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Savez-vous que dès la naissance, le bébé humain connaît un embryon d’arithmétique ? Savez-vous qu’à l’âge de 6 mois il peut réaliser des additions et des soustractions élémentaires ? et que certains animaux, eux aussi, font de l’arithmétique ? Oui, dans un certain sens donc, nous avons tous la bosse des maths ! : "Enfants ou adultes, calculateurs prodiges ou simples mortels, nous venons tous au monde avec une intuition des nombres."
L’ouvrage de Stanislas Dehaene, chercheur français en psychologie cognitive, décrit les expériences scientifiques qui mettent en évidence cette intuition des nombres chez les animaux comme chez les hommes et en démontrent les bases cérébrales.
L’essai expose aussi les raisons qui conduisent beaucoup d’entre nous à penser, à tort, que nous n’avons pas la « bosse des maths » : c’est que, selon Dehaene, notre cerveau de primate n’est adapté qu’à la manipulation approximative des nombres : l’évolution l’a mal préparé à la rigueur des calculs et des chaînes de raisonnements mathématiques.
L’auteur plaide pour une refonte de l’enseignement des mathématiques qui prendrait davantage en compte les données de la psychologie et des limites de notre biologie cérébrale. Il insiste notamment sur le rôle crucial en mathématiques (comme ailleurs) de l’intuition concrète, le cerveau ne sachant se contenter de symboles abstraits : 
"(...) le rôle de l’école n’est pas seulement d’enseigner la technique de l’arithmétique, mais surtout d’apprendre à tisser des liens entre la mécanique des calculs et leur sens." "(...) au contraire, nos écoles se contentent souvent d’inculquer une arithmétique mécanique et dépourvue de sens. (...) Mépriser les connaissances (capacités d’approximation et de comptage) précoces des enfants peut avoir un effet désastreux sur le reste de la scolarité. Cette attitude leur suggère que les mathématiques sont un domaine aride, détaché de toute intuition et où règne l’arbitraire. Il faut faire comme le dit le professeur même si on ne le comprend pas." (p156)
L’exemple suivant est une parfaite illustration de ce propos :
"(...) ce bagage mathématique informel (capacités d’approximation et de comptage) n’est pas toujours considéré comme un atout, mais souvent comme un handicap. Selon une idée répandue, compter sur ses doigts est un enfantillage qu’une bonne éducation se doit d’éliminer rapidement.Combien d’enfants surprend-on à compter en cachette sur leurs doigts parce que "la maîtresse a dit qu’il ne fallait pas" ? Toute l’histoire des numérations prouve pourtant qu’il s’agit d’un précieux atout pour apprendre la base de 10. De même, ne pas savoir par cœur que 6 plus 7 fait 13 est considéré comme une faute, même si l’enfant fait preuve d’intelligence en retrouvant ce résultat indirectement (par exemple en se souvenant que 6 plus 6 fait 12 et que 7 est une unité au-delà de 6)." (p156)
Stanislas Dehaene se prononce pour un usage raisonné de la calculatrice, "qui en libérant l’enfant des aspects fastidieux et mécaniques du calcul, peut lui permettre de se concentrer sur le sens." (p151)
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IMPORTANT !
Le chercheur souligne les effets bénéfiques des jeux de plateau pour aider l’enfant à progresser dans l’apprentissage de l’aritméthique : "Ainsi , les enfants qui ont la chance de jouer aux jeux de plateau reçoivent un sérieux coup de pouce en arithmétique. Les faire jouer aux dés, aux petits chevaux, au jeu de l’oie ou à la Bonne Paie est un geste tout simple, mais qui aura des conséquences à long terme sur leur réussite,leur confiance en eux et tout simplement leur amour des mathématiques." (p330)
Dehaene a co-réalisé un logiciel éducatif gratuit dont vous trouverez la description dans le diaporama ci-dessous.
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EN COMPLÉMENT :
Le diaporama "Ressources documentaires en arithmétique"présente une sélection commentée de ressources documentaires variées (webographie [jeux, entraînements au calcul etc...], bibliographie, vidéos, podcasts) ayant trait à l’apprentissage de l’arithmétique. Bonne lecture !
Dernière modification le mardi, 16 mai 2023