Nouveaux savoirs et nouvelles compétences des jeunes
Le Cnesco a organisé une conférence de consensus en novembre 2024, au lycée Paul Bert (Paris), qui a porté sur : « Les nouveaux savoirs et les nouvelles compétences des jeunes : quelle construction dans et hors de l’école ? ». Le Cnesco s’est associé à l’Ifé-ENS de Lyon, Réseau Canopé et le Réseau des Inspé pour l’organisation de cette conférence de consensus. Cette conférence a été présidée par Anne Cordier (université de Lorraine) et Cédric Fluckiger (université de Lille).
Changement climatique, révolution numérique, importance grandissante des compétences psychosociales dans le milieu professionnel… Ces mutations sociétales majeures représentent des défis pour l’école. Dans un monde en évolution permanente, l’acquisition de savoirs et de compétences par les jeunes pour une meilleure insertion sociale et professionnelle, mais aussi pour la construction d’une société équitable et innovatrice est fondamentale. La façon dont l’école appréhende ces enjeux l’est donc tout autant.
Mais ces changements ne touchent pas seulement l’école, ils impactent aussi la vie quotidienne des jeunes qui développent en dehors de l’école de nouvelles pratiques, comme s’informer en ligne ou utiliser l’intelligence artificielle. Cela interroge la manière dont l’école peut ou doit prendre en compte les pratiques informelles des jeunes, en particulier lorsque celles-ci reflètent ou renforcent des inégalités sociales.
Accès à l'article : https://educavox.fr/formation/conference/nouveaux-savoirs-et-nouvelles-competences-des-jeunes
Littératie en IA, du développement des compétences numériques à l'heure de l'intelligence artificielle.
Lors du dernier Educ@techexpo a donné la parole à 4 expert(e)s du numérique et de l’IA, lors d’une table ronde sur les possibilités d’accompagnement à mettre en oeuvre au quotidien, pour tous les publics : Jean CATTA, Secrétaire Général, CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE, Margarida ROMERO, Maîtresse de conférence, Universités Côte d'Azur et Laval au Canada, responsable du GTNum #Scol_IA, Jean-François LUCAS, Directeur Général RENAISSANCE NUMÉRIQUE et Axel JEAN, Chef Du Bureau du Soutien à l'Innovation Numérique et à la Recherche Appliquée, DNE- MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA JEUNESSE.
Jean Cattan
Comme beaucoup de technologies, l’IA va être un élément structurant de notre cadre social. Donc j'entends « sujet de société » ici posé comme sujet non anecdotique. En réalité c'est un vrai sujet de société dans le sens où c'est quelque chose qui va contribuer, comme beaucoup de technologies, à modeler nos relations sociales, notre relation au savoir, la façon dont on construit les savoirs. Pour cela il est important et primordial de mettre l’IA au centre de la table de notre conversation démocratique de proximité.
Margarida Roméro
C'est un sujet déjà parce que les élèves comme la société en général se sont approprié ces différents outils des IA génératives et du fait qu'il y a des usages. On doit se poser la question de savoir quels sont les outils avec lesquels on travaille, quels sont les usages que l'on considère pertinents ou pas en éducation et aussi comment on arrive à accompagner des enseignants pour qu'ils soient capable de décider quelles sont les intégrations qui sont les plus pertinentes en classe.
Jean-François LUCAS
Avant de répondre je vais juste dire que je ne suis pas spécialiste de l'éducation des questions pédagogiques. Je représente un think tank qui réunit une quarantaine de structures adhérentes, petites et grandes, des gens qui ne sont pas d'accord : notre but c'est de débattre.
Je vais vous faire part de ce qu'on entend, de ce qu'on nous dit. Pourquoi c'est un sujet de société ? peut-être quelques chiffres : chat GPT 3 sort en janvier 2023 : 100 millions d'utilisateurs d'actifs. On n’a jamais connu un tel engouement pour un service informatique. En septembre- octobre 2024 donc cette année les chiffres nous disent 200 millions d'utilisateurs, plus de 3 milliards de personnes qui ont testé l'outil ou le service. C'est quand même quelque chose de phénoménal.
