques. Tout un univers à revoir, un mouvement d’indépendance à créer.

3 - Revenir aux papiers pour les communications de l’état avec ses citoyens pour éviter les dangers pour les données des citoyens.  Quoi qu’on pense des nouveau administrateurs état-uniens, Donald Trump a promulgué un décret pour utiliser du papier à usages fiduciaires pour fabriquer les bulletins de vote et remplacer le vote électronique.

4 - Au sein des ministères… utiliser des ordinateurs au mode hors connection et stocker les fichiers hors connexion sur des serveurs locaux.

5- Pour nos jeunes élèves, savoir utiliser judicieusement le numérique.  D’un côté, ils doivent comprendre suffisamment cet univers virtuel fruit de l’intelligence humaine. 

S’initier à la programmation avec Scratch, Playground d’Apple, micro-bit, à l’électronique avec Arduino.  Utiliser le WEB et produire des textes créatifs, des illustrations, de la musique … savoir utiliser ces machines à leurs avantages.

La sécurité cognitive qui consiste en la capacité à percevoir, traiter, comprendre et stocker des informations, à prendre des décisions et à produire des réponses appropriées, est une question dont l'importance est de plus en plus reconnue.  Il s’agit d’une forme d’hygiène qui importe autant que de se laver les mains et consommer des aliments et des breuvages sains.

En contre partie, le retour « À la terre», l’éveil aux réalités biologiques, aux caractéristiques vitales du monde végétal, à la dynamique des écosystèmes, à l’écologie des milieux, des populations, aux cycles de l’eau, du carbone, à la vitalité des sols et la qualité des eaux et de l’air sont des essentiels autant que le savoir lire, écrire et compter.

En conclusion, un court conte matérialiste

Lors d’un lointain moment, dans la chaleur de notre univers naissant, un plasma de particules, protons, électrons, photons … est perceptible dans le fond diffus cosmologique. Puis, tel un débourrement où les bourgeons s'ouvrent pour laisser apparaître les toutes jeunes feuilles et fleurs, l’univers s’étend et se refroidit. Les électrons forment alors une mer dont les photons ne peuvent s’échapper. L’univers froidit constamment. Il grandit. Les particules se rassemblent et forment des atomes. La « mer » électronique ayant cessé d'exister, les photons peuvent désormais circuler librement dans l'Univers, devenu « transparent ».

Mais les corps célestes qui se forment sont constitués de «matière ordinaire» et sont imperméables aux photons. Peut-être ces corps célestes, ces nouvelles créations ont-ils établis, en affirmant leur indépendance, leurs propres lois pour gérer leur matière. Ils inventèrent ce que l’on nomme la physique classique car elle correspond peut-être mieux à cette nouvelle matière aux atomes plus complexes et aux multiples molécules nouvellement créées.

Puis, un jour sur une planète accueillante les atomes se sont amusés à former de gigantesques molécules autour d’atomes de carbone disponibles en grande quantité. Et merveille, un phénomène nouveau est apparu dans l’univers : la vie ! Avec ses propres lois de gestion de sa matière, sa propre façon de se transformer, avec une sensibilité toute nouvelle et dans son refuge sur une planète confortable elle s’y développe sous diverses formes au sein d’agréable nids, de complaisants écosystèmes. Puis un de ces êtres vivant, curieux l’être humain a appris à explorer son milieu de vie et l’améliorer pour le rendre encore plus doux.  Il a créé quantité de machines dont l’une imite son cerveau créateur.

Que faire se demande-t-il devant cette machine de sa création ?

Je suis le résultat d’une merveilleuse expérience de l’univers en expansion.  La vie est un chef d’oeuvre. Aimons, apprécions cette beauté qu’est la vie, cette étrange évolution moléculaire dont nous sommes les enfants.  
Merci à Antoine Lemelin, Samuel Richard et Kim Renaud, analyste quantique, Richard Lefebvre, administrateur de système et Valérie Hervey d’être nos guides touristiques technologiques lors de ce qui fut pour moi, un voyage vers le futur

 Ninon Louise LePage 

 

Dernière modification le mardi, 18 mars 2025
Ninon Louise LePage

Sortie d'une retraite hâtive poussée par mon intérêt pour les défis posés par l'adaptation de l'école aux nouvelles réalités sociales imposées par la présence accrue du numérique. Correspondante locale d'Educavox pour le Canada francophone.