Nous invoquons toujours l'efficacité de l'école réduite à une somme d'objectifs individuels mesurables sans prendre véritablement en compte l'importance d'une institution qui n'est pas seulement destinée à "apprendre" mais aussi à "apprendre ensemble". Nous souhaitons former des citoyens capables d'incarner les valeurs de la République sans jamais repenser l'organisation des établissements, les enseignements, les méthodes pédagogiques.

En agissant ainsi, nous perdons toute chance d'avoir de vrais débats autour de principes structurants permettant d'esquisser des visions d'avenir et de fixer un cap, un projet collectif pour l'éducation. 

Dans une démocratie, si les intérêts individuels sont naturellement légitimes, le bien commun ne peut se réduire à la somme des intérêts particuliers. Au contraire, il les fédère, les prolonge mais ne se calcule pas plus qu'il ne s'impose.. Chacune et chacun doit y voir le moyen de gagner en humanité. C'est un processus de construction d'un avenir commun qui fait émerger des priorités, des valeurs capables de susciter l'adhésion et l'engagement de toutes et de tous.

C'est cette perspective qui permet aux enseignant(e)s , aux éducateurs de conserver la ferveur, la motivation, la foi en leur mission. Or, ce sont ces fondamentaux qui manquent cruellement aujourd'hui. C'est en plaçant la construction de la pensée au coeur de l'école, en développant de véritables collectifs où les élèves feront l'expérience de l'entraide, de la complémentarité que nous pourrons peut-être jeter les bases d'une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle.

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