Entretien avec Eric Verhaeghe, essayiste français, en marge de l’événement “Le Printemps du Numérique” qui s’est tenu le jeudi 5 juin à Compiègne. Après un parcours dans le service public, notamment à la Ville de Paris et au ministère de l’Éducation nationale, Eric fonde Parménide, un cabinet d’innovation sociale spécialisé dans l’élaboration de réseaux sociaux.
Vous estimez que l’école est l’un des défis majeur, sinon le défi principal que la société française doit relever pour traverser les bouleversements liés au numérique. Dans quelle mesure et pourquoi cela doit-il commencer dès l’école ?
On oublie trop souvent que le premier rôle de l’école est de transmettre des valeurs. Valeurs que je crois profondément inadaptées à la civilisation numérique. Je pense par exemple à la solitude de l’élève devant sa dissertation, la non-coopération dans la construction du savoir, le primat du stylo et du papier sur le clavier. Dans le monde de demain, l’honnête homme sera celui qui sait partager ses sources, qui pratique l’intersubjectivité, le dialogue, qui coopère à tous les stades du savoir. Dans l’école de demain, l’acte de coopérer sera la valeur essentielle, ne serait-ce que coopérer dans une troupe théâtrale ou dans une association d’aide aux plus démunis. Autant d’engagements trop absents du parcours scolaire français actuel.
L’appréhension cette révolution technologique à l’école doit-elle démarrer dès le primaire ?