Quoique généralement bien intentionné (c’est-à-dire visant des apprentissages de qualité), le discours dominant semblait (c’est une impression que j’ai, pas une certitude) laisser une impression d’émerveillement sur l’outil, sur l’application, aux yeux et oreilles de celles et ceux pas convaincus. La technologie semblait une finalité plus qu’un moyen. On a aussi vu/lu le procès des technologies en éducation, justement basé sur cette prémisse.
« Wow, t’as vu ce que cette app peut faire ? Trop cool ! »
« Impressionnez vos élèves avec cet outil web 2.0 qui va transformer l’éducation ! »
« La technologie en classe est une distraction. À proscrire ! »
Je peux comprendre cet engouement et cette préoccupation. J’ai contribué à cet engouement, notamment en soulignant les percées en formation à distance. Peut-être en quelque part cherchait-on à se libérer d’un carcan 20e siècle-esque de l’éducation et que ces nouvelles affordances numériques nous propulsaient dans quelque chose dont notre esprit d’éducateur rêvait de pouvoir faire depuis trop longtemps. Ajoutez à cela que c’est une génération (eh oui, le temps file) d’éducateurs qui ont connu l’âge d’or du projecteur à acétates et l’appareil pour cassettes VHS.
Depuis une quinzaine d’années, l’appropriation progressive des logiciels émergents de l’époque (Claris, PPT…), et ensuite d’outils du web 2.0 (wikis, Blogger…), et la prolifération des médias sociaux (Youtube, FB, MySpace, Twitter…), et des apps pour appareil mobile – je vous fais grâce d’en lister ici – a permis à plusieurs de mettre en place des environnements d’apprentissage engageants et pertinents. Et, surtout, de revoir leur référentiel pédagogique.
Environnements d’apprentissage engageants et pertinents… les mots-clés de ce billet.
Je vois maintenant de plus en plus un discours et une pratique qui cherchent à mettre à l’avant-scène les apprentissages des jeunes, les compétences, les attitudes nécessaires pour le monde d’aujourd’hui. Je n’ai pas dit 21e siècle ! C’est voulu. Même s’il reste encore beaucoup à faire, on s’éloigne peu à peu de la dichotomie classique contenus VS compétences transdisciplinaires. On les voit en complémentarité, avec d’autres dimensions de la connaissance, comme l’illustre de façon élégante ce schéma de Terry Heick :
J’avoue que l’idée de rédiger ce billet m’est venue en interceptant ce tableau de Bill Ferriter, tel quesouligné par George Couros. Ce même Ferriter qui écrivait en 2012 que ce qui emballe les jeunes à l’école, ce ne sont pas les joujous numériques autant que la possibilité d’avoir des conversations puissantes (avec ces joujous, évidemment) sur des enjeux qui les interpellent. Si la question est : que veut-on que les jeunes fassent avec la technologie à l’école, la réponse elle, nous éloigne des outils numériques comme tels…
Quelques pistes :
- Sensibiliser sur un sujet
- Démarrer des conversations
- Trouver des réponses à LEURS questions
- Créer des partenariats
- Faire évoluer la pensée sur une question
- Faire une réelle différence
- Passer à l’action
- Être des agents de changement
Ce sont ces compétences/habiletés/attitudes qui permettront aux jeunes de foncer dans la vie et le monde d’aujourd’hui. Apprendre à apprendre, savoir quoi faire avec ce que l’on sait, trouver les problèmes, pas juste les résoudre… Mais l’ignorance rend malhabile ; c’est au travers d’expériences et de situations d’apprentissage signifiants que les contenus notionnels, si chers et prioritaires aux yeux des institutions sanctuaires du 20e siècle, seront sollicités, intégrés, assimilés, nécessaires…
Je n’ai pu m’empêcher ici de faire un lien avec une illustration que j’ai créée (avec l’aide de deux collègues, Alainet Patricia) qui veut illustrer la différence entre l’esprit d’entreprendre – personnelle – (un élément incontournable pour nos écoles et nos communautés aujourd’hui) et la culture entrepreneuriale – collective – (je n’ai pas dit création d’entreprise, quoique ceci n’est pas nécessairement exclu). Fait saillant : le rôle ACTIF du jeune, caractérisé par l’engagement.
(Lien à venir bientôt)
Z’avez remarqué ? Je ne parle plus tellement de technologies à ce stade du billet.
Quand la technopédagogie devient pédagogie, la technologie est plus effacée mais toujours essentielle. Elle n’est plus le point de mire. Ce sont les apprentissages visés qui le deviennent.
Mais qu’on s’entende bien ici : le numérique est un puissant levier. Pour des conversations puissantes, comme le dit Ferriter.
Carpe diem !