François Jourde propose une liste de points de vigilance à analyser avant de valider la pertinence d’un outil. Il paraît intéressant de croiser cette liste avec un autre critère qui précise pourquoi se poser chaque question ? Est-ce du registre pédagogique, pratique ou politique ?
1 – Des points de vigilance
De nouveaux outils numériques naissent tous les jours et on est parfois (souvent ?) tenté d’en utiliser un avec ses élèves. Si le premier critère de choix est l’intérêt pédagogique des fonctionnalités offertes, de nombreux autres paramètres doivent être pris en considération pour éclairer notre choix.
François Jourde – @jourde – (merci à lui !) propose une liste pertinente de 26 points de vigilance à étudier pour valider l’utilisation d’un outil numérique.
Cette liste est organisée en plusieurs sections :
- Configuration des comptes
- Accessibilité
- Évolutivité et interopérabilité
- Gestion & suivi
- Fonctions d’intégrations et d’interactions
- Fonctions communautaires
- Vie privée, sécurité et propriété intellectuelle
2 – Aide à l’arbitrage
Il paraît utopique qu’un outil réponde parfaitement à toutes les questions posées.
A partir de ce constat, il semble important de fournir un cadre pour aider chaque enseignant à arbitrer sa décision d’usage (ou pas).
On peut bien imaginer que les questions soulevées sont d’un ordre très divers : comment comparer la possibilité de créer des comptes en masse, l’accessibilité du code source et la possibilité d’intégrer des hyperliens ? Ces trois questions sont légitimes mais se rapportent à des registres très variés. La spécification de ces différents registres devrait permettre de faciliter l’arbitrage. Après plusieurs pistes explorées, il paraît pertinent de définir 3 registres pour classifier ces points de vigilance :
- Le registre pédagogique concerne l’usage (ou les fonctionnalités) proposé(es) aux élèves dans le cadre de leur apprentissage.
- Le registre pratique est centré sur l’enseignant. Il touche tous les aspects de configuration, inscription, mise en œuvre et suivi des activités.
- Le registre politique touche à toutes les questions liées à l’éthique et aux données.
Ainsi précisés, ces trois registres nous permettent de mieux cerner les tenants et aboutissants de chaque point de vigilance et de baliser le périmètre global d’impact d’un outil.
Vous avez ci-dessous un tableau présentant cette nouvelle version de la grille de choix.
Comme on peut le constater, certaines questions recouvrent plusieurs registres.
3 – Discussion
Il apparaît clairement que le choix d’un outil ne peut que résulter d’un compromis entre ces 3 registres. Ainsi, les Google, Microsoft (et autres) offrent des outils qui valident largement les registres pédagogique et pratique mais qu’en est-il du registre politique ? 3 pistes peuvent être étudiées pour lever quelques freins à plus ou moins court terme :
1. Les services informatiques institutionnels proposent des outils en ligne pour faciliter le travail (ENT, cloud, pad, LMS, …) : pensez à vous renseigner sur l’offre existante dans votre académie pour savoir ce qui existe. Dans l’académie de Dijon, sont proposés : Moodle, Etherpad, Owncloud et Mediacad.
L’accès à ces outils nécessite de s’identifier sur les serveurs du rectorat soit avec les identifiants académiques, soit avec un compte spécifique.
2. Si d’aventure les outils institutionnels ne vous suffisent pas, Framasoft propose des outils ouverts, libres, gratuits, utilisables instantanément et dont les conditions d’utilisation sont claires quant à la propriété des données et à l’usage qui peut en être fait par Framasoft. L’usage de ces outils n’exonère pas l’enseignant ou l’établissement utilisateur de faire une déclaration à la CNIL.
3. Le projet GAR (Gestionnaire d’accès aux ressources) permet de régler les questions posées quant à l’anonymisation des données personnelles mais interpelle quand même sur la propriété de ces données et leur usage dans le temps (même anonymisées, des données d’apprentissages peuvent s’avérer riches et exploitables). Ce projet est intéressant mais n’est malheureusement pas encore opérationnel patience…
Comme dit le dicton, « quand le service est gratuit, c’est que c’est moi le produit ». Il ne me suffit pas d’en avoir conscience, il faut aussi accepter de faire des concessions sur les données fournies en échange du service rendu : le coût du service est compensé par la valeur des données personnelles.
Dans un contexte éducatif, il semble délicat d’impliquer des élèves dans cette logique marchande et donc important de bien prendre en compte toute cette dimension politique, quitte à sacrifier le confort de l’utilisateur ou la richesse pédagogique.
De plus, le nouveau Cadre de Référence des Compétences Numériques définit une compétence" Protéger les données personnelles et la vie privée". Celle-ci concerne aussi bien les données personnelles de l’enseignant que celles de ses élèves. A ce titre, il paraît important que l’enseignant présente des outils, des usages et des attitudes cohérents avec son discours.
Ces réflexions ne sont pas figées et suscitent peut-être des réactions, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires !
Article publié sur le site : http://dane.ac-dijon.fr/2017/03/07/choisir-un-outil-numerique/
Sauf mention contraire, le contenu de ce site est sous licence Creative Commons BY-SA
Note de l'auteur : Les articles que je publie sur ce blog étant très en phase avec mes missions à la DANE de Dijon, nous avons décidé de publier mes nouveaux billets sur le site de la DANE et je ne ferai plus ici qu’une annonce de ces nouveautés. Ce site institutionnel étant sous licence CC NY SA, vous pourrez continuer à utiliser, partager, mixer comme vous le faites depuis quelques années. Jacques Dubois @jackdub
Dernière modification le mercredi, 13 septembre 2017