Aujourd’hui, nous sommes entrés dans la « fin des certitudes. » Chaque progrès apporte ses doutes.
Or, les mutations technologiques transforment en profondeur notre corps social, dans tous les domaines.
Et si certains sont déjà engagés dans la métamorphose, les autres, les plus nombreux se retrouvent privés d’avenir, dans cette course au progrès qui s’éloigne inexorablement. Leur existence est bouleversée, leurs identités même sont en crise. Les puissants profitent de cette aubaine mais, la majorité de nos concitoyens est perdue. Ce malaise se traduit aussi par l’émergence de langues hermétiques entre elles. La langue du progrès qui s’auto-légitime de sa seule fuite en avant. La langue du souci de vivre avec confiance le cours des jours. La langue du désir brûlant et de la douleur folle infligée par la fuite du goût même de l’existence. Calcul managérial, opérationnel, compulsif d’un côté, de l’autre incantation aux esprits, aux sauveurs, aux ancêtres.
« I l faut que ça change !! » Mais que représente le « ça » ? C’est comment, pourquoi, pour qui ? On dit « pouvoir d’achat » mais ce n’est pas seulement une question d’argent, car, monte aussi une demande de reconnaissance, de considération, j’allais dire de visage. Qu’entendre dans la parole qui circule aujourd’hui sinon justement qu’elle est à prendre, mais dans sa souffrance, dans ce brouhaha de colère qu’il ne faudrait pas que le premier opportuniste venu s’en empare !!
Il n’y a plus d’autres langues ni politique, ni éthique, ni esthétique ni cultuelle.
Et ce vacarme de jargons, de babils produit une telle entropie qu’on ne peut plus rien entendre pour faire face à l’état sinistré du climat tant naturel que culturel et des ressources tant énergétiques que spirituelles. Car c’est bien d’elles que demain et après-demain dépendront nos existences !!!
C’est cette exigence qui doit être entendue. Réapprendre à parler. Ni le mutisme savant ni le cri de douleur ne suffisent.
La France d’après ne se reconstruira pas sans les Français. Saisis par les attentats de 2015, nous nous étions retrouvés unis, solidaires, conscients de ce que nous avions à partager, à protéger. On communiait dans le sacré républicain. Après la victoire des Bleus, au Mondial de football, nous avions fêté une confiance retrouvée.
Les matins blêmes arrachés aux pavés parisiens n’ont pas fait disparaitre ce pays-là. Il faut aller désormais le chercher parmi les « Gilets jaunes ».
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Dernière modification le mercredi, 12 décembre 2018