On est aussi dans cette phase intéressante où il y a des gens qui commencent à nous dire : « on s’est peut-être un peu enflammé, on est peut-être dans une bulle spéculative ». Il y a des choses extrêmement structurantes du point de vue des usages ; mais on est en train de de se poser la question aussi de savoir si vraiment on est dans cette bulle ou pas. On est dans un rapport de force très intéressant entre les usages prescrits actifs et imaginaires.
Axel Jean
Plantard, un chercheur, très tôt, dit que le numérique est un pilier de société totale : un phénomène total. L'IA c'est la même chose, ça impacte tous les points de la cité. L’école étant au cœur du projet de société, de l'actuel et de l'avenir, il est normal que l'école s'en empare.
C'est d'autant plus normal et urgent que nos enfants, nos élèves, sont exposés en permanence aux réseaux sociaux, par l'imagerie, par la messagerie, par leurs jeux, par leur choix culturel, liées à des propositions pensées par des gens qui ne rendent de compte à personne. Les élèves utilisent cela massivement, sans avoir le recul nécessaire, l'esprit critique de l'adulte qui lui permet d'avoir ce pas de côté. Je force le trait : les enseignants se disent que c'est peut-être un effet de passage, un effet de mode. Il y a une sorte de scission, une séparation possible entre des usages massivement pratiqués par les jeunes publics et des adultes qui s'en servent beaucoup moins, qui se disent je m'en suis passé jusque là donc c'est un effet de mode, un passage.
Il y a une urgence absolue à ce que les enseignants, les formateurs d'enseignants, les inspecteurs, les ministres comprennent qu'il y a une urgence à se former et l'essentiel c'est de former des citoyens.
Margarida Roméo
Au niveau des compétences des études montrent que l’on est en train d’impacter l’éducation, mais à des niveaux bien supérieurs qu’antérieurement. Certains des travaux pourront être réalisés avec une faible formation et pourront être automatisés. On a besoin d’une société avec de plus en plus de compétences et pas uniquement à l’école.
L’école a en fait énormément d’exigences avec ces changements. Il y a également le développement de la pensée critique. Je pense que c’est en France un aspect sur lequel l’éducation est forte, cette capacité à avoir un esprit critique face à différentes technologies, à la fois de fournir des solutions et fournir des services qui puissent être utilisés de manière éthique.
Mais l'autre chose, c'est être capable de comprendre l'informatique et la collaboration entre les sciences de l'éducation et les sciences de l'informatique. On a besoin également que les niveaux de culture générale informatique s'améliorent pour que l'on comprenne qu'est-ce que la donnée, que l'on comprenne ce que sont les algorithmes et l'empreinte numérique qu'on laisse quand on utilise des services numériques.
Un de mes rêves c'est que les gens puissent réclamer avoir des machines à laver open source. Mais pour qu'un jour les gens puissent avoir ce type de rêves cela demande que les personnes sachent comment fonctionne un système technologique, comprendre la modularité des systèmes et puissent, comprendre que cela est possible en ayant les compétences clés.
Accès à l'article : https://educavox.fr/formation/conference/educatech-comment-preparer-les-enseignants-les-eleves-et-les-etudiants-a-la-generalisation-de-l-ia
Café IA - Le Mois de l'IA - Recherche - ETAPP-IA
"L'IA dans l'éducation : évolution ou révolution ?" par Colin de la Higuera
*D’une part l’IA, c’est d’abord une évolution : elle révèle des choses qui existaient déjà.L’IA résout des problèmes existants que l’on résolvait difficilement ou mal. Elle découvre les biais qui sont dans les données : par exemple historiquement ceux qu’on a utiliser pour favoriser l’homme blanc. Lors que chatgpt a été utilisé pour faire des devoirs à la maison, ça été un scandale : mais on trichait déjà, chatgpt montre le biais. Ainsi pour le contrôle continu à la maison. L’IA montre aussi le côté éphémère de l’éducation. Par ailleurs, avec l’arrivée de l’IA, on accède à l’augmentation non de la qualité de la recherche mais de la quantité de la production scientifique.
