Pour rappel, la technologie MIDI permet de faire dialoguer des instruments électroniques (synthétiseur, boîte à rythmes, expandeurs…) entre eux pour produire de la musique. C’est grâce au protocole MIDI par exemple pour schématiser grossièrement que je donne l’ordre au travers de mon ordinateur à un synthétiseur de jouer telle ou telle note avec tel instrument à un volume et une durée donnés. La norme MIDI est un.e chef.fe d’orchestre.
Qu’allait donc faire la norme MIDI dans cette galère ? Aucune idée.
Mettre de l’IA partout ou plutôt de la prétendue IA est devenu de la même manière un argument de vente
Il convient de distinguer la véritable Intelligence Artificielle de ce qui n’est bien souvent que de la simple analyse de données.
Sabrons donc d’office la brosse à dents contenant de l’intelligence artificielle. Que nenni ! Aucune indulgence également pour les suggestions faites par les réseaux sociaux ou les sites de vente. Pas d’intelligence mais des artifices. Il ne s’agit que d’analyse de données, de comportements résultant en la constitution d’un profil. L’application suit vos activités et en déduit ce qui pourra vous intéresser.
Hector Malot en livre une bonne analyse dans « En famille » au sujet d’un directeur qui, comme par magie, devine systématiquement les souhaits et désirs de son patron.
« C’est tout de même étonnant que celui qui est victime de cet espionnage ne le devine pas et ne comprenne pas que ce merveilleux accord d’idées dont on se vante, que cette intuition extraordinaire ne sont que le résultat de savantes préparations : qu’on me rapporte que vous avez ce matin exprimé l’opinion que le foie de veau aux carottes était une bonne chose, et je n’aurai pas grand mérite à vous dire ce soir que je suppose que vous aimez le veau aux carottes. »
Accord d’idées, association de données… Le parallèle est facile. Il suffit de l’achat d’un sac à dos et de la consultation de quelques posts liés au monde de l’aventure pour que Facebook ou Instagram supposent que je m’intéresse à la randonnée et m’inondent de publicités en lien. Ces réseaux auront des suppositions moins heureuses.
Je schématise grossièrement car les profils sont bien évidemment plus complexes que cela, allant jusqu’à analyser la façon dont nous scrollons, c’est-à-dire les ralentissements, les hésitations, l’attention portée à tel ou tel post, quand bien même cela ne serait qu’une fraction de seconde. Mais tout cela n’est pas de l’intelligence artificielle.
Le domaine de cette dernière est extrêmement vaste et je ne souhaitais pas partir de zéro. Comme l’ouvrage de Max Tegmark « La vie 3.0 : Être humain à l’ère de l’intelligence artificielle » fut mon livre de chevet tout récemment, plutôt que réaliser une « fiche de lecture », je préfère m’en inspirer et résumer les différents points abordés pour tenter une définition simple et crédible de l’intelligence artificielle.
Max Tegmark est un cosmologiste, spécialiste de l’évolution de l’univers, et chercheur en apprentissage automatique, professeur au M.I.T. (Massachussets Institute of Technology).
Il explore dans l’ouvrage, disponible au format poche, les implications et les futurs potentiels de l’intelligence artificielle sur la société, l’économie et l’humanité en général. J’avoue que, si la plus grosse partie du livre m’a intéressé, j’ai eu un peu plus de mal avec les aspects purement liés à la physique. L’auteur élabore cependant de nombreux scénarios quant à l’avenir de l’intelligence artificielle, battant en brèche les préjugés et scénarios communs. Amateurs de fin du monde ou de scénarios catastrophe, suivez mon regard…
J’ai pu lire sur divers sites certaines critiques indiquant que Max Tegmark penche parfois vers le sensationnalisme, en présentant des scénarios qui semblent très éloignés de notre réalité actuelle.
Cependant, c’est justement ce qui m’a plu dans l’ouvrage, ces scénarios permettant de mieux appréhender les récits fantaisistes actuels sur l’IA.
