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Forêts dans le monde en 2024 : Les forêts mondiales occupent une surface de près de 4,1 milliards d’ha et couvrent 31 % des terres émergées de notre planète. Elles sont majoritairement situées dans les régions tropicales (45%), on les trouve aussi dans les régions boréales (27%), dans les zone tempérées (16%) et dans les régions subtropicales (11%).

Plus de la moitié (54 %) des forêts se trouvent dans cinq pays : Russie, Brésil, Canada, États‑Unis et Chine ; en y ajoutant l’Australie, la République démocratique du Congo, l’Indonésie, le Pérou et l’Inde on voit que dix pays représentent les deux tiers de la superficie forestière du globe.

Les forêts naturellement régénérées représentent 93 % de la surface totale des forêts, les 7 % restants sont des forêts plantées dont la moité font l’objet d’une gestion intensive.

Forêts : des ressources multiples

Si le bois est perçu comme leur principale produit, les forêts sont aussi une ressource de produits non ligneux et de service écosystémiques précieux.

Bois

Le total annuel des prélèvements de bois rond dans le monde s’élève à près de 4 milliards de m³ par an soit 1 % du stock sur pied.

La moitié de ces prélèvements est valorisé comme une matière première afin d’alimenter les filières de bois de sciage, de panneaux à base de bois et de pâte à papier.

L’autre moité des prélèvements de la biomasse ligneuse sert à produire de l’énergie (avec du bois de feu, des granulés, du charbon de bois) On rappellera ici que 2,3 milliards de Terriens (29 pour cent de la population mondiale) utilisent la biomasse ligneuse pour cuire leurs aliments ou se chauffer, en Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique du Sud notamment (estimation FAO pour 2021)

Produits forestiers non ligneux (PFNL)

Les forêts offrent d’autres ressources sans qu’il y ait besoin d’abattre des arbres. On estime que 5,8 milliards de personnes dans le monde utilisent des produits forestiers autres que le bois, dont 2,77 milliards utilisateurs ruraux dans les pays du Sud.

Ces produits non ligneux regroupent la tourbe, les fruits (baies, noix,…), les graines, les épices, les champignons, les feuilles, les graminées, les plantes médicinales, les exsudats (résine, latex,…) et les sèves (érable, coco), les animaux chassés comme gibier ou pour leur fourrure, les poissons des ruisseaux et étangs forestiers.

Bien que les PFNL ne ne soient pas forcément commercialisés, la FAO a estimé leur valeur à 5 milliards de dollars par an à l échelle mondiale. Au niveau local les PFNL sont une véritable ressource pour les populations riveraines des forêts dont ils sont extraits. Last but not least, 70% des personnes pauvres dans le monde sont sont dépendantes des PFNL pour se nourrir et/ou gagner leur vie.

Bioéconomie

Les forêts, convenablement gérées, contribuent (modestement) à une transition vers une économie durable grâce à la production de matériaux renouvelables. La tendance est à la hausse et se traduirait par une augmentation de la demande de bois rond de 4 à 8 % par an d’ici à 2030. En volume cela représenterait 272 millions de m3/an en 2050 (estimation FAO).

Services écosystémiques

Les forêts offrent des solutions naturelles et peu coûteuses pour affronter le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité et à la biodiversité.

Climat

L’arrêt de la déforestation et la restauration des forêts dégradées est indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par le développement de sa capacité à piéger le CO2 grâce à la ,photosynthèse. De plus, les forêts contribuent à la prévention du réchauffement grâce à d’autres capacités biophysiques comme l’évapotranspiration, l’albédo, etc.

A cette contribution à l’atténuation du dérèglement climatique il faut ajouter le rôle des forêts dans la régulation du cycle de l’eau (évaporation, précipitations) qui limite la fréquence et les effets de phénomènes météorologiques extrêmes.

Biodiversité

La majeure partie de la biodiversité terrestre est protégée par les forêts : 60 000 espèces d’arbres différentes, 80% des espèces d’amphibiens, 75% des espèces d’oiseaux, 68% des espèces de mammifères et plus de 5 millions d’espèces d’insectes parmi lesquels on trouve les pollinisateurs indispensables à de nombreuse production végétales sauvages ou domestiques.

Forêts sous pression

Déforestation : tendance à la baisse

La FAO estime que 420 millions d’hectares de forêt ont été convertis pour d’autres utilisations entre 1990 et 2020. Le rythme de la déforestation est passé de 15,8 millions d’hectares par an entre 1990 et 2000 à à 10,2 millions d’hectares par an entre 2015 et 2020.

On rappellera ici que la variation nette de la superficie forestière est moins importante (4,7 millions d’hectares par an au cours de la décennie 2010‑2020) car elle prend en compte l’expansion de la forêt dans des zones* où les terres étaient affectées à d’autres usages.

