Une présentation de Jean-Michel Zakhartchouk dans les Cahiers Pédagogiques
L’auteur n’hésite pas à aller sur l’arène de ce que l’on nomme probablement mal la « vulgarisation », au risque d’être pourfendu par nombre de ses collègues, mais aussi à relier les sciences cognitives à une longue chaîne qui unit à la fois des philosophes (Platon, Locke, Rousseau) et des pédagogues, au premier chef Montessori et Freinet.
Il s’oppose à tout réductionnisme et à tout scientisme : « Les neurosciences n’enlèvent rien, mais au contraire ajoutent des informations à l’explication des phénomènes, à la compréhension de l’enfant et des apprentissages ».
Il montre les apports mais aussi les limites de chercheurs comme Piaget, mais aussi Skinner (souvent caricaturé).
En matière de pratiques pédagogiques, lui, ancien instituteur, ne défend pas le prescriptif mais montre en quoi les sciences du cerveau peuvent aider à être plus efficaces. Un des points majeurs serait de développer les activités réflexives de l’enfant, et en particulier lui faire comprendre petit à petit comment fonctionne son cerveau.
Il note que « l’engagement actif, la curiosité, le retour d’information et la correction d’erreurs sont essentiels, parce qu’ils éveillent l’émotion dans le cerveau des élèves. »
Il expose succintement sa théorie de l’inhibition qui se trouve conforté par les observations faites en utilisant les technologies d’imagerie cérébrale. Résister aux réflexes, aux routines, aux automatismes, aussi nécessaires soient-ils par ailleurs, permet une prise de distance favorable à la tolérance et à la prise en compte de l’autre.
La « neuropédagogie » peut ainsi contribuer à l’invention d’un « modèle éthique » qui, selon JP Changeux, « tranche avec les violences, les intolérances et les crimes de notre passé culturel ».
En fait, loin d’être remises en cause par les neurosciences, les pédagogies nouvelles, selon Houdé, se trouvent plutôt confortées. Nous voilà bien loin de l’applicationnisme « du labo à la classe ».
Un long entretien récent avec l’auteur nous a permis d’aller plus loin, dont on trouvera des échos dans un prochain numéro des Cahiers.
En complément, Olivier Houdé a écrit avec Grégoire Borst, un ouvrage pour les enfants (mais qui peut servir aux adultes !), illustré par Mathilde Laurent dans la collection Questions, réponses de Nathan, Mon cerveau.
Parmi les questions, on a tout autant des points assez techniques (qu’est-ce qu’un neurone ? Y-a-t-il une aire de la lecture ? c’est quoi une expérience de psychologie ? que d’autres qui cotoient la philosophie : le cerveau aime-t-il l’art ? peut-on dire qu’il est unique ? qu’est-ce que l’intelligence ?...
Un livre précieux qui doit avoir toute sa place dans les centres documentaires et les médiathèques.
https://www.editionsmardaga.com/catalogue/lecole-du-cerveau/
Jean-Michel Zakhartchouk
http://www.cahiers-pedagogiques.com/L-ecole-du-cerveau
Dernière modification le mardi, 16 mai 2023