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Au centre de cet ouvrage de Philippe CHAMPY et de Roger-François GAUTHIER - ESF Sciences Humaines, 2022- la question de la démocratisation de l’école, posée sous l’angle des accès au savoir. Il s’agit de dénoncer l’imaginaire éducatif dominant et d’en dénoncer les blocages, issus pour beaucoup de traditions non interrogées. Les auteurs interrogent l’injustice sous l’angle particulier des savoirs scolaires proprement dits, la plupart du temps éludés, et de leur impact sur les élèves[1]

Au centre de cet ouvrage la question de la démocratisation de l’école, posée sous l’angle des accès au savoir. Il s’agit de dénoncer l’imaginaire éducatif dominant et d’en dénoncer les blocages, issus pour beaucoup de traditions non interrogées. Les auteurs interrogent l’injustice sous l’angle particulier des savoirs scolaires proprement dits, la plupart du temps éludés, et de leur impact sur les élèves[1].



[1] Le livre est le fruit du travail au sein du CICUR (Collectif d’interpellation du curriculum) ; à consulter le blog Interpellation Curriculum : https://curriculum.hypotheses.org

 L’histoire d‘un blocage et des faux débats

Les comparaisons internationales, ainsi que les enquêtes (par exemple PISA, 2019) montrent, au niveau du collège, la singularité du système éducatif :

 « Pourquoi cette singularité française. Que se passe -t-il dans ce pays pour que, depuis cinquante ans, L’Ecole ait connu plus de difficultés résistantes que dans les autres pays similaires »

 L’impasse éducative française, est, selon les auteurs, la conséquence de l’oubli de la nécessaire démocratisation de l’école, le résultat historique de rendez-vous manqués : ceux-ci expliquent les obstacles et les résistances.

 « Reconnue en crise, l’école est redevenue un sujet de débat politique » 

 Pour les auteurs, trois grands scénarios ont été proposés.

  • Dans leurs grands traits, le premier est celui de la « continuité politique » avec une attribution des moyens supplémentaires.
  • Le second celui d’une « refonte du système orientée vers la mise en concurrence ».
  • Le troisième « un retour à l’Ecole ségrégative qui préexistait avant les réformes ».

1 31 9782710145530 1 75Mais les propositions faites par les forces politiques, les scénarios de « sortie de crise », l’ont été « soit en fonction de leur interprétation de la « démocratisation » quantitative », soit par le rejet maintenu de toute politique de démocratisation.

Le début de l’ouvrage relève que les politiques ont, depuis le milieu du 20ème siècle, ignoré (ou expédié) la question de la démocratisation :

« la croissance quantitative, ce que Louis Cros avait baptisé « l’explosion scolaire », a caché l’échec qualitatif »

« L’échec scolaire, catégorie un peu trop vite accepté comme allant de soi, a commencé à se développer et les gouvernements successifs n’ont pas eu d’autre programme au sujet de l’éducation que de le résorber .. donc d’en entériner l’existence comme un fait de nature ».

 

« La question cruciale est de savoir s’il faut croire à la possibilité d’une démocratisation ou s’il faut ranger cet idéal au rayon des utopies insensées ».

Quels savoirs l’école enseigne-telle ?

Les auteurs interrogent l’Ecole sous l’angle particulier, la plupart du temps éludé, des savoirs scolaires proprement dits et leur impact sur les élèves.

Une organisation traditionnelle scolaire séparent les savoirs entre différents types d’enseignement et disciplines, loin de la réalité du champ apprentissage en milieu complexe, à l’époque des fake news et des théories complotistes. Pour les auteurs « elle assigne ainsi aux élèves à certains savoirs et d’autres à des absences de savoirs, renforçant ainsi les déterminismes sociaux (.. ). Elle est restée sur une logique de sélection par la nature même des savoirs enseignés plutôt que de rechercher ce dont tous les élèves ont besoin ».

 

Il s’agit de comprendre « ce que les savoirs scolaires font aux élèves et ce que les élèves font pour les acquérir » et de fonder une politique des savoirs à partir d’une approche curriculaire. Les « savoirs en désordre », ne font pas culture et les « pièges » se referment sur les acteurs. Il s’agit de « faire entrer les élèves en humanité et en démocratie » ; ce qui suppose une politique curriculaire.

 

Ce que collectif CICUR figure : « L’École française est une école des inégalités et de la sélection sociale, faute d’avoir vraiment pensé les savoirs qu’elle enseigne et la manière de les enseigner. A chaque étape de l’élargissement de l’accès aux études secondaires et supérieures, le rendez-vous d’une réévaluation et d’une réorganisation des contenus enseignés a été manqué ».


[1] Le livre est le fruit du travail au sein du CICUR (Collectif d’interpellation du curriculum) ; à consulter le blog Interpellation Curriculum : https://curriculum.hypotheses.org

https://livre.fnac.com/a17023510/Philippe-Champy-Contre-l-ecole-injuste

Dernière modification le dimanche, 06 novembre 2022
Morandi Franc

Professeur émérite de l'université de Bordeaux
Cognition, modélisation des systèmes et des fonctions mobilisés par les apprentissages
Epistémologie de l'information, ingénierie et construction de connaissances
Humanités numériques
Didactique professionnelle
CNRS, UMR-5218 IMS/ISCC, Équipe RUDII (Représentations, Usages, Développement des Ingénieries de l'Information), Groupe Cognitique, Bordeaux, France.

Membre du conseil d'administration et du conseil scientifique de l'An@é