fil-educavox-color1

Parents, enseignants s'inquiètent à juste titre de l’absence de ministre à quelques jours de la rentrée. Mais on sait bien que cette rentrée est déjà sur les rails et se prépare en amont. C’est à cela que servent l’administration centrale et les personnels d’encadrement.

Les principales mesures, et notamment les groupes de niveaux issus du « choc des savoirs », seront mises en œuvre dans le cadre des services des enseignants dans les collèges. En revanche, d’autres décisions ont été reportées du fait de la dissolution, c’est le cas de la réforme de la formation initiale.

Mais, même si le temps joue contre des changements immédiats, pour rétablir la confiance, on peut cependant prendre des décisions rapidement qui auront des effets à court ou moyen terme.

Elles ne coûteraient rien et pourraient même permettre des économies !

La suppression du « choc des savoirs » peut être annoncée rapidement et cela pourrait s’accompagner de directives pour transformer la répartition en groupes de « niveau » en une répartition en groupes "de besoin "pour l’année en cours. La réforme du brevet, censé devenir un examen de passage vers le lycée, peut être annulée sans difficultés. Les évaluations nationales qui empoisonnent la vie des enseignants et pervertissent la logique même de l’enseignement peuvent également être annulées. le stage de fin de seconde, décidé dans l’urgence et qui a été une usine à gaz pour les lycées et les parents, pourrait être supprimé sans regrets.

L’arrêt du service national universel (SNU) ne serait pas qu’une mesure symbolique. Cela mettrait fin à un gaspillage qui pourrait permettre d’économiser jusqu’à 3,5 milliards d’euros. Il en est de même pour l’abandon de L'expérimentation de l'uniforme . Cette mesure réactionnaire et démagogique coûterait entre 500 millions et un milliard si elle était généralisée (par comparaison, une augmentation de 10 % des enseignants coûterait 3,6 milliards).

On pourrait aussi annoncer, sinon la suppression, du moins la réforme de plusieurs instances qui, par leur fonctionnement et leurs décisions, ont contribué à influer négativement sur le travail des enseignants. C’est le cas du Conseil scientifique de l’Education nationale (CSEN) ou encore du Conseil supérieur des programmes. Le Conseil des sages de la laïcité mériterait, lui aussi, d’être profondément remanié pour plus de pluralisme.

La réforme de la formation initiale a été suspendue, mais il faudrait qu’elle soit rediscutée avec les partenaires sociaux. On pourrait aussi revenir sur l’interdiction de formation continue durant le temps scolaire qui est contraire à toutes les règles et ne répond pas aux besoins criants de formation.

On pourrait aussi évoquer la réforme du lycée général ou du lycée professionnel, ou encore les programmes du primaire. Mais les changements permanents ont des effets négatifs sur les personnels. Et le danger serait de ne se situer que dans une logique de retour en arrière.

Ces mesures immédiates seraient d’abord là pour reconstruire la confiance et donner des gages aux enseignants. Mais les chantiers sont nombreux où des décisions doivent être prises pour engager des transformations à moyen terme.

Quel que soit le ou la futur·e responsable de l’Education dans un prochain gouvernement, il ou elle aura à faire face à de nombreux chantiers pour apaiser et recréer la confiance et la capacité d’évoluer des personnels. Il lui faudra naviguer entre les écueils de la démagogie, de l’austérité et de la précipitation. Avec un cap: celui de la justice sociale.

Le podcast

Dernière modification le lundi, 02 septembre 2024
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/