Mars 2020, le tout au numérique s’est imposé contraint et forcé aux universités. Aujourd’hui, un an et demi après le début de la crise sanitaire, on ne peut pas imaginer revenir complètement au « monde d’avant » de l’enseignement. Mais comment dépasser la situation d’adaptation d’urgence et élaborer une véritable stratégie d’enseignement numérique qui soit à la fois pertinente, assumée et réaliste ?
Assises de l’enseignement : quelle place pour le numérique ?
C’est la question qui sous-tend les dernières Assises de l’enseignement de l’ULiège, qui se sont déroulées le 28 septembre 2021, avec cette question : « quelle place pour le numérique ? ».
La journée a débuté au Château de Colonster, pour une journée d’échanges avec les enseignant·es et les étudiant·es, et le concours de l’équipe de Liège Créative pour faire émerger les constats et les propositions créatives.
Revoir la table ronde « L’usage du numérique dans l’enseignement supérieur.
Quelles perspectives après 18 mois de bouleversements pédagogiques ? » (Salle académique)
Les échanges ont été particulièrement riches, souligne le Pr Gautier Pirotte (Faculté des Sciences Sociales), chargé de coordonner ces Assises.
« D’une part, on a pu constater une vrai soulagement de retrouver la capacité d’enseigner en présentiel, il y a une vraie volonté d’alimenter l’enseignement par la proximité des relations sociales. D’autre part, personne ne peut et ne veut envisager un retour à l’enseignement ‘comme avant’. Il y a unanimité pour développer de nouvelles expériences pédagogiques utilisant les outils numériques en soutien à un enseignement hybride et/ou synchrone. »
Pour les enseignant·es, l’expérience imposée conduit à plusieurs constats :
- L’utilisation des outils numériques implique le renforcement des compétences.
- Il faut donner du sens pédagogique à l’utilisation de ces outils, selon leurs spécificités.
- Des moyens humains et matériels supplémentaires doivent être dégagés.
- L’Université doit reconnaître les changements que cette mutation implique pour chaque enseignant·e.
Une enquête en ligne a également recueilli le ressenti des étudiant·es (1307 formulaires analysés) sur les cours en ligne pendant la pandémie.
« La crise a mis en lumière des situations de fracture numérique matérielle, poursuit le Pr Gautier Pirotte. Moins l’accès à un ordinateur ou à une bonne connexion internet, problèmes pour lesquels l’ULiège a proposé des solutions. Mais c’est surtout le manque d’accès à un espace d’étude calme qui a le plus été souligné par les étudiants, environ un sur quatre dans l’enquête. Et ceci soutient les initiatives de l’ULiège pour offrir davantage d’espaces de travail, calmes et équipés, aux étudiants.»
Comme leurs enseignant·es, les étudiant·es insistent également sur le renforcement des compétences dans l’utilisation des outils numériques. Ce n’est pas tout d’avoir un ordinateur et une connexion stable, il faut encore savoir se servir des outils proposés. C’est le risque d’une fracture numérique de second degré.
Et maintenant ?
« Il s’agit de définir une place raisonnée au numérique, avec une attention aussi à l’aspect inclusif de cette évolution indispensable et inévitable », explique la Pr Anne-Sophie Nyssen, Vice-rectrice en charge de l’enseignement et du bien-être.
Les facultés sont maintenant invitées à établir leurs priorités et recommandations, parmi lesquelles, outre le renforcement des compétences et des moyens matériels, on pointera sans aucun doute la nécessité de recruter et former un plus grand nombre de techno-pédagogues.
« Ce processus va nous mener à la rédaction du volet pédagogique du plan stratégique numérique que l’ULiège élabore au cours de cette année académique », conclut Anne-Sophie Nyssen.
Source : https://www.uliege.be/cms/c_14903365/fr/assises-de-l-enseignement-quelle-place-pour-le-numerique
Dernière modification le mardi, 22 mars 2022