C'est cette fois au tour des enseignants d'être visés par un renforcement d'un supposé devoir de réserve.
Bien sûr, le secret est la garantie principale de certains exercices professionnels. Médecins, avocats, juges ne peuvent souvent pas s'exprimer sans violer ces principes. Quant aux militaires, aux diplomates, ils sont liés, à coup sûr, par un devoir de réserve.
Mais les fonctionnaires? Leurs droits et obligations sont prévus par la loi du 13 juillet 1983 laquelle n'évoque nullement l'existence d'un éventuel droit de réserve. Ils sont certes tenus au secret professionnel de même que s'imposent à eux une obligation de discrétion pour les faits ou documents dont ils ont eu connaissance dans l'exercice de leurs fonctions. Depuis 2016, ils sont également soumis à une obligation de neutralité et au respect de la laïcité.
Or, en décembre 2018, une enseignante de Dijon a été convoquée par le rectorat pour avoir critiqué Emmanuel MACRON sur un site Internet. L'affaire s'est soldée par "un rappel au devoir de réserve" dans l'expression de ses opinions personnelles. Dans le projet de loi sur "l'école de la confiance", présenté le 5 décembre 2018, Jean-Michel BLANQUER propose l'insertion d'un article qui évoque précisément le devoir de réserve, lequel ne s'applique d'ailleurs qu'à l'éducation nationale. Le Ministre confond accomplissement d'une mission et obéissance aveugle.Pourtant, sans liberté pas d'éducation.
Les enseignants sont avant tout des citoyens qui doivent, à ce titre, bénéficier d'une parfaite protection de leur liberté d'expression, liberté fondamentale que la République ne saurait, une fois de plus, entraver faute de savoir comment répondre à leurs doléances.
Ecouter le podcast
Dernière modification le lundi, 04 février 2019