Vous le voyez, la nécessité d'inventer la "démocratie scolaire" est évidente afin que les enfants puissent l'expérimenter, la connaître, voir ce qui peut la détruire et la protéger des dangers qui la menacent.
La philosophe américaine Martha NUSSBAUM va plus loin et explique que "l'école d'aujourd'hui risque de reléguer au second plan des capacités essentielles pour la santé interne de toute démocratie " Elle évoque même dans son livre "Les émotions démocratiques" "une crise mondiale de l'éducation" qui pourrait ? sur le long terme ? être bien plus dévastatrice pour l'avenir d'un gouvernement démocratique."
Vous l'avez compris, il ne s'agit pas seulement d'enseigner les fondamentaux que le ministre répète à longueur de journée mais bien de jeter les bases d'une école "libératrice", riche de cultures, ambitieuse soucieuse du devenir de chaque enfant.
La mission de l'école n'est donc pas simplement de "poser les bases" mais au contraire d'équiper les élèves d'outils "intellectuels leur permettant de les reconstruire; apprendre à observer, raisonner, réfléchir, comparer, mettre en relation; classer, ordonner ce qu'ils reçoivent de la vie et de l'école qui vient parfois perturber les croyances antérieures auxquelles il faut les intégrer." Mais, une telle démarche n'est possible que si ces savoirs sont donnés ou transmis dans leur complexité vivante ,"en lien avec l'actualité locale, particulière dans laquelle baigne une classe active, voire coopérative."
Nous sommes loin de l'école que nous connaissons qui "fait le programme" mais, où , l'année terminée, les élèves ont appris des choses sans véritablement savoir à quoi elles peuvent servir, cette école qui pour motiver et éviter le décrochage recourt aux récompenses et punitions aux antipodes "d'une éducation à la responsabilité citoyenne.".
Bernard CHARLOT résume bien la situation "L'école fait, sans en avoir conscience, le contraire de ce qu'elle veut et croit faire."
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Dernière modification le lundi, 14 mars 2022