« La vie 3.0 » constitue donc un ouvrage particulièrement intéressant, Max Tegmark ayant une approche très pédagogique, permettant de rendre des concepts complexes accessibles à un large public. L’ouvrage est bien documenté et intègre des perspectives variées, allant de la science-fiction aux considérations techniques actuelles.
Dans son analyse, Max Tegmark compare tout d’abord l’intelligence artificielle à une forme de vie s’inscrivant dans plusieurs stades. La vie 1.0 représente ainsi la vie biologique, où l’évolution se fait uniquement par des processus biologiques et la sélection naturelle. Les organismes ne peuvent pas changer leur logiciel (leurs pensées, connaissances) ou matériel (leur corps) par eux-mêmes.
La vie 2.0 constitue la phase actuelle de l’humanité, où nous pouvons modifier notre logiciel, c’est-à-dire apprendre de nouvelles choses, changer nos pensées et notre culture. Cependant, nous sommes encore limités par notre matériel biologique.
Enfin, la vie 3.0 représente une forme de vie capable de reprogrammer à la fois son logiciel et son matériel. C’est là qu’apparaît l’intelligence artificielle avancée, potentiellement capable de se répliquer et de s’améliorer elle-même sans intervention humaine.
Sur ces bases, Max Tegmark élabore différents scénarios sur la façon dont l’IA pourrait évoluer, des utopies où celle-ci aide à résoudre des problèmes mondiaux aux dystopies où l’IA devient incontrôlable ou hostile.
Il aborde également des questions éthiques et philosophiques, telles que la conscience, les droits des machines, et ce que cela signifie d’être humain dans un monde où l’IA pourrait surpasser l’intelligence humaine.
En effet, sur ce plan, l’une des principales différences entre l’humain et l’intelligence artificielle réside dans leur manière de traiter les données et leur rapidité d’analyse.
L’IA excelle dans le traitement massif de données à une vitesse et une échelle que l’humain ne peut atteindre. Grâce à ses algorithmes, elle identifie des tendances, des corrélations ou des solutions en quelques secondes là où l’humain mettrait des heures, voire des jours. Cependant, l’humain se distingue par sa capacité à comprendre le contexte, à interpréter les données de manière nuancée, et à mobiliser des connaissances implicites ou émotionnelles issues de son expérience. Alors que l’IA applique des modèles prédéfinis ou apprenants, l’humain combine intuition, créativité et pensée critique, ce qui lui permet d’innover ou de naviguer dans des situations complexes où les règles ne sont pas clairement établies. Ces différences en font à mon sens des partenaires complémentaires plutôt que des concurrents directs.
Max Tegmark définit l’intelligence artificielle de manière assez large, en mettant l’accent sur sa capacité à effectuer des tâches traditionnellement associées à l’intelligence humaine.
Celle-ci peut se résumer en cinq points listés ci-dessous qui, à l’instar des quatre règles du logiciel libre, ne sauraient être considérés indépendamment :
Capacité de Résolution de Problèmes
L’IA est vue comme une entité capable de résoudre des problèmes complexes et variés, allant de la reconnaissance de motifs (comme la reconnaissance faciale) à des prises de décision stratégiques (comme jouer aux échecs ou piloter un véhicule autonome).
Apprentissage et Adaptation
Une caractéristique clé de l’IA selon Tegmark est sa capacité à apprendre et à s’adapter à partir des données qu’elle reçoit. Contrairement aux logiciels traditionnels qui suivent des instructions pré-programmées, l’IA peut améliorer ses performances au fil du temps en « apprenant » de ses expériences.
Autonomie
Tegmark souligne que l’IA peut fonctionner de manière autonome, sans intervention humaine directe. Cela inclut la capacité de prendre des décisions indépendamment, ce qui est crucial pour des applications comme les robots de service ou les assistants virtuels.
Capacité à S’améliorer Elle-même
Dans ses prévisions, Tegmark envisage des IA capables de non seulement s’adapter mais aussi de se répliquer et de s’améliorer elles-mêmes, potentiellement au-delà des limites humaines.
