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Une nouvelle réglementation impose à certains établissements recevant du public, et en particulier des enfants, de surveiller la qualité de leur air intérieur. Pour minimiser les sources de pollution, un certain nombre de précautions peuvent être prises…

Logement, bureau, école, moyens de transport, lieux publics, commerces... Nous passons plus de 80 % de notre temps dans des espaces fermés... Et « l’air intérieur » que nous y respirons n’est pas toujours de bonne qualité. On y trouve notamment des polluants chimiques comme les composés organiques volatils (COV), les oxydes d’azote (NOx) ou le monoxyde de carbone (CO), mais aussi des polluants physiques comme les particules et les fibres, et même des polluants biologiques comme les moisissures, les bactéries, les acariens ou les pollens.

L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a ainsi mesuré des concentrations préoccupantes de composés organiques volatils (COV) ou de moisissures dans les bâtiments.

Préserver la qualité de l’air intérieur

Les concentrations en polluants mesurées dans l’air de certains lieux publics, et en particulier des écoles, peuvent même être parfois plus élevées que dans d’autres espaces de vie, du fait de la densité d’occupation des locaux et d’un renouvellement de l’air souvent insuffisant. Outre les apports de l’air extérieur, les sources potentielles de pollution dans ces lieux clos peuvent être nombreuses et variées : appareils à combustion (chaudières, poêles, chauffe-eau), bois de construction et produits liés (peinture, colles, vernis, etc.), meubles, produits d’entretien, désodorisants d’intérieur, activité humaine (tabagisme, bricolage, cuisine, animaux domestiques, etc.).

Selon le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie,

« la bonne qualité de l’air à l’intérieur d’un bâtiment a un effet démontré sur la qualité de concentration, le taux d’absentéisme dans les écoles et le bien-être. A contrario, une mauvaise qualité de l’air peut favoriser l’émergence de symptômes tels que maux de tête, fatigue, irritation des yeux, du nez, de la gorge et de la peau, vertiges, ainsi que des manifestations allergiques et de l’asthme ».

En France, l’asthme frappe ainsi 3,5 millions de personnes et les insuffisances respiratoires graves touchent environ 50 000 individus. Le nombre de personnes souffrant d’allergies a doublé depuis vingt ans et 25 à 30 % de la population française est aujourd’hui concernée.

Les expositions de longue durée à certains polluants peuvent même entraîner des pathologies respiratoires, neurologiques ou cardio-vasculaires graves, voire le développement de cancers.

Les enjeux sanitaires et économiques liés à la qualité de l’air intérieur sont donc majeurs. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a estimé à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur.

Il est donc important de mettre en œuvre des actions pour améliorer la qualité de l’air intérieur, en particulier dans les établissements recevant du public, et en priorité dans les écoles.

Un nouveau dispositif réglementaire

La loi portant engagement national pour l’environnement de juillet 2010 (Grenelle II) a ainsi rendu obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public, en particulier dans ceux qui accueillent des enfants. Puis, en 2013, le Plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur, piloté par les ministères de l’Environnement et de la Santé, a véritablement lancé la mise en œuvre de cette surveillance. Le nouveau dispositif réglementaire prévoit d’abord l’évaluation obligatoire des moyens d’aération de l’établissement.

Il rend ensuite obligatoire la mise en œuvre, au choix, d’un plan d’actions réalisé à partir d’un bilan des pratiques observées dans l’établissement (conformément au « Guide pratique pour une meilleure qualité de l’air dans les lieux accueillants des enfants »), ou d’une campagne de mesure de la qualité de l’air intérieur par un organisme accrédité.

Dans la première option, l’utilisation du guide vise à identifier rapidement des actions favorables à la qualité de l’air intérieur via des grilles d’autodiagnostic des pratiques observées et d’identification préliminaire des sources potentielles présentes dans l’établissement. Dans ce cadre, l’utilisation de kits de mesures permettant d’évaluer à titre indicatif l’exposition aux polluants peut être conseillée. Dans la deuxième option, les polluants mesurés doivent inclure le formaldéhyde, le benzène et le CO2 (pour évaluer le confinement). En cas de dépassement des valeurs limites, il est demandé à l'établissement de mener des investigations afin de déterminer les causes de ces dépassements. En l’absence de la mise en place d’un programme d’actions de prévention, la mesure des polluants devra être renouvelée au moins tous les sept ans.

Cette surveillance devra être achevée avant le 1er janvier 2018 pour les crèches, les haltes-garderies, les écoles maternelles et élémentaires, et le 1er janvier 2020 pour les centres de loisirs, les collèges et les lycées. Quant aux hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, établissements de réinsertion ou encore piscines, ils ont jusqu’au 1er janvier 2023 pour se mettre en conformité avec le nouveau règlement.

Les mesures de prévention

La qualité de l’aération et de la ventilation est bien sûr un élément clé pour diminuer la pollution de l’air intérieur. Mais le choix des matériaux de construction, des éléments de décoration et des produits d’ameublement a aussi son importance. La réglementation française impose ainsi, depuis 2012, un classement des matériaux de construction et de décoration en fonction du taux de composés organiques volatils (COV) qu’ils émettent – de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). Une obligation qui concerne tous les produits de construction et de revêtement de murs, de sols et de plafonds (cloisons, panneaux, parquets, moquettes, fenêtres, papiers peints, peintures), ainsi que les substances utilisées pour leur mise en place (vernis, colles, adhésifs, isolants, etc.)... Et devrait être étendue à terme aux produits d’ameublement.

Par ailleurs, les matériaux imputrescibles et peu sensibles à l’humidité contribuent à prévenir le développement des micro-organismes, ceux-ci ayant besoin d’un milieu humide et d’éléments nutritifs pour se développer. Afin de réduire au maximum les sources potentielles de pollution de l’air intérieur, le choix de matériaux sains peut donc être privilégié pour la construction, la décoration et l’ameublement. Globalement, on considère qu’un matériau est « sain » s’il n’est pas sensible à l’humidité – pour ne pas favoriser le développement de micro-organismes – et s’il est faiblement émetteur de COV et d’aldéhydes, de fibres et de particules, ainsi que de radioactivité.

Le béton appartient à cette catégorie. Il est classé A+ (très faibles émissions) en matière d’émissions de COV. Et en tant que matériau inerte et minéral, il ne constitue pas un milieu potentiellement nutritif pour les micro-organismes présents dans l’air, qui ne peuvent donc pas se développer à sa surface.

Mieux, le béton développe des propriétés fongistatiques et empêche le développement des moisissures. Celles-ci peuvent se fixer à sa surface, mais sa nature minérale inhibe leur croissance. Un comportement confirmé par une étude publiée en 2015 par le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton (Cerib), à partir de tests réalisés par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). S’il est intégré à un espace bien ventilé et isolé, le béton présente donc de multiples atouts pour vivre dans un air intérieur sain.

Articles sur le sujet :

https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/6/1/DEVP1415091A/jo/texte

http://conseils.xpair.com/actualite_experts/surveillance-qualite-air-ecoles-creches.htm

Dernière modification le mardi, 13 juin 2017