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André Giordan et Jérôme Saltet - Résumé des chroniques précédentes - L’école est très malade, notamment le collège. Il nous faut tordre le coup à un certain nombre de tabous pour innover. Mais pas question de faire n’importe quoi. En s’appuyant sur des expériences préparées et évaluées, ils est possible de faire des propositions concrètes[1]. Une « constitution » et une organisation centrée sur l’apprendre sont un point de départ.

Devant le nombre de savoirs à acquérir, l’organisation du Collège ne repose plus sur une structure annuelle. L’emploi du temps n’est plus découpé en tranches horaires d’une heure et constitué par une succession de cours disciplinaires où l’élève reste passif, à la simple écoute d’un enseignant déversant des informations. Divers dispositifs pédagogiques sont introduits, tout à la fois pour favoriser le désir d’apprendre, l’acquisition de nombreux savoirs et l’expression de la personnalité de chaque élève.

Ces dispositifs combinent les différents modèles éducatifs qui ont fait leurs preuves. En effet, apprendre est un processus trop complexe pour se résoudre à une seule méthode. De plus, l’élaboration du savoir est un cheminement personnel qui doit être facilité par un contexte collectif.

Le dispositif du Collège idéal s’éloigne ainsi résolument de la perspective où l’élève, « consommateur », recevrait tout de l’enseignant. Tout à la fois, le dispositif éducatif mis en place favorise les conditions d’une autodidaxie et permet à chaque apprenant de se « frotter » à différents contextes porteurs de sens.

L’organisation du temps

Dans ce cadre, l’équipe éducative intervient comme interface entre les savoirs et l’élève.

Sur un plan pratique, le Collège introduit une organisation du temps mobile et adaptée. Du point de vue de l’élève, le temps passé au Collège s’organise en quatre types de temps :

• le temps des acquisitions ;

• le temps des initiations et des approfondissements ;

• le temps des échanges ;

• le temps du soutien et du tutorat.

C’est par la conjugaison de ces différents temps que ce Collège se propose d’atteindre ses objectifs éducatifs.

Des séquences à durée variable, de quelques minutes pour une consultation ou un exercice à des demi-journées entières pour mener à bien un séminaire ou un atelier en commun, sont prévues. Des « stages », c’est-à-dire des durées longues de plusieurs jours, favoriseront une immersion indispensable en matière de langue ou pour mener à bien un projet culturel.

Ces temps se réaliseront à travers des :

• travaux personnels accompagnés ;

• séminaires ;

• conférences ;

• ateliers ;

• projets ;

• échanges de savoir ;

• semaines à thème ;

• équipes de référence.

Toutes ces structures sont imposées aux collégiens par l’équipe de référence (voir Chronique 4) ; toutefois un choix d’ateliers, d’échanges et de projets est laissé à leur discrétion.

Les activités de type « club », où des collégiens se regroupent spontanément pour approfondir ensemble une matière, une langue ou un centre d’intérêt, sont encouragées.

Les horaires

Les temps d’apprentissage prennent place du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h 30. Mais le Collège est ouvert chaque jour de 8 h à 19 h. Le mercredi après-midi est facultatif. Les élèves peuvent y organiser des activités entre eux, mais ceux qui ont des activités extra scolaires sont libres de ne pas venir.

De 8 h à 9 h et de 17 h 30 à 19 h, l’accueil et la sortie sont souples. Les élèves arrivent et repartent quand ils le veulent. Ils utilisent à leur guise les installations, seuls ou en groupe. Les parents qui le souhaitent peuvent dans ces périodes échanger avec les membres de l’équipe éducative, prendre un café au restaurant…

De 9 h à 17 h 30, les élèves sont tenus d’être dans l’établissement, et la demi-pension est obligatoire. Mais le choix des activités et de l’organisation est libre, sauf obligations particulières décidées avec le tuteur dans le cadre de l’équipe de référence.

Pour renforcer le principe d’ouverture sur l’extérieur, l’établissement peut être rendu disponible le week-end pour des activités compatibles avec sa mission (université des parents, manifestations associatives…).

(suite à la prochaine chronique)

* André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Ancien instituteur, professeur de collège, animateur de banlieue, il est l’auteur et le coordonnateur de nombreuses innovations (http://www.ldes.unige.ch).

Jérôme Saltet est co-fondateur et directeur associé du groupe Play Bac (Les Incollables, Mon Quotidien). Il anime le blog

www.changerlecole.com

Tous deux travaillent ensemble depuis six ans sur un projet de collège (Changer le collège c’est possible ! Coédition Playbac Editions & Oh ! Editions, 2010) et ont déjà publié ensemble deux ouvrages sur « apprendre à apprendre » (Librio 2007, Coach College, Play Bac 2006).


[1]Jérôme Saltet et André Giordan,Changer le collège c’est possible ! Coédition Playbac Editions & Oh ! Editions - 216 pages

Dernière modification le mercredi, 30 novembre 2016
Giordan André

André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Ancien instituteur, professeur de collège, animateur de banlieue, il  est l’auteur d’un nouveau modèle de l’apprendre (modèle d’apprentissage allostérique) et l’initiateur de nombreuses innovations scolaires, muséologiques et médiatiques.