La deuxième partie de cette conférence intitulée : « Lumières sur l’école : comment interpréter les débats éducatifs contemporains dans le monde ? », est consacrée aux enseignants. Antonio NOVOA aura publié de très nombreux articles sur la professionnalisation des enseignants.
Le « retour des enseignants » s’est accompagné, dit-il d’une prolifération de nouvelles professions qui ont enrichi le champ éducatif mais ont réduit l’espace vital des enseignants.
L’argument d’Antonio NOVOA, développé dans cet interview « se construit autour de ce paradoxe : à chaque avancée des sciences de l’éducation il y a une amélioration de la condition et de l’image des enseignants, mais il y a aussi, en même temps, une dépréciation de leurs compétences, notamment en ce qui concerne le statut accordé à leurs savoirs, c’est-à-dire aux savoirs produits à travers l’expérience et la réflexion sur la pratique. »
En effet, « les moments-forts de production d’une réflexion scientifique en éducation, ...qui sont également... des moments-forts dans l’affirmation professionnelle des enseignants,... contiennent aussi les éléments d’une dévalorisation de la profession enseignante, étant donné qu’ils provoquent, à la fois, la dé-légitimation des enseignants en tant que producteurs de savoir et l’investissement de nouveaux groupes d’experts qui s’affirment comme "autorités scientifiques" dans le domaine de l’éducation. »
Le professeur NOVOA s’interroge également sur le modèle d’espace de formation des enseignants.
Dès 2001, il écrivait : « De manière intentionnellement simpliste, on pourrait raconter l’histoire de la formation des enseignants comme un conflit entre deux visions extrêmes : d’un côté, ceux qui n’ont jamais accepté le besoin d’une formation spécifique, à la fois méthodologique et théorique, car ils estiment qu’il suffit d’une bonne maîtrise des contenus à transmettre et que le « reste » s’apprendra naturellement au cours de l’activité professionnelle ; de l’autre côté, ceux qui affirment la nécessité d’une formation pédagogique et scientifique des enseignants, car ils considèrent que l’enseignement est une mission de grande complexité relationnelle et scientifique. Les débats..., autour du rôle de la pédagogie et de la place des instituts de formation des enseignants, sont des « répliques » plus ou moins déguisées, de ces visions de l’enseignement et de l’éducation. ».
Il constate aujourd’hui « une plus grande efficacité des systèmes où les enseignants ont un poids plus grand dans la formation de leurs collègues. » afin de faire passer leur formation « vers l’intérieur de la profession ».