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"L’innovation ça ne peut être une injonction ministérielle, ça ne le sera jamais !" -  Organisées par la DGESCO, les 3ème Journées de l’INNOVATION ont reçu la visite de deux ministres.
Georges PAU-LANGEVIN, ministre déléguée à la réussite scolaire à ouvert cet événement à la maison de l’UNESCO à Paris qui rassemblait quelques 700 personnels de l’Education pendant deux jours. Enseignants et cadres de l’éducation nationales se sont rencontrés, ont partagé leurs expériences sur le terrain, ont participé aux très nombreux ateliers et conférences d’experts internationaux organisés à leur intention .32 équipes innovantes sur les 467 candidates représentant quelques 2500 équipes engagées sur le territoire dans une expérimentation ont été sélectionnées et invitées à présenter leurs projets

Les axes du programme qui s’appuient sur sur un nouveau cadre, celui de la loi sur la refondation de l’école de la République définissent en fait les grands chantiers pédagogiques et éducatifs des années à venir sur lesquels l’innovation et l’expérimentation se développent.

la maternelle pour les moins de trois ans plus de maîtres que de classes l’articulation de l’école et du collège l’école à l’ère du numérique la lutte contre le décrochage la promotion de l’égalité entre fille et garçon

Vincent PEILLON, ministre de l’Education Nationale et de la Recherche, venu remettre les grands prix de l’innovation aux lauréats, a clos cette rencontre par un discours dans lequel il rappelle la place de l’innovation pédagogique dans l’histoire de l’éducation et précise le rôle qui peut être la sienne dans la refondation, « mouvement qui doit reposer à la fois sur la primauté à la pédagogie et la confiance accordée aux enseignants »

Car la refondation de l’école insiste Vincent PEILLON "est avant tout pédagogique "

L’innovation qui selon Antoine PROST, rappelle le ministre, "maintient en quelque sorte, le système éducatif à température normale" doit permettre dans la confiance de libérer les initiatives des enseignants . Il s’agit alors de repérer, valoriser, mutualiser ce qui fait mieux apprendre les élèves. C’est l’intention affichée des Journées de l’Innovation qui tient lieu à n’en pas douter d’instrument de valorisation d’initiatives menées sur le terrain par des équipes disponibles, engagées, passionnées.

Mais comment repenser la relation entre l’institution et l’innovation ? Comment organiser la rencontre entre l’institution et l’innovation ? Comment libérer et ne pas étouffer ? Comment décloisonner ?

L’article 34 de la loi sur l’Ecole de 2005 a introduit un « droit à l’expérimentation » pour les écoles et les EPLE dérogatoire aux règles nationales. L’évaluation de cette disposition par le Haut Conseil de l’Education en novembre 2011, révélait un faible engagement des établissements, et son caractère très encadré par l’institution qui en limitait les contenus.

Dans ce rapport, Alain BOUVIER ancien Recteur, notait en effet qu’une « impression de flou ressort de l’observation de sa mise en œuvre au cours des années 2005 à 2011.. due, en partie, à l’incertitude sémantique qui entoure le terme “expérimentation”, souvent confondu avec l’innovation ».
Pour Alain BOUVIER, "l’innovation est la modalité courante du changement. Elle constitue l’une des compétences du métier de professeur et elle se traduit par une démarche individuelle qui ne débouche pas nécessairement sur une expérimentation"

Le HCE regrette que « la logique de communication entre les divers niveaux demeure une logique top down, sur le modèle de la diffusion d’une bonne parole à des acteurs de niveau "inférieur" dont on suppose qu’ils sont moins compétents, voire qu’ils "traînent des pieds pour modifier leurs pratiques" et propose "de renoncer à toute velléité d’impulser en quelque sorte une "logique du haut".

En fait la question posée reste de savoir aujourd’hui si la seule innovation possible si ce n’est labellisable est celle qui répond aux besoins voire aux injonctions de l’institution !
Vincent PEILLON de ce point de vue affirme dans son discours une vraie rupture

La création du nouveau Conseil National de l’Innovation pour la Réussite Educative par un décret publié ces derniers jours, sa composition et ses missions tout comme la nomination à sa présidence du sociologue Didier LAPEYRONNIE constituent déjà une indication sur cette rupture avec « une innovation dirigée d’en haut ».

Placé sous la responsabilité du ministre de la Réussite Educative, ce nouveau conseil est composé de 39 membres, représentant les acteurs institutionnels, associatifs, économiques et des experts. Il remettra un rapport au ministre une fois par an et a pour mission de faire des propositions, de recenser les pratiques les plus innovantes, de les évaluer, et de diffuser les plus pertinentes d’entre elles dans le système éducatif .

Il faut en effet libérer l’innovation, faciliter la diffusion et la mutualisation de la moindre "granule innovante" et valoriser les personnels engagés, "compte tenu de la charge de travail et de l’investissement" que cela nécessite.
Dans la deuxième partie de son discours Vincent PEILLON revient sur les axes forts de la loi d’orientation et de programmation et particulièrement sur la création des ESPE.

Et il conclut :

"Le métier d’enseignant n’est pas une tâche d’exécution, mais de conception permanente, d’intelligence permanente, d’adaptation permanente !"

Claude TRAN


 

Dernière modification le lundi, 10 novembre 2014
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.