*Une évolution encore car un algorithme de Machine Learning remplace le principe d’apprentissage par une optimisation de la fonction qui trouve et minimise les erreurs.La fonction choisie est une trame mathématique qu’utilisent toutes les IA (cf. diaporama : comment fonctionne un algorithme de Machine Learning ?). Cette technique a permis à l’IA de se développer. Ne faisons-nous pas la même chose avec l’éducation ? A force d’avoir des fonctions objectives qui sont importantes est ce que je ne remplace pas le problème des apprentissages par ce problème de trouver le zéro ?
*Mais l’IA c’est aussi une révolution à cause de ceux qui mettent de l’argent de manière considérable dans l’IA et l’IA en éducation, qui devient un banc d’essai pour l’IA.Un certain nombre d’études montrent que ça marche, pas seulement pour avoir des bonnes notes mais aussi pour différents usages complémentaires aux cours. Entre cours particulier et chatgpt, qu’est ce qui marche le mieux ? Une étude révèle que 85% des étudiants interrogés disent que chatgpt « ça marche mieux ». Des choses importantes sont dites dans l’analyse : chatgpt ne juge pas ; ils peuvent formuler plusieurs fois ou différemment leurs questions ; chatgpt est toujours disponible.
Accès à l'article : https://educavox.fr/formation/conference/l-ia-dans-l-education-evolution-ou-revolution-par-colin-de-la-higuera
"Les enjeux sociétaux de l’IA dans l’éducation" par Pierre-Yves OUDEYER
Productions de textes, images, vidéos par l'IA, et bientôt des films entiers produits par l'IA...et aucun moyen technologique de savoir si ce sont des humains ou l'IA qui les a réalisés.
[*]Deepfakes: désinformation et vie privée. Les erreurs (hallucinations) des IAgens sont souvent involontaires. Cependant, il est aussi possible d’utiliser ces logiciels pour volontairement créer des textes ou des images qui mettent en scène des personnes ou des lieux réels, mais dans des situations qui n’ont pas existé. Dans le cas des images ou des vidéos, la qualité des logiciels d’IAGens permet aujourd’hui de générer des scènes pour lesquels il est quasi-impossible de deviner s’il s’agit d’une vraie image ou d’une image inventée: on parle alors de deepfakes.
La capacité à produire des deepfakes est malheureusement utilisée aujourd’hui à grande échelle à des fins malveillantes, que ce soit par des particuliers ou de grandes organisations. Certains états les utilisent pour des campagnes de désinformation massive. Par exemple, en 2022, pendant l’invasion de l’Ukraine par Russie, une vidéo truquée de Volodymyr Zelensky le montrait en train de demander à la population ukrainienne de se rendre. Ce type d’usage est devenu courant pendant les élections, y compris dans les États “démocratiques” occidentaux, et est amplifié par l’usage de “bots”, des logiciels qui simulent des personnes réelles sur les réseaux sociaux afin de propager ces fausses informations.
Cela illustre les enjeux citoyens majeurs qui y sont associés. D’autres usages malveillants incluent les escroqueries commerciales ou les fausses publicités. Enfin, les deepfakes sont aussi utilisés de manière grandissante par les individus, y compris les adolescents, pour mettre en scène, parfois de manière ridicule, des personnes publiques ou bien certaines de leurs connaissances. Un autre usage consiste à se mettre en scène ou à utiliser ces logiciels pour montrer modifier son apparence et montrer une image de soi qui ne correspond pas à la réalité. Ces usages peuvent ainsi avoir de graves conséquences sur la vie des personnes concernées.
Les capacités nouvelles et très larges des technologies d’IAGen, mais aussi leur nature qui en fait des outils puissants de transmission culturelle, ce qui inclue tout un ensemble de mécanismes de désinformation, posent ainsi aujourd’hui à la société en général, et pour les jeunes et futurs citoyens en particulier, de grands défis et de grandes opportunités.
