« Ma classe est une vraie ruche, qui bourdonne. Moi je suis la reine. » Olivier Quinet s'enthousiasme devant l'activité qu'il a réussi à installer dans son cours d'histoire-géographie.
Ce professeur du collège de Montpon-Ménestérol a « inversé » sa classe il y a trois ans. Le 14 octobre, il était invité au côté d'experts et d'enseignants aux Boussoles du Numérique à Cenon (Gironde) pour débattre de la pertinence de ce nouveau modèle, arrivé en France dans le début des années 2010.
Le modèle de la classe inversée conduit en fait à changer l'ordre des tâches des élèves.
Tous les travaux ne nécessitant pas la présence d'un enseignant (lecture du manuel, visionnage de vidéos) est réalisé à la maison, laissant ainsi plus de temps en classe pour approfondir, expliquer, ou dialoguer sur le sujet. « En fait, on fait presque tous de la classe inversée sans s'en rendre compte, explique Vincent Faillet, professeur de SVT dans un lycée parisien. Donner des extraits du livre à lire à la maison, c'est un début de classe inversée. »
Si la classe inversée s'est autant immiscée dans les débats du PNF consacré majoritairement au numérique, c'est aussi parce qu'elle est fortement liée aux nouvelles technologies. Un système très répandu est le visionnage à la maison de capsules vidéo par les élèves. Olivier Quinet a par exemple créé sa chaine YouTube, sur laquelle il poste de courtes vidéos portant sur des points de cours.
« Cette grande présence du numérique apporte forcément des restrictions par rapport aux équipements présents à la maison » nuance Didier Paquelin, professeur à l'université de Laval (Québec). En effet, tout le monde n'est pas égal face aux nouvelles technologies, les élèves n'ayant pas tous accès à un ordinateur chez eux. « Mais il n'y a pas que le numérique, précise Héloïse Dufour, présidente de l'association Inversons la classe. C'est un concept très large et il y a plein de façons d'inverser sa classe. »
Cependant, tous les élèves ne s'adaptent pas aussi bien à ce système.
Héloïse Dufour parle « d'élève inversé. Le modèle est adapté à certains élèves, qui ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui se complaisent dans le schéma traditionnel. » Il est tôt pour définir précisément lesquels, mais il semblerait que la classe inversée amène à une disparition du « ventre mou ». « La plupart des élèves qui avaient entre 8 et 12 de moyenne sont passés au dessus, constate Olivier Quinet. Mais ceux qui ont les plus grandes difficultés ne s'en sortent pas non plus dans la classe inversée. » Pour ce qui est des meilleurs du modèle traditionnel, il semblerait qu'ils restent dans le haut du tableau, mais qu'ils soient moins à l'aise dans les classes inversées. « Ceux qui réussissent dans le système classique sont plus dans le synthétique, estime Héloïse Dufour. Quand on les pousse vers plus de social, il y a conflit. On constate que les bons élèves sont plus durs à faire adhérer. »
En continuant d'avancer par tâtonnements, normal pour un concept neuf, les « inverseurs » parviennent ainsi à affiner ce système qui, s'il n'a pas pour l'instant vocation à remplacer la bonne vieille classe « en autobus » n'est pas négliger et pourrait continuer à prendre de l'ampleur dans les années à venir.
Tom Vergez
Etudiant journaliste http://www.efj.fr/
Dernière modification le mardi, 10 novembre 2015