Cette plate forme, très spécifique a été conçue et développée par le bureau d’accueil de tournage 47 (BAT), en partenariat avec la ligue de l’enseignement
En amont de cet atelier Hervé Bonnet, directeur du bureau d’accueil de tournage a bien voulu se prêter au jeu de l’interview.
Qu’est-ce que le BAT ? Quel est son rôle ?
Le Bureau d’accueil des tournages 47 a été créé en 2012 par l’association Espace Production 47. Il conseille, aide et accompagne les productions, facilite les liens avec les collectivités du pré-repérage à la post production. Le souhait est de proposer aux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel des lieux de tournages diversifiés dans un département peu vu au cinéma quoique riche en paysages et patrimoine. Il assure la coordination du Fonds de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle du Lot et Garonne.
Il a accompagné le tournage de 26 longs métrages, 50 courts métrages et 10 films documentaires pour un total de plus de 1 000 jours de tournage.
Pourquoi avoir créé COMETT, une plate forme de plus dans un contexte où elles ne font pas défaut ?
Comett a un rôle de transmission, c’est un passeur de la passion pour le cinéma qui s’adresse en priorité aux enseignants et aux médiateurs cinéma pour les aider. Le BAT était de plus en plus sollicité pour des interventions dans les classes par les enseignants du 47 et il devenait de plus en plus difficile de répondre à la demande. C’est ce constat qui a motivé la création de COMETT en 2018.
Cela a commencé avec 13 films sur un département et demi on a maintenant 62 films au catalogue sur 10 départements et Comett prend une dimension nationale. Elle mobilise actuellement deux équivalent temps plein mais est appelée à grandir.
Quelles sont alors les spécificités de COMETT ?
Comett est un outil pour mieux diffuser les courts métrages qui bénéficient d’un accompagnement public. On a des films tous public que l’on peut présenter en classe car c’est un format court qui tient sur une séquence d’une heure. Mais c’est du vrai cinéma, pas du cinéma au rabais, fait par de jeunes réalisateurs, des professionnels du cinéma.
Les lieux de tournage des films sont clairement identifiés et COMETT est attaché à la valorisation des territoires en particulier auprès des jeunes qui les habitent : « Quand on déprécie l’endroit où l’on vit, on se déprécie soi-même ». C’est l’occasion de décentrer le regard et de susciter échanges et dialogues car ceux qui viennent tourner dans ces lieux ne sont pas venus par charité mais parce qu’ils les ont trouvés intéressants.
En plus du film on trouve sur la plate forme tous les documents qui ont servi à sa fabrication. On a un abécédaire avec les termes du cinéma et un renvoi à des extraits de film. Exemple pour Traveling latéral on va trouver la définition associée à un film de COMETT avec un traveling latéral. On y trouve des interviews des professionnels qui ont travaillé sur le film et des critiques de films faites par des universitaires.
Ce n’est pas tout, COMETT présente aussi des activités à faire en temps scolaire pour acquérir des notions de montage par exemple et des parcours pédagogiques et thématiques que l’enseignant peut choisir de suivre en tout ou partie comme on le verra en atelier.
Comment a-t-on accès à COMETT ? Quel est son modèle économique ?
L’accès se fait sur abonnement. L’abonnement d’un collège pour trois enseignants coûte 125 euros par an. Il est à noter que le conseil départemental du Lot et Garonne a abonné tous les collèges et la Région Nouvelle Aquitaine a abonné tous les lycées.
Par ailleurs, l’intégration d’un film sur la plate forme est facturée 2 000 euros pour une durée de cinq ans, les films étant choisis par un comité de sélection.
COMETT reçoit aussi une aide au fonctionnement de la part de la région et une subvention de la communauté d’agglomérations de Villeneuve sur Lot.
COMETT c’est aussi :
Un festival qui se déroule à la fin du mois de septembre dans 10 villes et les 9 cinémas labellisés Art et Essai affiliés à Ecran47. Ce sont des tables rondes et des master class.
COMETT a le projet de créer de nouveaux parcours thématiques mais aussi de proposer des focus pour les écoles sur abonnement également.
La plate forme COMETT et son utilisation en classe :
C’est le film que Louise Pages a choisi de nous montrer pour nous faire découvrir la plate forme.
« Mon père » a été tourné en Lot et Garonne à Sainte Livrade sur Lot. Tous les films sont géo localisés. On dispose d’une carte des tournages qui offre la possibilité de s’emparer d’un film tourné près de l’établissement : autre regard porté sur l’environnement qui peut éventuellement casser le regard négatif que peut avoir un ado sur son lieu de vie.
Mais il y a d’autres entrées possibles, thématiques, liées ou pas aux programmes scolaires. Ici, cela peut être l’histoire avec la décolonisation, ou bien la famille, l’adolescence, l’héroïne ou l’identité…
En complément du film on a accès à tous les documents qui ont servi à le fabriquer : les choix de décors (ici des vues des baraquements avant et après décors, les plans de circulation routière pour permettre le tournage), scénarios, storyboard, les actions à mener jour par jour par l’équipe de tournage…Les documents sont classés : avant, pendant et après le tournage. Ils montrent bien qu’un tournage c’est de la haute technologie mais aussi du bricolage et du système D. Cela est complété par des images. Ici, on voit comment est créée l’illusion de mouvement d’un train pourtant à l’arrêt et le procédé très manuel pour faire varier l’intensité de la lumière.
On dispose d’une critique du film qui peut être visionnée en classe ou imprimée à partir d’une version pdf. On peut demander aux élèves de faire eux-mêmes une critique de film après une telle séquence ou bien leur proposer la critique contenue dans la plate forme et organiser le débat. L’intérêt est de montrer comment les procédés cinématographiques parviennent à créer de l’émotion.
Chaque film est accompagné d’une biographie et d’une interview du réalisateur mais aussi des acteurs et de d’autres métiers du cinéma. Trois parties dans l’interview : le film, le parcours de la personne (important pour permettre à un jeune de s’identifier à celui qui parle et de percevoir le possible) et des conseils à un jeune voulant faire du cinéma.
L’enseignant ou le médiateur cinéma ont un choix d’activités liées au film qui sont assorties de consignes détaillées et d’objectifs pédagogiques qui peuvent être chargés en pdf.
Pour ce film : « Ecriture et analyse » Pourquoi ce titre ? Propositions d’autres titres possibles…
Les variations de lumière en prenant des images avec les téléphones portables en lien avec le traitement de la lumière réalisé dans le film.
La place du son…
Le but est de montrer que rien n’est « gratuit » dans un film et de donner accès au langage cinématographique.
Dans une partie pratique et partagée on va trouver des parcours pédagogiques avec propositions d’exercices et extraits de films.
Ces parcours peuvent être thématiques : La ville au croisement des regards ; le harcèlement scolaire.
Ils peuvent être liés aux dispositifs collège au cinéma ou lycée au cinéma : dialogue des films du dispositif avec les films de COMETT.
Mais aussi : écrire une critique de film, devenir un spectateur actif. Ce dernier point est déjà tout un programme.
