On a pu mesurer seulement cette année l’effet de cette réforme, avec les épreuves de spécialités se déroulant pour la première fois comme prévu au mois de mars, ce qui devait réduire la mobilisation exclusive des lycées par les épreuves de baccalauréat en juin.
Qu’observe-t-on ?
Du point de vue des heures d’enseignement perdues, les épreuves du mois de mars ont conduit à une perte notable d’heures d’enseignement dès le deuxième trimestre. Elles ont été chiffrées à 1 200 000 heures par le syndicat des personnels de direction. « Entre les plages de révision accordées en dernière minute à tous les candidats au baccalauréat au nom de l’équité, l’organisation des épreuves elles-mêmes, la dispense de cours de spécialité à la suite des épreuves, les oraux de langues et les épreuves expérimentales, les demi-journées accordées aux enseignants pour les corrections le mois de mars est décrit par tous comme un « gruyère » », écrivait Violaine Morin dans Le Monde du 16 avril dernier
Du point de vue de la mobilisation des lycéens, la clôture des inscriptions sur Parcoursup d’une part, le fait que 80% de la note du baccalauréat soit acquis après ces épreuves de spécialité, ont accentué la démobilisation de bon nombre d’entre eux, démobilisation provoquée par les emplois du temps débordant de « trous » du mois de mars. Démobilisation dont on sait qu'elle touche prioritairement les élèves aux résultats scolaires les plus fragiles.
Du point de vue, essentiel, de la qualité des apprentissages, professeurs et élèves sont unanimes à dire combien le rythme de gavage induit par le calendrier des épreuves dans les enseignements de spécialité à transformé des enseignements choisis, permettant d’approfondir sa culture personnelle, en séances de bachotage épuisantes et ayant perdu beaucoup de leur valeur formative ajoutée.
On n’a donc rien regagné jusqu’ici sur les heures d’enseignement perdues chaque année par l’ensemble des lycéens et, dans une moindre mesure, par les collégiens. On remarquera que l’actuel ministre n’a pas évoqué la fameuse « reconquête », mais incité benoîtement les lycéens à l’assiduité et à la régularité dans le travail, alors que l’assiduité et la régularité sont justement misses à mal dès le mois de mars par la désorganisation provoquée par le ministère de la vie des établissements et de leurs élèves.
On se trouve là en face d’un exemple de ce que notre institution éducative sait aussi faire : afficher de belles intentions, mais ne pas les réaliser, voire parfois faire le contraire de ce qu’elle prétend. Difficile alors de croire que « l’école de la confiance » est une incontestable réalité !
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Dernière modification le mardi, 30 mai 2023