Plusieurs dispositions législatives récentes prolongent cette ambition. La loi ORE et la mise en place de
La loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel s’inscrit elle aussi en réaction à la réalité d’une partie importante des actifs, éloignés durablement de l’emploi ou qui souhaitent évoluer professionnellement. La mise en place du
Pour autant, Parcoursup et le CPF signalent autant la perspective d’un succès que le risque d’un échec.
Succès parce que la puissance publique est la seule capable de donner le cadre pour garantir un minimum d’égalité dans l’accès aux dispositifs de formation initiale et continue. Mais le risque est grand d’imaginer que l’outil numérique puisse se substituer au besoin d’accompagnement des individus. Il ne suffit pas en effet d’exposer de la façon la plus ergonomique possible un catalogue de formation, comme celui Parcoursup ou du CPF avec des dizaines de milliers de possibilités qu’un individu ne peut appréhender. Il est nécessaire de proposer un accompagnement à la construction d’un parcours qui fasse sens pour les publics.
Dans ce contexte, l’accompagnement en orientation et le conseil en évolution professionnelle demeurent une pratique consubstantielle à l’idée de construction d’un projet d’orientation pour chacun.
C’est un principe, nous en convenons. C’est également ce que souligne l’action du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse avec la mise en place des parcours éducatifs ou bien encore avec la décision de permettre à chaque lycéen de bénéficier annuellement de 54 heures en orientation. Mais c’est aussi le sens de l’action des acteurs associatifs sur les territoires qui accompagnent la difficile remédiation des risques de rupture d’égalité des chances.
La mise en lumière de l’orientation par l’actualité législative récente interroge en creux l’idée mécaniste de l’affectation et du choix en tant que décision libérée par l’algorithme. L’orientation, depuis les bornes de l’instruction obligatoire jusqu’au chemin de la formation tout au long de la vie, est un processus au long cours fait de tâtonnements et d’incertitudes. Pour le dire concrètement, le temps court du choix, par exemple lors la procédure Parcoursup, s’inscrit dans une nécessaire complémentarité avec le temps long de l’accompagnement en orientation des jeunes par les personnels et professionnels : une trajectoire personnelle se travaille en amont. C’est tout le sens de la démarche
Histoire de l’art…
Mars 2020 marque le cinquantenaire de la création de
“élaborer et mettre à disposition des utilisateurs la documentation nécessaire à l’information et à l’orientation par une meilleure connaissance des moyens d’éducation et des activités professionnelles”
L’Onisep a donc développé une offre d’information à des fins d’orientation dans un contexte où il était nécessaire d’outiller des professionnels qui seraient en capacité d’accompagner les jeunes.
Cette offre s’est construite dans le temps et s’est diversifiée notamment sur le plan numérique mais également avec des solutions d’accompagnement originales.
L’apparition de l’Onisep dans le champ de l’action en matière d’orientation a succédé à la création du
…Et état de l’art
Il est néanmoins significatif de remarquer que l’ambition affichée au travers de cette brochure de 1983 éditée par l’Onisep, ou bien encore avec le service de l’Etudiant, accessible via le Minitel pour trouver son premier emploi, se retrouve largement dans ce qui est proposé aujourd’hui par les acteurs du champ l’orientation.
La forme de ces outils s’est digitalisée mais les principes restent sensiblement les mêmes. Et les fiches métiers, si souvent décriées, demeurent un standard de l’approche en matière d’orientation des élèves, des étudiants et des actifs. Le foisonnement des initiatives privées a inscrit une volonté forte de travailler sur les usages numériques en matière d’orientation dans un contexte de montée en compétences des collectivités sur ce champ.
On observe donc un mouvement de forte nucléarisation de l’offre des solutions d’accompagnement en orientation. L’ambition d’exhaustivité de certains acteurs historiques le dispute à la disruption de nouveaux entrants, pures players de la Edtech. Dès lors, ce printemps des plateformes numériques appelle un double questionnement.
Comment l’écosystème se structure-t-il dans un contexte de multiplication des solutions numériques mais où la production de données éditoriales et documentaires sur les formations reste l’apanage des acteurs les plus importants ?
