Tous les experts l’affirment : la pédagogie est l’art par excellence de la transmission du savoir. C’est son objectif même. D’où la triple responsabilité du pédagogue vis-à-vis de ses interlocuteurs eu égard à ce qu’il écrit, à ce qu’il dit et même de ce qui est compris !
1/ Responsabilité des écrits
Dans le pays des codes et de la littérature, l’écrit revêt une importance indéniable. Les experts estiment que 80% du temps d’apprentissage concerne l’écrit ! C’est dire son importance et la responsabilité de ses auteurs. Du reste, ces derniers contestent souvent leurs écrits qui sont rapportés. Quand ils exercent cette contestation, c’est pour affirmer que les écrits rapportés sont sortis de leur contexte et présentent donc une image déformée des pensées de l’auteur. Ce point est également indéniable : on est responsable de ses écrits à condition qu’ils soient rapportés in extenso ou, en tout cas, qu’ils ne soient pas tronqués au point de déformer leur sens.
2/ Responsabilité de ses paroles
Dans ce secteur, les contestations sont plus nombreuses. « Les écrits restent, les paroles s’envolent » dit-on. Nous contestons cet adage quand il s’agit de pédagogie. La parole du maître reste ancrée dans nos mémoires. Nous nous souvenons longtemps, très longtemps parfois, des mots prononcés par telle ou telle personne. « Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », autre adage qui infirme le précédent et qui confirme l’importance des paroles. La pédagogie doit avoir conscience de l’importance des mots prononcés, même sous couvert de « plaisanteries ». Dans la vie professionnelle, nous passons 80% de notre temps à échanger verbalement. Il faut effectuer un auto-contrôle de ce flot de paroles !
3/ Responsabilité de ce qui est compris
Nous sommes là au cœur de la mission du pédagogue.
Ce dernier ne peut pas se défausser en indiquant qu’il a délivré verbalement son cours et qu’il en a même donné un écrit. Insuffisant ! Pourquoi ? Parce que les mots sont source parfois d’incompréhension : un même mot peut signifier plusieurs sens selon le contexte et selon la disposition psychique de l’interlocuteur. Cette polysémie fait souvent des ravages dans la communication. Des chercheurs ont mis en évidence le fait que nous ne savons restituer correctement que 30% de ce que nous entendons ! C’est un défi énorme en pédagogie !
Comment s’en sortir ?
Essentiellement par le dialogue. Un pédagogue doit éviter les monologues sans fin, même s’il est devant une classe de 40 élèves ! Par le dialogue, le feed-back permet de saisir si l’interlocuteur a bien saisi le sens des paroles prononcées. Il en est de même en enseignement à distance. Des questions écrites ou enregistrées permettent d’obtenir des réponses utiles par le pédagogue. Ce qui n’est pas le cas des livres scolaires édités, s’ils ne sont pas appuyés par une pédagogie complémentaire. Tout le monde a entendu ce type de constat : « Ah ! Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire », « Vous m’avez mal compris », « Je vous ai dit exactement l’inverse de ce que vous avez compris » etc.
La communication rapide et expresse favorise cette incompréhension. Le bon dialogue pédagogique exige du temps entre l’émetteur et le récepteur. Cette stratégie évite ainsi les confusions de mots dont les prononcés se rapprochent.
Durant la 1ère guerre mondiale, on a cité ce dialogue surréaliste entre soldats : « Amenez du renfort, on en a besoin pour attaquer avec force ». Appel qui est arrivé à destination sous cette forme : « Amenez du Roquefort, on en a besoin… » ! Oui, la responsabilité du pédagogue va jusque-là : il doit se soucier de ce qui est compris par ses élèves. Il ne peut pas se dégager avec mépris : du style « Vous n’avez rien compris ! » A qui la faute ?