* les 10 pays où les gains nets annuels de superficie forestière ont été les plus élevés de 2010 à 2020 au cours de la décennie 2010‑2020 sont la Chine, l’Australie, l’Inde, le Chili, le Vietnam, la Turquie, les États-Unis, la France, l’Italie et la Roumanie.

La diminution de la déforestation suit un rythme très différent selon les pays comme on peut le constater en comparant l’Indonésie où le rythme annuel de réduction de la déforestation est au plus bas : 8,4 % entre 2022 et 2021 alors que le Brésil affiche une spectaculaire diminution de 50 % de la déforestation en 2023 par rapport à 2022.

Effets du stress climatique

En plus de perturber la développement des arbres, le dérèglement climatique impacte, à la hausse, la fréquence et l’intensité des incendies et fragilise les forêt face aux ravageurs.

Incendies

La FAO rapporte que plus de 300 millions d’hectares de terres émergées sont touchées par des incendies tous les ans (soit près de 6 fois la superficie de la France). D’après des mesures satellitaires effectuées en 2023, 383 millions d’ha auraient été brûlés cette année là.

Les sécheresses prolongées augmentent significativement le risque d’incendie cela ne fait aucun doute. Il faut aussi rappeler qu’ils sont causés par l’Homme le plus souvent : dans les pays du Sud les feux sont un outil de gestion des terres agricoles encore largement répandus. dans les pays développés les départs de feux sont très fréquemment le fait de négligences (9 fois sur 10 en France).

Outre les dégâts matériels et humains qu’elles provoquent l’augmentation des incendies de forêt agit défavorablement sur le cycle du carbone et constitue un frein pour les initiatives mondiales menées en vue d’atténuer le réchauffement climatique. Les observations satellitaires indiquent qu’en 2023, les feux ont émis 6 687 mégatonnes de dioxyde de carbone à l’échelle mondiale soit plus 15 % des émissions totales de CO2.

Organismes ravageurs

Les ravageurs forestiers et les maladies des arbres menacent les forêts que le dérèglement climatique (notamment les sécheresses prolongées) a rendu vulnérables à des insectes nuisibles et des agents pathogènes dont la répartition géographique évolue avec le réchauffement de l’atmosphère terrestre.

Pour exemples, le nématode des pins qui parasite les arbres infestés a causé d’importants dégâts dans les forêts d’Asie en détruisant 12 millions de pins en Chine, au Japon, et en Corée de 1988 à 2022 ; au Canada les pertes annuelles causées par les insectes ravageurs (le longicorne asiatique, l’agrile du frêne, le sirex européen du pin et le Phytophthora ramorum) ont été estimées à plus de 150 millions de dollars par an ; des invasions de dendroctones du pin ont détruit quelque 90 000 ha de forêts de pins en Amérique centrale de 1999 à 2003 ; plus près de nous, en France, sur 520 000 ha de peuplements d’épicéas et de sapins exposés aux scolytes, 110 000 ha ont été sinistrés depuis 2018.

Si la mesure précise de la dégradation des forêts à l’échelle mondiale soit encore à ses débuts, il apparaît tout de même que le stress responsable des pertes en bois d’œuvre, le remplacement des arbres et les répercussions écosystémiques affectant les populations locales ont un impact socio-économique significatif.

Bien que la déforestation soit en baisse, elle affaiblit les fonctionnalités des forêts qui subissent un stress climatique direct et indirect inédit dans un contexte d’augmentation de la demande de bois rond. Face à ces défis, la préservation et la restauration des forêts est une impérieuse nécessité qui doit mobiliser les décideurs et toutes les parties prenantes du chercheur en sylviculture au citoyen-usager.

Sur le même sujet : La forêt est la meilleure alliée d’une humanité durable

Principale référence : In Brief to The State of the World’s Forests – FAO (2024)

Drouet Xavier

Article publié sur le site : Les forêts face à leur défis - Hommes et Sciences

Dernière modification le jeudi, 15 mai 2025
Drouet Xavier

Xavier DROUET, 63 ans, est ancien élève de l'École Normale Supérieure où il a étudié la Physique et la Biochimie. Il est aussi Docteur en Médecine.
Après une carrière scientifique dans la recherche académique, appliquée et industrielle, il a dirigé plusieurs sociétés à fort contenu technologique pendant 15 ans et consacré 8 années à soutenir la recherche, l'innovation et le développement économique au niveau régional et national à des postes de direction au ministère de la Recherche et dans les services du Premier Ministre en France.
Depuis 2015 il exerce une activité d'expertise et de consultant pour accompagner des projets de créations ou de croissance d'entreprises de la microentreprise unipersonnelle à la start-up «techno».
Il est également auteur et conférencier (sciences, économie, stratégie) pour le compte d'entreprises, d'organisations de diffusion de la culture scientifiques et de media d'information pour les professionnels ou le « grand public ».

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