1 – un MOOC au secondaire, c’est possible ?
Un MOOC est une formation en ligne, ouverte à tous. On peut l’envisager comme une transposition des MOOC universitaires en adaptant le niveau au contexte scolaire et on arrive à des choses comme ce que propose franceTVéducation
Mais on peut aussi envisager un MOOC comme une fenêtre grande ouverte sur le monde, qui offre la possibilité de créer des interactions avec l’extérieur. Cela rejoint le discours de Julie Higounet, chef de projet des « usages numériques » à la Direction du Numérique pour l’Education (DNE — DGESCO) qui propose de travailler 3 relations dans l’enseignement :
- la relation entre élèves et enseignants,
- la relation entre élèves,
- la relations avec les autres (le reste du monde).
Cette position rejoint aussi le point de vue de Stephen Downes qui dit que le côté massif (le M de MOOC) consiste à changer l’échelle du cours. Le premier MOOC a été l’ouverture au monde d’un cours donné à 25 personnes : plus de 2000 personnes ont suivi ce cours, y ont participé et ont enrichi les échanges sur la plateforme.
2 – Le MOOC comme un voyage
Les voyages scolaires sont une institution. Pourquoi ne pas remplacer un tel déplacement par un voyage en littératie numérique ?
Quels peuvent être les objectifs pédagogiques d’un tel voyage ?
- lire numérique : cela englobe la recherche d’information, la vérification des sources, le recoupement des données, le traitement et la synthèse de ces documents.
- écrire numérique : produire et publier des documents multimédia. Cela peut être du texte, des graphiques, des vidéos, etc …
- travailler en équipe et/ou en réseau : s’organiser, respecter un échéancier, s’écouter, argumenter, trouver un compromis, …
3 – Comment s’organiser ?
L’idée peut être séduisante, reste à s’organiser … De mon expérience de Classe-MOOC, voici quelques conseils :
- Banaliser une semaine pour être complètement immergé dans le MOOC.
- Définir un sujet qui peut intégrer un maximum de disciplines du programme et susceptible de motiver vos élèves : des grands sujets de société comme les réseaux sociaux, la ville durable ou intelligente, les données ouvertes, … peuvent être facilement intégrés à de nombreux programmes. Si vous proposez les grandes lignes de la thématique, laissez à vos élèves le choix de leur sujet d’étude. Cela accroitra leur engagement et leur permettra de travailler sur la construction d’une problématique.
- Trouver des partenaires : c’est sans doute ce qui sera plus compliqué. Il est intéressant de chercher des établissements partenaires dont les élèves pourront vivre le MOOC en même temps que vous, mais aussi des professionnels qui pourront apporter un regard d’expert. Leur participation pourra être de lire quelques productions (et si possible réagir), participer à une interview en ligne ou venir intervenir dans l’établissement, …
- Anticiper, anticiper et encore anticiper … Comme pour un voyage scolaire, il y a un sérieux travail de préparation pour baliser le sujet, repérer des sources d’information pertinentes, penser à la constitution de groupes, l’évaluation, les contraintes techniques liées à l’établissement (l’accès internet par exemple …), les outils utilisés, etc…
- Définir un planning pour la semaine. Alors là, c’est facile, vous pouvez vous inspirer de celui que nous avons utilisé qui a été assez bien respecté. Comme vous pouvez le constater (si vous avez ouvert le planning) ça n’est pas parce que la semaine est banalisée qu’il n’y a pas d’intervention de l’enseignant. Plusieurs sujets méritent d’être présentés/débattus pour que la semaine se déroule dans de bonnes conditions. On avait prévu d’aborder :
- qu’est-ce qu’une problématique ?
- qu’est-ce qu’une réunion de travail ?
- comment faire une recherche sur internet ?
- auquel on pouvait ajouter "comment construire une carte mentale ?" et "comment réaliser une présentation de qualité ?"
- Définir les outils : nous avons utilisé un blog par groupe pour présenter l’avancement du travail sur la semaine, un univers netvibes pour regrouper en un lieu unique l’ensemble des productions et twitter avec un hashtag prédéfini (#dataweek) pour partager le vécu, les trouvailles, les émotions …
4 – Quels sont les points de vigilance auxquels il faut faire attention ?
Deux aspects me semblent particulièrement important :
- la problématique sur laquelle les élèves vont travailler doit être claire et précise. L’expérience montre que le travail de toute la semaine et la production finale sont très décevants lorsque la problématique est bancale.
- La place et le rôle des enseignants doivent être clairs et anticipés. Ils ont un rôle d’accompagnement. J’aime bien la formule qui dit de "laisser errer sans laisser échouer". L’enseignant est là pour poser des questions plutôt que donner des réponses. Il doit accepter de ne pas tout connaître et apprendre à côté des élèves. Un enseignant qui se lance dans un tel projet va développer un large panel de compétences : accompagnement, esprit critique, esprit d’initiative, réactivité, analyse réflexive, travail collaboratif qui sont utiles pour développer ces mêmes compétences chez les élèves !
5 – Pour aller plus loin
Une présentation complète de l’organisation de notre classe-MOOC est accessible ici :http://sites.google.com/site/classemooc
Cette présentation du MOOC comme un voyage est personnelle, d’autres solutions sont possibles pour ouvrir la classe au monde. Ainsi les twittclasses offrent une autre alternative, de la maternelle au supérieur !
Pour nourrir votre réflexion sur l’ouverture de la pédagogie, je ne peux m’empêcher de remettre cette illustration de la pédagogie ouverte qui est toujours d’actualité. A la fin de cet article, il me semble qu’il faudrait déplacer l’utilisation des média sociaux entre la coopération et la transparence ;-)
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Crédit image : Des MOOC de France TV éducation