L’accompagnement de l’Etat et l’animation locale par les collectivités territoriales sont une première forme de réponse. C’est le sens de la mise en œuvre
Le second questionnement renvoie à l’atterrissage des pratiques autour de ces outils numériques, dans la classe et hors la classe. L’offre numérique et physique en orientation est toujours plus pléthorique mais peine à concrétiser les promesses maintes et maintes fois annoncées. Comment comprendre cette limite à l’exercice ? En effet, les familles et les élèves sont extrêmement sollicités par une offre abondante, relevant du service public de l’éducation, de l’action des collectivités, d’associations ou bien encore d’acteurs privés.
Partons du postulat que l’orientation d’un élève, a fortiori moins pourvu en réseau familial et personnel, ne peut se résoudre par une formule magique ou un tour de passe-passe. Il convient alors de travailler collectivement à l’appropriation par les enseignants de l’accompagnement en orientation. Les acteurs privées sont en mesure de proposer des démarches de co-design. La possibilité laissée aux chefs d’établissements d’expérimenter est également une opportunité dont il faut se saisir. Mais le principal effort réside dans la formation des enseignants initiale et continue en accompagnement à l’orientation.
Des grands nombres vers l’individuel
Au cœur de la révolution digitale, l’apport de la data est bien souvent un “game changer”. Nous étions précédemment arrivés au constat que sa puissance n’est pas une fin en soi. En effet, elle peut éventuellement entraîner une surcharge cognitive des individus pour lesquels elle est censée apporter plus de sens. Elle peut aussi rester lettre morte si elle n’est pas comprise ou mobilisée. Il est donc nécessaire d’accompagner son utilisation pour qu’elle puisse effectivement être utile.
Le parti pris de
Une seconde étape consiste dans le dialogue entre la data des parcours réels et la multiplicité des référentiels existants. Ce travail permet de développer ce que nous appelons une base de connaissance qui permet d’associer compétences, formations, métiers ou encore certifications dans une logique agrégative et de différenciation. Du particulier, la data s’augmente avec le général.
La data devient un compagnon qui permet d’arrimer des points d’intérêt sur la carte. L’organisation d’un écosystème d’acteurs locaux de la formation peut, par exemple, enrichir la carte et s’incarner dans le foisonnement des parcours individuels. De la même manière, l’action d’une collectivité en matière d’emploi et de formation peut ici trouver une nouvelle forme d’expression.
La carte devient surtout la possibilité pour chacun de se positionner afin d’explorer et de visualiser les chemins possibles à n’importe quelle étape de son parcours. La notion de parcours peut être interrogée au sens large : parcours d’apprentissage ou parcours professionnel. Cette approche de simulation de carrière et de mise en perspective des choix d’un catalogue de formation comme ceux de Parcoursup ou du CPF permet de dépasser l’angoisse du choix immédiat. Elle permet de se projeter dans un avenir que l’on peut mieux appréhender tout en prouvant que les trajectoires réelles sont faites d’essais erreurs.
Dès lors, la notion d’accompagnement prend tout son sens. La donnée s’inscrit dans une forme de maïeutique qui participe de la connaissance de soi. Dans la classe, hors de la classe, dans une perspective d’insertion professionnelle ou de reconversion, la donnée vient éclairer la construction du projet de l’individu. Mais elle ne se substitue pas à l’accompagnement humain qui structure la possibilité d’une démarche d’orientation active.
L’innovation technologique introduite par la data prend donc son sens dans la mesure où elle s’inscrit dans une perspective d’innovation d’usages dans l’accompagnement des élèves, des étudiants et des actifs. C’est le sens du travail que nous conduisons avec nos clients, nos partenaires et les collectivités territoriales.
Comme nous le verrons dans une troisième et dernière partie, cette innovation porte la promesse de l’émergence d’une intelligence collective mais fait apparaître de nouveaux enjeux : comment le citoyen contribue à faire vivre cette donnée, et comment en retour peut-il s’en servir pour simuler ses futurs possibles ?