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En cinquante ans, les salles de classe ont peu évolué, si le matériel s'est certes modernisé, l'espace est toujours organisé par le face à face figé entre des dizaines d'élèves enfermés et leur professeur. L'enseignant est toujours le "maître " des corps . La parole est rationnée, les postures corrigées, le mouvement prohibé, le silence exigé.

Pourtant, ce qui, il y a plusieurs années était acceptable et accepté crée aujourd'hui d'immenses sentiments d'injustice et de frustration en total décalage avec une société où justement les individus ont trouvé à s'affranchir de nombreux carcans séculaires. Pas plus que les adultes, les jeunes supportent mal cette domination.

Mais le problème est plus profond, car, derrière sa mission d'éducation, l'école est, par la force des choses devenue une des institutions cardinales dans la structuration de notre société : soumission  des individus aux normes, contrôle des corps, des coeurs, insertion dans l'ordre économique.

Par exemple, depuis les origines, les rythmes des vacances scolaires sont liés à l'activité économique, soit qu'on libère les enfants pour les travaux des champs comme dans les années 1920, soit qu'on octroie plus de vacances pour favoriser le tourisme familial à partir des années 1960. Ce sont d'ailleurs le plus souvent  les impératifs économiques des professionnels du secteur qui structurent les calendriers scolaires que le bien-être des enfants.

Les parents eux-mêmes participent à cette projection. On connait leur mobilisation pour que les établissements  gardent leurs enfants le plus longtemps possible, leurs mouvements d'humeur en réaction aux grèves des enseignants ou encore les rythmes scolaires qui les dérangent dans leurs organisations professionnelle ou familiale.

Mais, c'est autour de l'ordre moral que se manifestent les émotions les plus fréquentes et les plus virulentes. L'école n'est pas toujours armée pour assimiler les transformations profondes de la société parce qu'elle choisit le conformisme du plus grand nombre et, de facto peine à répondre aux singularismes comme par exemple l'accueil et la scolarité des enfants, adolescents, adultes porteurs de handicap.

L'école, répétons-le manque d'une ambition nouvelle à la hauteur de Jean ZAY, du plan LANGEVIN-WALLON ou même de la loi d'orientation de 1989, portée par Lionel JOSPIN. Situation étrange où, dans un contexte qui semble imposer une mutation générale, nous ne rêvons que de reproduire ce qui a été, en ayant en tête qu'une question : Comment limiter les dégâts?

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Dernière modification le mercredi, 29 septembre 2021
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/