La transition écologique, énergétique, économique, est maintenant une réalité.
Les sociétés humaines sont engagées dans une transition multiforme vers d’autres modèles de consommation, de production et d’échange, et même de pensée. L‘imagination et l’innovation sont convoquées, sommées d’agir, de faire et de créer les possibles de demain.
Ceci posée, la grande force de cette université est de reconnaître que nous pouvons être perdus devant ces attentes et ces nécessités. Il est courageux de dire qu’il ne s’agit plus d’accumuler les analyses et de peser les arguments, mais bien de faire et d’oser dire, comme un des intervenants, « on n’a pas besoin de tout comprendre pour agir ».
Après l’ouverture de la Journée par Vincent Baholet et Gilles Berhault d’ACIDD avec d’autres personnalités engagées dans le développement durable, mini-conférences et tables rondes se succèdent et présentent un vaste panorama d’approches et d’engagements comme autant de pistes pour agir.
Dès le début de la Journée, le numérique avec ses possibilités et ses modèles de communication, est convoqué comme acteur de la construction des possibles et des nouvelles pratiques économiques et d’échange. Un intervenant annonce, « dans le champ du numérique, nous n’avons encore rien vu ».
Les points forts qui reviendront tout au long de cette journée : l’importance de la formation et de l’éducation des jeunes, l’attention et la vigilance à la gestion de l’information et de la communication. Ce sera en particulier le sujet des deux tables rondes de l’après midi : la première sur le rôle et la place des jeux vidéo (avec le directeur Ubisoft de Bordeaux) et pour la seconde, la question des Fake News et des manipulations, avec Pierre Haski, co-fondadeur de Rue89.
Il y a accélération et convergence des technologies, et entre la révolution numérique et les problématiques du développement durable, les rencontres sont nécessaires, inévitables et pourtant largement imprévisibles. Même si ces convergences repérées ne sont pas toujours approfondies, la question de la société numérique est présente dans tous les débats.
Reprenons plus en détail.
Richard Collin dans la première des mini conférences pose une question fondamentale : Comment agir ? Comment débloquer l’avenir, comment devenir « des entrepreneurs de la transition » ?; Richard Colin développe : cela va dépendre de notre capacité à nous transformer, à faire émerger nos qualités ; il faut permettre à chacun de révéler ses capacités profondes (générosité, attention, curiosité,…) : plus de digital bien sur mais aussi plus d’humain.
Il faut se donner confiance et se rassembler, « inventer ensemble dans la réalité d’aujourd’hui ».
Tous « makers », avec nos émotions et nos connaissances partagés, l’engagement est décisif.
La deuxième conférence aborde la question sensible en développement durable de la concertation.
Anne Laur Bedu, conseillère régionale Nouvelle Aquitaine rappelle que la concertation est une pratique qui ne s’improvise pas. Elle constate les limites de la démocratie représentative, les difficultés de la participation citoyenne et propose une réflexion sur les nouvelles démocraties, comme la démocratie d’expression.
La ville durable est le thème de la première table ronde, riche en témoignages et en propositions. (Tout un article serait nécessaire pour en rendre compte).
Donnons ici juste une conclusion de Amandine Crambes de l’ADEME :
« la ville qui répond le mieux aux besoins de ses habitants est une ville choisie, adaptable et transformable; elle est inclusive, ouverte et autonome ».
Trois mini conférences s’enchainent avant la pause déjeuner.
- Former et éduquer face aux transitions actuelles et à venir (Walter Baets,The Camp, Aix en Provence). Le monde est complexe, et il faut passer d’une pensée causale à une compréhension en réseau. Même si la transformation est longue, c’est son modèle mental qu’il faut faire bouger. Il faut aller vers des trajets d’apprentissage individualisé, remettre « la responsabilité de l’apprentissage dans les mains de celui qui apprend ».
- Les objectifs de développement durable (ODD) (Bettina Laville, présidente du Comité 21). Porté par l’ONU, 17 objectifs sont proposés pour agir contre les crises sans précédent du climat, de la biodiversité, des dégradations environnementales et de la pauvreté. Est ce possible d’aller vers un mieux en 2030 ? Malgré l’ampleur de la tâche, Bettina Laville propose trois directions
Se mettre ensemble, et créer un monde d’affinités électives.
On ne pourra pas enrayer les événements géophysiques que les activités humaines ont enclenchées, mais on peut cependant les endiguer.
Accepter de travailler à l’adaptation de nos sociétés ; une fois sensibilisé aux problèmes et en prenant en compte les réalités, seule l’adaptation est possible.
- Les transitions émergentes et métisses ; ( Joël Ruet, think tank The Bridge)
Les innovations sont métisses, elles se font partout dans le monde, (Afrique, Asie, ..) et elles relient des acteurs du monde entier. L’intervenant présente et analyse de nombreux exemple, de la voiture électrique en Inde aux expériences agricoles au Mali.
L’après midi, trois autres conférences on permis de :
- réfléchir aux solutions énergétiques de l’hydrogène (Stéphane Aver, AAQIUS),
- discuter des risques d’un numérique débridé, « un dataclysme » et aux choix d’un transhumanisme, loin de l’émotion et de la créativité humaine. (Bruno Teboul, auteur de Robotariat),
- d’apprécier le témoignage d’une marque agro-alimentaire (Fleury-Michon) qui change sa relation avec ses clients, les associe à son innovation, et travaille à rassembler « pour manger mieux ».
Avec une dernière table ronde sur la mobilité et les enjeux énergétiques et sociaux de la question, on aura compris que la première Journée de cette université fut particulièrement dense.
Ce choix de montrer large, au risque de se sentir perdu, est efficace. Il y a bien urgence à agir, et à la fois le monde des possibles est immense. Une vraie confiance en l’avenir est proposée, par l’innovation, les partenariats et l’amitié.
Yves Ardourel
Dernière modification le jeudi, 22 mars 2018