Un territoire d’expérimentations dont les applications sont issues d’un travail collectif.
Mario Cottron, directeur de l’ESPE Poitiers formule les objets de réflexion : spécificités de l’espace francophone, cultures numériques partagées, les incidences du numérique sur les structures éducatives, les innovations portant sur le potentiel du numérique. Les axes privilégiés pour l'ESPE sont bien le numérique éducatif, la diffusion de la culture scientifique et les partenariats internationaux, avec pour objet les expertises, le développement, les méthodes et la professionnalisation des enseignants.
L’édition 2018 a pour thème " Ce que le numérique fait à l’espace éducatif francophone ".
Le choix de ce thème s’inscrit dans la continuité de l’ouverture au sein du territoire francophone du C2E.
Bien des travaux explorent deux à deux les interactions entre ces trois dimensions que sont l’éducation, la francophonie et le numérique mais il est rare de considérer les trois, ensemble avec une approche systémique. C’est là le projet de la session 2018 du C2E qui s’est tenu du 10 au 12 octobre.
Thierry Pasquier, Responsable Edition Communication de l’Espace Mendes France, sur Echo sciences Nouvelle- Aquitaine, plateforme du réseau néo-aquitain de culture scientifique, définit ainsi la problématique :
" Ni l’éducation ni la francophonie ne sont réductibles aux transformations qu’elles doivent au numérique. Pourtant, la numérisation du monde peut être considérée comme un « fait social total », pour reprendre le concept proposé par Marcel Mauss. Elle met en mouvement les sociétés dans leur ensemble et en particulier l’éducation et la formation. La technologie numérique induit à la fois un nouveau rapport au temps et à l’espace, de nouvelles modalités d’accès à l’information, une modification des interactions sociales et des possibilités d’agir inédites, autant d’évolutions qui contribuent à la reconfiguration des territoires. Avec des valeurs partagées autour d’une langue commune au fil d’une histoire complexe, la francophonie est riche de sa diversité culturelle. Comment se conçoit-elle sur le terrain éducatif à l’ère du numérique ?
Bien des travaux explorent deux à deux les interactions entre ces trois dimensions que sont l’éducation, la francophonie et le numérique mais il est plus rare de considérer les trois, ensemble avec une approche systémique. Il existe pourtant de nombreux arguments pour justifier cet intérêt. Le premier est sans nul doute la dimension culturelle propre à l’espace francophone qui se traduit en particulier par le partage de valeurs éducatives qu’il convient de réinterroger à l’aune de la transition numérique pour la construction du monde qui vient. Il y a là bien des promesses de développement et d’émancipation. A l’inverse, il y a aussi des craintes tout aussi légitimes d’aliénation qui s’expriment. A cette dialectique par trop schématique doit répondre une mise en débat citoyenne et scientifique, conçue comme une contribution collective à la construction d’un bien commun, largement multiculturel et international qu’est la francophonie avec l’éducation comme principe constructeur et le numérique comme technique médiatrice au service des apprentissages et de la diffusion des connaissances.
Comme chaque année, le C2E se veut le lieu d’un débat citoyen qui articule recherche scientifique, pratiques éducatives, développement économique, politiques publiques. "
Jean-François Cerisier, Directeur du laboratoire Techné, Vice-président de l’université de Poitiers, précise que l’ambition du projet n’est pas un ensemble d’interventions qui permettent de découvrir un sujet mais d’apporter des éléments de réflexion pour s’interroger sur un des enjeux :" l’envahissement " des institutions éducatives par les techniques numériques. Eduquer « au numérique » au service des apprentissages non liés au numérique, c’est aussi une question.
Pour ce faire, les projets auxquels TECHNÉ participe sont multipartenariaux et impliquent aussi bien d’autres laboratoires de recherche français et étrangers que des entreprises, des collectivités territoriales et d’autres structures publiques ou privées.
Cependant, les enjeux et les défis sont majeurs. François Cerisier pose bien la dimension politique de la place du numérique dans nos sociétés, la culture numérique dans l’ordre économique, la place des entreprises dans un marché mondialisé, la spécificité des Ed Tech francophones, et bien entendu, les questions d’ingénierie éducative.
Quelle est la place du numérique dans les institutions ? Quelle place dans la société pour la formation de tous ?
Dans un marché croissant mondialisé des Ed Tech, quelle est la spécificité de l’espace francophone, avec risques d’influences, des dominations culturelles…
Et Thierry Pasquier précisera ensuite que de l’utopie des débuts « l’universalisme » qui permettait la libre circulation des femmes et des hommes du monde on en vient à observer par exemple, des chercheurs sans visa…
Jean-François Cerisier : Les techniques numériques entrent "par les poches", le smartphone entre malgré les institutions. La forme scolaire et universitaire est questionnée.
"Au-delà d’une apparente régularité qu’on observe dans les espaces éducatifs à l’échelle mondiale, on sait qu’il y a des spécificités dans chaque pays, des déterminants culturels, de pensée, de société. Les pays francophones partagent des déterminants, une histoire des valeurs, un environnement pour penser et évaluer les différences".
La réflexion est ouverte...
(1) Il est à noter que les hackathons éducatifs organisés par le C2E en 2015, 2016 et 2017 en raison de leur échelle et de leur organisation ont fait école et sont considérés en France comme des manifestations fondatrices d’une forme spécifique d’ingénierie pédagogique. Avec le concours de l’AUF, un ouvrage de référence « Hackathons : Organiser des défis pédagogiques » a été rédigé et lancé lors du C2E 2017 par les équipes de Réseau Canopé et du laboratoire TECHNÉ
Dernière modification le dimanche, 02 février 2020