En fait, avant de se lancer dans un MOOC, il vaut mieux avoir un haut niveau de maîtrise dans ces 10 compétences que j’ai tenter de trier et d’illustrer dans le schéma heuristique ci-dessous. Cette figure est inspirée par de nombreux passages de l’ouvrage de Sandra Enlart et Olivier Charbonnier "Faut-il encore apprendre ?" publié à une époque ou le MOOC était encore au stade embryonnaire dont il faut reconnaître le caractère prophétique. On s’aperçoit finalement que le MOOC interroge sous d’autres formes les questions qui animent déjà de nombreux débats à savoir la place de la motivation, de l’autorégulation et des connaissances, capacités de base qu’il faut maîtriser avant de pouvoir appréhender ce nouvel écosystème d’apprentissage que le numérique rend possible.
Traiter l’information : Sandra Enlart et Olivier Charbonnier développement de manière très claire cette idée à travers le concept d’ouverture mentale (notre capacité à capter et capturer l’information), de polarisation mentale (à savoir la capacité à rester concentrer lorsque c’est nécessaire) et de flexibilité mentale dans notre époque ultra-connectée ou les solicitations externes qui pourraient nuire à l’apprentissage sont fréquentes.
Explorer : Voilà une compétence que l’on peut aisément apparenter à la simulation et aux serious games, l’exploration est un mode opératoire inscrit dans les gènes du MOOC. Il faut néanmoins se garder de l’idée qui consisterait à croire qu’il suffit de surfer pour apprendre : après le tâtonnement vient le temps du repérage, de la capitalisation et de la répétition pour transformer l’information en connaissance.
Jongler : Avec le culte de l’instantanéité, le MOOC met le doigt sur un phénomène de société qui tend encore plus à embrouiller les limites entre les sphères professionnels ou d’apprentissage avec la sphère privée. Les outils de classe virtuelle engendrent également la question de la simultanéité qui accélère le processus.
Détourner : Dépasser les exercices d’application (souvent limités à un QCM ou à des mots-croisés), l’appropriation facilité par les outils numériques du web2.0 doit passer par un détournement des contenus. Le mix, le remix et le partage contribuent à faire naître des chocs et rencontres créatifs non négligeables.
Confronter : L’apprentissage social est au coeur du MOOC et c’est tant mieux. Les échanges avec le groupe sont nécessaires mais plus encore, il ne faut pas hésiter à organiser des débats contradictoires pour mieux appréhender thèses et arguments de tous bords.
Maîtriser ses bases : Point sensible et déterminant, impossible de s’autoformer sans la maîtrise de ce socle que le législateur peine à définir et à mettre en oeuvre concrètement du primaire au secondaire en France. Il s’agit bien de cette culture essentielle et partagée, constituée de connaissances et capacités qu’il faut maîtriser avant de pouvoir accéder aux savoirs les plus pertinents.
Verbaliser : Du zapping à la lecture attentive et approfondie, pour capitaliser du savoir dans le cadre d’un MOOC, il faut passer par une phase de verbalisation : de manière synchrone (lors de rencontres IRL ou pendant des classes virtuelles) ou asynchrones sur des forums, blogs et réseaux sociaux.
Critiquer : Même s’il s’agit du plus brillant professeur de la plus prestigieuse université d’outre-atlantique, il est nécessaire de garder son sens critique sur le fond mais aussi la forme. Le dernier billet évoquant ma propre expérience en donne quelques exemples concrets.
Scanner : A l’instar du web, la structure d’un MOOC demande une forte capacité à scanner de nombreuses informations dans des documents très souvent découpés en capsules multimédia. Autant de bonnes raisons pour ne pas oublier d’interpréter, de trier, de réorganiser et d’enregistrer ces informations pour en dégager une image globale et la confronter à ses propres représentations.
Transformer : Au-delà du détournement, il s’agit en effet de rédiger, organiser et même modéliser les nouveaux concepts abordés.
Au-delà des MOOC, effet de mode oblige, vous aurez bien compris qu’il s’agit là de 10 compétences pour apprendre à l’heure du numérique tout simplement.
Dernière modification le jeudi, 23 octobre 2014