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Régulièrement, des voix s'élèvent pour regretter la perte des valeurs, l'affaiblissement de la citoyenneté et en appellent au retour à la morale d'antan et à l'instruction civique. Nostalgie d'un âge d'or qui n'a jamais existé mais qui fait bel et bien consensus sur tout l'échiquier politique avant d'être jeté aux oubliettes jusqu'à la prochaine échéance électorale.

Observons toutefois que  si dans les projets et programmes des candidat(e)s , nous trouvons l'exigence de la transmission des valeurs, de la  restauration de l'autorité, de la formation du futur citoyen, aucun(e) en revanche ne s'est par ailleurs risqué à aborder les questions du qui, du quand,  avec quels moyens, quel échéancier, comme s'il suffisait de le dire, ou de l'écrire pour que, comme par magie, la transformation des mentalités s'opère.

La crise de la démocratie dépasse complètement l'école et, la société dans son ensemble ne saurait s'exonérer de ses responsabilités en les rejetant sur le système éducatif.

Ne serait-il pas opportun de  s'interroger d'abord sur la place de l'Humain; de l'enfant, du jeune dans un monde en mutation, "sur la formation du citoyen, sur l'apprentissage de sa capacité à exercer ses  responsabilités individuelles et collectives, sur la notion d'engagement dans la réalisation de projets?" Ne faudrait-il pas  aussi dépasser les  conservatismes, les  corporatismes pour débattre de ces questions évoquées  souvent  mais rapidement contournées et au final évitées: quand, comment ,avec qui formera-t-on des citoyens lucides, engagés, responsables? L'école pourrait-elle s'en charger ? Et si elle ne le fait pas, qui prendra le relais? La société, les médias, les associations les églises, les partis politiques ? Nous pouvons sérieusement en douter!!

Par ailleurs, si  l'école  devait assumer cette mission comment pourrait-elle le faire avec des programmes alourdis chaque année, avec des contenus disciplinaires qui ne font pas sens pour les élèves qui ne parviennent pas à les mettre en relation avec les réalités qui les entourent, avec les savoirs qu'ils accumulent en dehors de la salle de classe?

Pourra-t-elle le faire si le respect de l'autre et l'égalité ne sont pas garantis ? Pourra -t -elle le faire si les procédures d'évaluation ne portent que sur les erreurs, le manque, les carences et non sur les réussites, les talents, les méthodes ? Si ces procédures conduisent toujours à la compétition individuelle, à l'élitisme et donc à l'humiliation et au découragement ? Pourra-t-elle le faire si les enseignant(e)s ne travaillent pas ensemble, s'ils continuent à être caporalisés par des instances supérieures qui les infantilisent ?

Il faudra bien repenser un jour les savoirs scolaires, assurer l'articulation nécessaire entre les finalités, les valeurs et les pratiques, à définir la place de l'élève, les missions des professeurs  et rendre toute sa place à la pédagogie.

Peut-être est-il temps de faire preuve de courage politique, d'avoir une vision prospective de la société pour permettre à l'école de contribuer à la réinvention de la démocratie.

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Dernière modification le mardi, 03 mai 2022
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/