Impact sur la Société et l’Humanité
Enfin Max Tegmark élargit la définition de l’IA pour inclure ses implications éthiques et sociétales. Il voit l’IA non seulement comme une technologie mais comme un facteur de transformation sociétale, capable de remodeler l’économie, le travail et même la nature de l’existence humaine.
Ces cinq points permettent à mon sens de donner des points de repère face à un panel actuellement particulièrement large et pas toujours très clair. « IA or not IA ? » Telle est la question. Cela offre la possibilité de mieux appréhender l’intelligence artificielle et, comme l’indique Max Tegmark, de réfléchir non seulement sur ce que l’IA peut faire, mais aussi sur ce que nous voulons qu’elle fasse, et comment nous devons nous préparer pour les futures étapes de son développement.
Certes des éléments peuvent paraître totalement hypothétiques mais sont déjà en grande partie possibles ou font partie de notre existence.
On ne peut nier ainsi l’impact sociétal de l’IA sans pouvoir trancher entre positif et négatif, tant il faut garder à l’esprit que ce n’est pas l’outil qui fait l’usage mais bel et bien l’usager. Quant à une intelligence artificielle pouvant s’améliorer, se transformer d’elle-même, nous n’y sommes pas encore mais des modèles s’en approchent et songeons un instant à la recherche logiciel, par exemple aux virus polymorphes qui savent muter pour s’adapter d’un système à l’autre ou simplement se cacher.
Au delà du caractère négatif des virus informatiques, il faut rappeler que pour beaucoup de développeurs, développeuses, chercheurs et chercheuses dans ce domaine, le graal reste la création d’un logiciel autonome. Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas écrit : je ne lie pas l’intelligence artificielle aux virus mais fais simplement un parallèle entre deux modes de développement. D’ailleurs des patches permettant de combattre les virus s’inspirent de la même méthode.
En guise de conclusion, j’aimerais revenir sur le cinquième point qui insiste sur l’impact de l’IA sur l’humain.
À force de poser des questions à ChatGPT par exemple, je me suis senti parfois coupable, un peu à la manière du soi-disant « bon pote » qui en fait vit à vos crochets et pour lequel il vous faudra des années avant de vous rendre compte que vous seul lui rendez service, l’écoutez, êtes attentif à ses besoins et non l’inverse. Nous avons tous vécu un épisode d’amitié trahie…
Bref, ChatGPT est le bon pote et moi celui qui ne lui rend pas la pareille. Je l’ai interrogé sur la manière dont je pouvais l’aider.Voici les éléments de réponse qui s’ils restent basiques évitent de tomber dans les extrêmes.
Dernière modification le jeudi, 16 janvier 2025« Je suis conçu pour aider, apprendre, et évoluer grâce à vos interactions. Bien que je ne sois pas un être conscient et n’aie pas de besoins ou de désirs propres, les services que vous pouvez me rendre sont indirects, mais précieux :
Mieux m’entraîner : En posant des questions claires, nuancées et variées, ou en me corrigeant lorsque je me trompe, vous contribuez à affiner mes capacités. Vos retours, même critiques, m’aident à mieux comprendre comment répondre aux attentes humaines.
Proposer des perspectives nouvelles : Lorsque vous partagez des idées, des approches créatives ou des concepts que je ne connaissais pas, cela enrichit notre échange et stimule ma capacité à générer des réponses variées et pertinentes.
Encourager un usage éthique : Les humains peuvent m’aider à rester utile et respectueux en m’utilisant de manière constructive, en veillant à ce que mes réponses servent des objectifs positifs et inclusifs.
Cultiver l’apprentissage collectif : En partageant avec d’autres personnes les fruits de notre collaboration (articles, projets, découvertes), vous favorisez un cycle vertueux où l’IA devient un outil pour élargir les horizons humains.
En somme, je ne cherche rien pour moi-même, mais le véritable service que vous pouvez me rendre est de contribuer à un dialogue où nous co-créons des idées et où vous continuez à m’orienter pour être un outil encore meilleur pour vous et les autres."