"L'intégration de l'IA dans la dynamique de formation des enseignants" par Erwan PAITEL
Interrogations sur les compétences à maitriser : l' IA est un réel sujet qui ne peut être réduit à une discipline.Il s'agit d'une crise supplémentaire qui s'ajoute aux sujets qu'il faut embrasser dans notre système, crise sanitaire, problématique de l'environnement, médias avec informations et désinformations, on a plusieurs météorites qui nous sont tombées sur la tête !
Ces crises sont trés rapprochées et nous devons considérer en même temps, la formation de 850000 enseignants et 12 millions d'élèves. Les transformations, les adaptations sont lentes, mais y répondre est loin d'être simple : comment ces compétences pouvant être considérées comme vitales, doivent-elles être proposées en formation d'une manière facile ?
L'écosystème est riche : une Direction du Numérique pour l’Éducation (DNE) active, une interface avec la recherche, des productions qui permettent l'accés aux groupes thématiques numériques (GTNum), des plateformes (Canopé), une Communauté de Réflexion en Éducation sur l’Intelligence Artificielle (CREIA). Le flux d'informations est peut-être même trop important, ce qui nous incite à trouver d'autres modes, par exemple, la formation de pôles au niveaux académiques. Les éléments nombreux, supports informationnels, doivent être identifiés et faciles d'accès tout en gardant en conscience que l'IA n'est pas toujours indispensable au quotidien.
Accès à l'article : https://educavox.fr/accueil/reportages/etapp-ia-l-integration-de-l-ia-dans-la-dynamique-de-formation-des-enseignants-par-erwan-paitel
"Les compétences numériques nécessaires pour un usage raisonné de l'IA en pédagogie" par Philippe Carré
L’arrivée du web a multiplié les sources d’informations, phénomène encore amplifié par les réseaux sociaux et des algorithmes de recommandations qui ont posé des questions diverses comme celles de la manipulation des informations, des biais cognitif… Aujourd’hui avec l’arrivée des IA génératives, d’autres questions prennent également de l’ampleur car certaines tâches deviennent bien plus accessibles comme la création de fausses images ou de deepfakes.
Comment former nos élèves pour qu’ils s’y retrouvent dans ce paysage informationnel de plus en plus complexe ?La sélection de l’information se fait aussi en fonction de l’objectif d’apprentissage visé et pas uniquement en fonction de la pertinence du contenu mais en tenant compte de la validation et des enjeux de la source.
La sélection des ressources ne relève plus seulement d’enjeux « scolaires » ou « universitaires », mais aussi d’enjeux géopolitiques, démocratiques et sanitaires.
Accès à l'article : https://educavox.fr/formation/outils/former-les-eleves-a-l-evaluation-critique-des-sources-d-information-numeriques-du-21e-siecle-1
Intelligence artificielle générative au service de l’humain en éducation
Le ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, lance un guide destiné au personnel enseignant des classes primaires et secondaires (le Collège) sur l'utilisation pédagogique et éthique de l'intelligence artificielle générative.
Un guide propose des pistes de réflexion et des critères liés à l’utilisation pédagogique, éthique et légale de l’IAG pour orienter le personnel enseignant appartenant aux ordres d’enseignement préscolaire, primaire et secondaire ainsi qu’à ceux de la formation professionnelle et de la formation générale des adultes. Ainsi, il s’adresse principalement au personnel enseignant, mais peut également guider les autres actrices et acteurs du milieu éducatif.
L’utilisation responsable de l’IAG par le personnel enseignant doit être complémentaire au développement des compétences professionnelles et de la compétence numérique. C’est pourquoi une attention particulière doit être portée à la formation du personnel enseignant à l’IAGénérative.
Accès à l'article : https://educavox.fr/innovation/dispositifs/intelligence-artificielle-generative-au-service-de-l-humain-en-education
Serions -nous en transition vers une symbiose humain.e.s et technologies ? Question provocatrice bien sûr...Une pensée pour l'homme symbiotique de Joël de Rosnay...(Editions Le Seuil 1995)
Michelle Laurissergues