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Si nous voulons tenter de comprendre ces phénomènes de violence dramatiques qui frappent des adolescent(e)s, il faut d'abord renoncer à l'idée d'un facteur causal unique. La violence est toujours multifactorielle, inscrite dans un rapport, une relation entre l'acteur et la victime mais aussi avec l'entourage du moment; le cadre familial, social (ici le collège), le contexte culturel sans oublier les caractéristiques du ou des agresseurs.

Tenter de comprendre exige de prendre du recul 

Il semble que, dans ces affaires, des facteurs sociétaux mais aussi éducatifs au sens large famille, école entre autres, psychologiques individuels et de groupe, sans oublier des facteurs culturels avec la place de la violence dans les sociétés contemporaines ont  interagi et conduit à ces drames.

Victimes comme agresseurs, il s'agit le plus souvent de jeunes 14-15 ans et 19-20 ans,. Si la victime est seule, les agresseurs sont en groupe. Des embrouilles, quelle qu'en soit la nature, ont précédé. De façon quasi systématique, des échanges sur les réseaux sociaux ont fait monter l'excitation. A aucun moment, aucun individu du groupe des agresseurs n'a pu dire "stop", "on se calme" et ils n'ont rencontré aucun aîné susceptible de le leur dire. L'excitation a suscité une impatience grandissante à agir. Au moment de l'action, "un déchaînement" individuel et collectif a levé toute inhibition et retenue.

Elargissons notre regard!! Sur la société d'abord; nous vivons dans l'urgence permanente.

Immédiateté et compétition sont les ingrédients du moteur social et économique. Or, nos adolescents sont sensibles à cette excitation. Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène.. Sans parler des multiples écrans ; de la place de la violence dans un nombre incalculable d'images et de séquences que les cerveaux  de nos enfants absorbent sans discernement. Où sont les adultes quand nos jeunes se repaissent de ces contenus.? C'est un facteur essentiel dans le comportement violent d'un mineur!!

Dans la société d'avant les écrans, cette exposition restait cantonnée au milieu familial ou à l'environnement proche..

De nos jours, tous les gamins, sans exception, sont exposés à la violence quand bien même celle-ci n'est que virtuelle. Mais, cette violence virtuelle déconnecte l'acte  et sa vison de l'émotion et du partage empathique qui en sont les freins.. La violence est contagieuse, car, à l'instant du passage à l'acte, la distance entre soi-même et la conscience est abolie. Il n'a plus cette retenue, souvent douloureuse qui permet justement la conscience de l'existence de l'autre. Nos sociétés, nos médias ne nous y incitent ils pas en permanence ?

Autre remarque importante: dans l'éducation traditionnelle, la rapport à l'autre prévalait sur le rapport à soi.

Dans l'idéologie de l'éducation  contemporaine, le rapport à soi l'emporte sur le rapport à l'autre.

"Mon désir" "Moi d'abord" tendent à effacer la place de l'autre.. "Mettre de l'autre en soi" l'altérité devient malheureusement un enjeu peu valorisé par l'idéologie ambiante, celle de l'individualisme véhiculé par nombre de réseaux sociaux qui malheureusement sont aujourd'hui un des acteurs éducatifs majeurs d'une grande partie de notre jeunesse.. Ne le cultive-t-on pas à l'excès dans notre vie quotidienne ?

Il ne s'agit nullement de nier la responsabilité de ces agresseurs qui devront répondre de leurs actes devant le justice mais de reconnaitre que notre société porte elle aussi sa part dont elle ne saurait s'exonérer...

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Dernière modification le lundi, 22 avril 2024
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/