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La préfecture du Lot et Garonne, la CAF, le Conseil Départemental, la Ligue de l’Enseignement, la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale de ce même département ont organisé le 4 octobre à Monclar un séminaire territorial* sur le thème de la continuité éducative en milieu rural.

Le thème est explicité en amont du séminaire dans le livret du participant.

La continuité éducative est ici définie comme la recherche de plus de cohérence et de complémentarité entre l’éducation formelle, non formelle et informelle à l’échelle d’un territoire.

En réduisant les inégalités territoriales en matière d’offres et de complémentarité éducatives, elle permet le renforcement des compétences des enfants et des jeunes et leur autonomie.

Elle permet de travailler les liens et les transitions entre les acteurs au bénéfice d’une logique de parcours de vie de l’enfant et du jeune.

Dans ce sens, la continuité éducative respecte et préserve pleinement les spécificités des missions, des compétences, des temps et des espaces des différents acteurs éducatifs d’un territoire donné.

Éducation formelle : Ensemble des apprentissages organisés et structurés dispensés principalement dans les établissements scolaires et universitaires. Elle suit un programme officiel, conduit à des diplômes ou certifications.

Exemples : école primaire, secondaire, université, formations diplômantes.

Éducation non formelle : Processus éducatif organisé en dehors du système scolaire formel, souvent volontaire, flexible et adapté aux besoins des publics. Elle ne mène pas toujours à un diplôme officiel, mais développe des compétences utiles pour la vie quotidienne, sociale ou professionnelle.

Exemples : activités de loisirs associatifs, formation continue, ateliers culturels, linguistiques ou sportifs.

Éducation informelle : Ensemble des apprentissages spontanés et quotidiens acquis au fil de la vie, sans organisation structurée ni objectif pédagogique explicite. Elle résulte des interactions sociales, des expériences personnelles et de l’environnement.

Exemples : apprendre à cuisiner en observant un parent, acquérir des savoirs numériques en explorant internet, développer des valeurs à travers la famille.

Elles forment un continuum où chaque expérience d’apprentissage, qu’elle soit scolaire, associative ou quotidienne, contribue au développement global de la personne.

Dans sa prise de parole, en introduction des travaux et pour en préciser le cadre, Madame Priscilla Nguyen Van, Déléguée Générale de la ligue de l’enseignement de Lot et Garonne, développe la vision exigeante qu’a son mouvement de la continuité éducative.

La Ligue de l’enseignement, mouvement d’éducation populaire et association complémentaire de l’enseignement public, porte depuis toujours une conviction forte : l’éducation ne se limite pas aux murs de l’école. Elle se construit aussi dans les centres de loisirs, les associations, les familles, les espaces publics, et à travers tous les temps de vie des enfants et des jeunes.

Comme le disait Paulo Freire, « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».

Cette vision, la ligue la met en pratique chaque jour, en œuvrant pour que chaque territoire devienne un espace d’apprentissage, de découverte et d’émancipation.

La continuité éducative, c’est d’abord une ambition collective.

Elle repose sur la complémentarité et la coordination de tous les acteurs éducatifs : l’État, les collectivités territoriales, les associations, les familles, et bien sûr les enfants et les jeunes eux-mêmes. Aucun acteur ne peut, à lui seul, répondre à l’ensemble des besoins éducatifs. Les enjeux éducatifs, sociaux, sanitaires, culturels sont intrinsèquement liés. C’est ensemble que nous pourrons offrir à chaque enfant un parcours riche, cohérent et accessible, qui lui permette de développer son autonomie, sa créativité, son esprit critique et son sens de la solidarité.

Les Projets Éducatifs de Territoire (PEdT), l’implication renforcée de la CNAF,  sont des outils précieux pour structurer cette ambition. Ils permettent de rassembler les acteurs autour d’objectifs communs, de mutualiser les ressources et de garantir une offre éducative de qualité, adaptée aux réalités locales. Pourtant, leur mise en œuvre se heurte encore trop souvent à des freins : manque de moyens, cloisonnement des acteurs, ou encore difficulté à mobiliser les familles et les jeunes dans la construction de ces projets.

Face à ces défis, il nous faut agir collectivement comme facilitateur.

La ligue de l’enseignement porte une vision exigeante de la continuité éducative, qui dépasse le simple empilement de dispositifs. Pour nous, il s’agit de réaffirmer les temps éducatifs dans leur globalité : temps scolaire, périscolaire, extrascolaire et familial. Il s’agit de favoriser la mixité sociale et culturelle, de lutter contre les inégalités territoriales, et de donner à chaque jeune les clés pour construire son avenir.

Pour y parvenir, nous formulons trois préconisations fortes :

  • Renforcer les partenariats entre tous les acteurs éducatifs : L’État, les collectivités, les associations et les familles doivent travailler main dans la main, dans une logique de co-construction et de gouvernance partagée. Les PEdT et les Cités éducatives sont des cadres pertinents, mais ils doivent être élargis à tous les territoires, y compris ruraux et périurbains.
  • Investir dans la formation et la valorisation des acteurs éducatifs : Les animateurs, les enseignants, les bénévoles associatifs sont des maillons essentiels de la continuité éducative. Ils doivent être formés, accompagnés et reconnus à la hauteur de leur engagement.
  • Placer les enfants, les jeunes et leurs familles au cœur des projets : La continuité éducative ne peut se décréter sans eux. Elle doit s’appuyer sur leurs besoins, leurs attentes et leur participation active.

La continuité éducative n’est pas une option, c’est une nécessité. C’est un levier puissant pour réduire les inégalités, renforcer la cohésion sociale et préparer les citoyens de demain. 

 

*Deux conférences ont été des points forts de ce séminaire :

« Pourquoi déployer la continuité éducative en territoire rural ? » par Madame Ariane AZEMA inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche.

« Comment associer les parents dans des démarches de continuité éducative ? » par Madame Clothilde JOUZEAU auteure, enseignante et doctorante eu centre de recherches sur l’éducation, les apprentissages et la didactique, Rennes II.

Elles feront l’objet d’un prochain article.

Jacques Puyou

Dernière modification le jeudi, 09 octobre 2025
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é